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ple, qui les fit mettre dans une autre prifon, chargés AN. 429. de chaînes. Il les fit enfuite amener à fon prétoire ; & comme il ne fe préfenta point d'accufateur, il les renvoya par fes officiers à leur premiere prison. Enfin Neftorius les fit venir; & après une explication captieuse de fa doctrine, il les renvoïa.

c.

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Bafile & Thalaffius préfenterent une requête à 30. l'empereur en leur nom, & de tous les moines, où après avoir exposé toutes ces violences de Neftorius ils prient l'empereur de ne pas fouffrir que l'église foit corrompue de leur tems par les hérétiques. Ce n'est pas pour nous venger, ajoûtent-ils, Dieu le fçait; mais afin que la foi en Jesus-Chrift demeure inébranlable. Nous vous prions donc d'ordonner ici maintenant l'assemblée d'un concile œcumenique pour réunir l'églife, & rétablir la prédication de la vérité, avant que l'erreur s'étende plus loin. Que cependant il ne foit permis à Neftorius d'ufer ni de violence ni de menaces contre perfonne, jufqu'à ce que l'on ait reglé ce qui regarde la foi; & que ceux qui voudroient infulter aux Catholiques, foient réprimez par le préfet de Conftantinople. Que fi vous méprifez notre requête, nous proteftons devant le roi des fiécles, qui viendra juger les vivans & les morts, que nous fommes innocens des maux qui pourront arriver. Ils fe plaignent dans cette requête, que Neftorius n'emploie pas feulement pour fe défendre, fes clercs & fes fyncelles, mais encore quelques-uns des autres diocèfes, qui, fuivant les canons, devroient se tenir en repos dans les villes où ils ont été ordonnez. On appelloit fyncelles, les clercs qui étoient les plus attachez à l'évêque, & qui cou

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AN. 429.

VI.

Mémoire

les Pelagiens.

de

Ed. Garn. p. 5.

choient dans fa chambre pour être de fidéles témoins de la pureté de fes mœurs.

Marius Mercator donna vers le même tems un Mercator contre mémoire contre Celeftius, chef des Pelagiens, qui étoient à Constantinople. Il le donna à l'église de Conftantinople non pas à l'évêque, mais au clergé catholique, & à plufieurs perfonnes de piété : il le préfenta auffi à l'empereur Theodofe ; & l'ayant donné en grec, qui étoit la langue du païs, il le traduifit en latin, qui étoit fa langue naturelle. Il eft daté du confulat de Florent & de Denis, qui eft l'an 429. Mercator y rapporte fommairement ce qui s'étoit paffé à l'égard de Celeftius & de Pelage, depuis vingt ans, c'est-à-dire, depuis le commencement de leur héréfie. Il marque leurs erreurs, leur condamnation, leurs diverfes tentatives, & il conclut en ces termes: Pelage & Celeftius étant convaincus de ces erreurs fi impies, Julien & les autres qui font avec lui, doivent au moins à préfent les condamner pour fatisfaire à l'églife: & s'ils accufent quelqu'un d'avoir de mauvais fentimens contre la foi, ils doivent le défigner par fon nom: on leur répondra fuivant l'ordre de l'églife: car plufieurs de ceux qui étoient affociez à Julien, l'ont quitté pour condamner Pelage, & se foûmettre au fiége apoftolique; & renonçanr à leurs erreurs, ils ont été jugez dignes de miféricorde.

VII.

ftorius à Celeftin.

Neftorius ne tint pas grand compte de cette déclaLettre de Ne-ration qui ne s'adreffoit pas à lui, & ne le reconnoif1. part. Conc. foit point pour évêque: mais il prit occafion de ces Pelagiens qui étoient à Conftantinople, pour écrire au pape S. Celeftin, & tâcher de le prévenir en fa Ap. Mercat. Garn. faveur. Voici les termes de fa lettre : Julien, Florus,

Ephef. c. 16.

p. 60. part. 1.

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Oronce & Fabius, qui fe difent évêques d'Occident, AN. 429. fe font fouvent adreffez à l'empereur, fe plaignant de fouffrir perfécution, encore qu'ils foient catholiques: ils ont fait les mêmes plaintes devant nous ; & ayant fouvent été rejettez, ils ne ceffent de crier. Nous leur avons dit ce que nous pouvions, fans être inftruits de la vérité de leur affaire; mais de peur qu'ils n'importunent davantage l'empereur, & que nous ne nous divifions pour leur défenfe, faute de les connoître, quoique peut-être vous les ayez condamnez canoniquement, ayez la bonté de nous en informer: car les nouvelles fectes ne méritent aucune prote→ ction de la part des vrais pasteurs. Ce discours de Neftorius n'étoit pas fincere, & il ne pouvoit ignorer Sap. liv. XXIV. que les Pelagiens avoient été condamnez à Conftantinople par Atticus fon prédéceffeur, 8. ou 10. ans auparavant: auffi montre-t-il le vrai fujet de fa lettre en continuant ainfi :

De-là vient qu'ayant auffi trouvé en cette ville une altération confidérable de la vraie doctrine en quelques-uns, nous employons tous les jours pour les guérir la rigueur & la douceur. C'eft une maladie approchante de celle d'Apollinaire & d'Arius. Ils réduifent l'incarnation du Seigneur à une efpece de confusion, difant que le Dieu Verbe consubstantiel au Pere, a été édifié avec fon temple, & enfeveli avec fa chair, comme s'il avoit pris fon origine de la Vierge mere de Chrift Chriftotocos; & ils difent que la même chair n'eft pas demeurée après fa réfurrection, mais qu'elle a passé dans la nature de la divinité. Ils ne craignent pas de nommer la Vierge Theotocos; quoique les peres de Nicée aient dit feu

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12.25.

AN.430.

lement que que N. S. J. C. s'eft incarné du S. Efprit & de la Vierge Marie, fans parler des écritures, qui la nomment par-tout mere de Chrift & non du Dieu Verbe. Je croi que votre fainteté aura déja appris par la renommée les combats que nous avons foûtenus fur ce fujet, & qui n'ont pas été inutiles; car plufieurs fe font corrigez, & ont appris de nous, que l'enfant doit être confubftantiel à fa mere; qu'il n'y a aucun mêlange du Dieu Verbe avec l'homme; mais une union de la créature & de l'humanité du Seigneur, jointe à Dieu & tirée de la Vierge par le S. Efprit. Que fi quelqu'un emploie le nom de Theotocos à caufe de l'humanité jointe au Verbe, & non à caufe de celle qui l'a enfantée, nous disons que ce mot ne lui convient pas ; car une vraie mere doit être de la même nature que ce qui eft né d'elle. On peut toutefois le fouffrir à caufe que le temple du Verbe, inféparable de lui, eft tiré d'elle: non qu'elle foit mere du Verbe; car une perfonne ne peut enfanter celui Caleft. Frift. ad qui eft plus ancien qu'elle. Avec cette lettre, Nestorius envoya au pape fes écrits fur l'Incarnation, foufcrits de fa main, par un homme de qualité nommé

Cler.Conftant.

VIII. Seconde lettre

Neftorius.

Antiochus.

y

Vers ce tems-là S. Cyrille écrivit fa dix-huitiéme de S. Cyrille å lettre pascale pour l'année 430. où la Pâque étoit le 4. de Pharmouthi, c'eft-à-dire, le 30. de Mars. Il traite de l'Incarnation, & réfute au long les erreurs de Neftorius. Enfuite il reçut des lettres de fes clercs Féfidans à Conftantinople, particulierement du diacre Martyrius, qui y faifoit les affaires de l'église d'Alexandrie. Ils envoyerent à S. Cyrille la réponse que le prêtre Photius avoit faite à fa lettre aux folitaires,

&

& quelques nouveaux fermons de Neftorius. Ils lui apprirent auffi qui étoient ceux qui répandoient contre lui des calomnies à Conftantinople, & que les feAtateurs de Neftorius parloient de paix & de réconciliation. Sur ces avis faint Cyrille écrivit une feconde lettre à Neftorius, au mois de Mechir, indiction 13. c'eft-à-dire, vers le commencement de Fevrier 430. peut-être dans le concile qui fe tenoit, felon la coutume, avant le carême.

Dans cette lettre S. Cyrille marque d'abord qu'il est averti des calomnies que l'on répand contre lui, & qu'il en connoît les auteurs: mais fans s'y arrêter il vient à Neftorius, & l'exhorte comme fon frere à corriger fa doctrine, & à faire ceffer le scandale, en s'attachant à la doctrine des peres. Il entre enfuite dans l'explication du mystere de l'Incarnation, & dit, qu'il faut admettre dans le même Jefus-Chrift les deux générations; l'éternelle, par laquelle il procéde de fon pere; la temporelle, par laquelle il eft né de fa mere: que quand nous difons qu'il a fouffert, & qu'il est reffufcité, nous ne difons pas que le Dieu Verbe ait fouffert en fa propre nature; car la divinité est impaffible: mais parce que le corps qui lui a été fait propre, a fouffert, on dit auffi qu'il a fouffert lui-même. Nous disons ainfi qu'il eft mort. Le Verbe divin est immortel de fa nature, il eft la vie même : mais parce que fon propre corps a souffert la mort, on dit que lui-même eft mort pour nous. Ainfi fa chair étant reffufcitée, on lui attribue la réfurrection. Nous ne difons pas que nous adorons l'homme avec le Verbe; de peur que le mot avec ne donne quelque idée de divifion: mais nous l'adorons comme une feule & mêTome VI.

C

A N. 430.

Conc. Chalc. A&.

I. p. 158.

conc. Epb. p. 1.

Garn. p. 45.

c. 8. ap. Mercat.

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