I LUCIEN « DE LA TRADUCTION“, DE N. PERROT, SR D'ABLANCOURT. LE SONGE DE LUCIEN. Ce difcours eft fait par l'Auteur dans une Affem- "Ay o1s prés de quinze ans, & efté trop vafte; car je A ges il y a toûjours quelque chofe qu'on voudroit qu'il n'y fuft pas; auffi, dans les meilleurs Auteurs, il y a des endroits qu'il faut toucher ou éclaircir, particu lierement quand les chofes ne font faites que pour plaire Car alors on ne peut fouffrir le moindre défaut ; & pour peu qu'on manque de délicateffe, au lieu de divertir on ennuye. Je ne m'attache donc pas toûjours aux paroles ni aux penfées de cet Auteur ; & demeurant dans fon but, j'agence les chofes à noftre air & à noftre façon. Les divers temps veulent non feulement des paroles, mais des penfées differentes ; & les Ambassadeurs ont couftume de s'habiller à la mode du Païs où l'on les envoye, de peur d'eftre ridicules à ceux à qui ils taschent de plaire. Cependant, cela n'eft pas proprement Traduction, mais cela vaut mieux que la Traduction; & les Anciens ne traduifoient point autrement. C'eft ainfi que Terence en a ufé dans Sumptas les Comedies qu'il a prifes de Ménandre, de Græ- quoy qu'Aulu-Gelle ne laiffe pas de les ac verfas cis. Lib. 2. 6. 25. nommer des Traductions; mais il n'importe du nom, pourveu que nous ayons la chofe. Ciceron en a fait autant dans fes Offices, qui ne font prefque qu'une Verfion de Panétius: Et dans celles qu'il H que -le moins avoit faites des Oraifons de Demofthéne & d'Efquinés, il dit qu'il a travaillé, non pas en Interprete, mais en Orateur; qui eft la mefme chofe que j'ay à dire des Dialogues de Lucien, quoy que je ne me fois pas donné une égale liberté par tout. Il y a beaucoup d'endroits j'ay traduits mot à mot, pour autant qu'on le peut faire dans une Traduction élegante: Il y en a auffi où j'ay confideré plustoft ce qu'il falloit dire ou ce que je pouvois dire, que ce qu'il avoit dit, à l'exemple de Virgile dans ceux qu'il a pris d'Homere & de Theo- Partim crite. Mais je me fuis refferré prefque alia expar tout, fans defcendre dans le parti- preffit, culier, qui n'eft plus de ce temps-cy. Quo Je fçay bien pourtant que cela ne plaira Græcum å tout le monde, & principalement mirè pas ceux qui font idolâtres de toutes les quam paroles & de toutes les penfées des An- eft, verti ciens, & qui ne croyent pas qu'un Ou- autem vrage foit bon, dont l'Auteur est en- potuic core en vie. Car ces fortes de gens - là neque crieront comme ils faifoient du temps de Terence, reliquit &c. quidam fuave Reque debuit, Aulu Gell. Lib. C. Contaminari non decêre Fabulas 3.c.50 Qu'il ne faut point corrompre fon Auteur, ni rien alterer de fon fujet 5 mais je leur répondray avec luy, per Faciunt intelligendo, ut nihil intelligant, dent la Qui cùm hunc accufant, Nevium, Plau--tum, Ennium Taifon à force de raison Accufant, quos hic nofter authores habet, ner. Car Quorum amulari exoptat negligentiam, fant, ils Potius quam iftorum obfcuram diligen en l'accu accufent Les An ciens, tiam. Que cet obfcuram diligentiam dit bien qu'ils ont le défaut de ces Traductions fcrupuleupur gafes, dont il faut lire l'Original pour dont ils entendre la Verfion! rens " aiment mieux imiter la negligence, que l'obfcure exactitude des autres.. TABLE DES TRAITEZ OU DIALOGUES contenus dans le premier Tome LE Songe de Lucien, Pag. I Contre un homme qui l'avoit appellé Promethée, 12 Nigrinus, ou les mœurs d'un Philofophe, 18 Le fupplément du Jugement des Voyelles eft à la fin du troifiéme Volume. Timon, ou le Mifanthrope, L'Alcyon, ou la Metamorphofe, Promethée, ou le Caucafe, 40 69 734 DIALOGUES DES DIEUX, p. 86 Dialogue de Promethee & de Jupiter, Là-mefme.. |