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qu'Afterius, prêtre & notaire, l'avoit averti que les autres notaires avoient falfifié les actes. Cette procedure fut encore faite à la poursuite de Conftantin, procureur d'Eutychés.

I.

AN. 449.

Conc. Calced.

On obligea enfuite Flavien à donner fa confeffion Lib. brev. c. 11. de foi par ordre de l'empereur. Il y déclare qu'il fuit les conciles de Nicée, de Conftantinople & d'Ephefe; & qu'il reconnoît en Jefus-Christ deux natures après l'incarnation en une hypoftafe & une personne ; qu'il ne refuse pas même de dire une nature du Verbe divin, pourvû que l'on ajoûte incarnée & humanifée. Il anathématise tous ceux qui divifent Jesus-Christ en deux, & particulierement Neftorius.

XXXIV. Convocation

c. 47.

Cependant l'eunuque Chryfaphius, protecteur d'Eutychés, écrivit à Dioscore, évêque d'Alexan- d'un concile à drie, lui promettant de favorifer tous fes deffeins,ph. lib. XIV. s'il vouloit prendre la défense d'Eutychés, & attaquer Flavien & Eufebe de Dorylée. Il excita auffi l'imperatrice Eudocia à embraffer le même parti, principalement pour chagriner Pulcherie. Eutychés de fon côté, pria Diofcore de prendre connoif- Lib.brov. c. 1 zò fance de l'affaire, & d'examiner ce qui avoit été fait contre lui. Diofcore écrivit à l'empereur, qu'il falloit affembler un concile univerfel; & il l'obtint facilement, par les follicitations d'Eudocia & de Chryfaphius. Nous avons la lettre de convocation adreffée à Diofcore, donnée à Conftantinople le troifiéme des calendes d'Avril, après le confulat de Pofthumien & de Zenon, c'est-à-dire, le trentiéme de Mars 449. Elle porte: Que s'étant élevé quelques doutes fur la foi, qui troublent les ames, l'empereur a ordonné aux évêques de s'affembler. Vous donc

Conc. Calced

act. 1. p.99.

AN. 449. auffi, dit-il à Diofcore, vous prendrez avec vous dix métropolitains de votre dépendance, & dix autres évêques, pour vous trouver à Ephese le premier jour d'Août prochain. Il ne s'y trouvera point d'autres évêques, de peur d'embaraffer le concile ; & fi quelqu'un y manque, fa confcience en fera chargée. Quant à Theodoret, évêque de Cyr, à qui nous avons déja ordonné de ne s'occuper que de fon églife, nous lui défendons de venir au concile, jufques à ce que le concile affemblé le trouve à propos. L'empereur écrivit en la même forme aux autres évêques c'eft-à-dire, que chaque patriarche ou exarque devoit amener pareil nombre d'évêques de fa province.

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pag. 14. D.

pag. 105. A.

:

Le quinziéme de Mai fuivant, fut donnée une autre lettre de l'empereur, adreffée à Diofcore, portant: Nous avons appris que plufieurs archimandrites d'Orient, & les peuples catholiques, difputent avec chaleur contre quelques évêques, qui paffent pour Neftoriens c'eft pourquoi nous ordonnons que le très-pieux prêtre & archimandrite Barfumas fe trouvera à Ephese pour tenir la place de tous les archimandrites d'Orient, y prendre féance avec votre fainteté, & avec tous les peres. L'empereur écrivit auffi à Barfumas, lui attribuant d'avoir fouffert de grands travaux pour la foi, & lui donnant féance & voix dans le concile. C'étoit Eutychés & Diofcore qui lui procuroient cet honneur, pour exclure du concile les autres abbez qui ne leur étoient pas favorables.

Il y eut auffi deux laïques, deftinez pour affifter au concile, comme commiffaires de l'empereur, fçavoir, Elpide, comte du confiftoire, c'est-à-dire, confeiller d'état, & Euloge, tribun & notaire. Leur

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AN. 449.

Ibid. D.

commiffion les charge d'empêcher qu'il n'arrive du tumulte dans le concile; & fi quelqu'un y en excitoit, de le mettre en lieu de fûreté, & en avertir l'empereur. Ceux qui ont condamné Eutychés, doivent affifter au concile non en qualité de juges, mais de parties. Il ne fera permis d'agiter aucune autre affaire, avant celle de la foi. Proclus, proconful pag. 107. C. d'Afie, eut un ordre particulier de prêter main-forte aux deux commissaires, pour empêcher le défordre dans le concile. Il y eut encore une lettre générale Ibid. E. de l'empereur au concile, pour en marquer le fujet, qui eft de terminer la queftion de foi, émûe entre Flavien & Eutychés, & chaffer des églifes tous ceux qui tiennent ou favorifent l'erreur de Neftorius. Enfin il y eut une derniere lettre à Diofcore, par laquelle pag. 110. C. l'empereur lui donne la préfidence du concile; fçachant bien, ajoûte-t-il, que les faints archevêques Juvenal de Jerufalem, Thalaffius, & tous les zélez catholiques feront d'accord avec votre fainteté. Il écrivit en même forme à Juvenal de Jerusalem.

13. C. 4.

Le pape S. Leon fut auffi invité au concile avec les Leo. epift. 28. al. évêques d'Occident; mais il ne reçut la lettre de l'empereur, que le troifiéme des ides de Mai, c'eftà-dire le treiziéme. Il ne reftoit plus que deux mois & demi, jusques au premier d'Août, où devoit commencer le concile ; & la plus grande partie de ce tems fe feroit paffée à préparer le voyage des évêques, puisqu'il falloit tenir un concile à Rome, y nommer des députez, & leur donner leurs inftructions. Saint Leon fe contenta donc d'écrire diverses lettres, pour empêcher, s'il pouvoit, ce concile : ou du moins, faire en forte que la foi y fût confervée. Il écrivit Epift. 23. al. 9.

AN. 449. premièrement à l'empereur Theodofe, le vingt-cinquiéme de Mai, lui déclarant fon attachement pour la foi de Nicée: mais que comme il condamne Neftorius, il ne condamne pas moins ceux qui nient que Jefus-Chrift ait pris la vérité de notre chair, c'eft-àdire Eutychés. C'eft pourquoi il fupplie l'empereur de faire affembler un concile en Italie. Toutefois voyant qu'il ne pouvoit empêcher que le concile ne V. Quefn. not. fe tînt à Ephefe, il deftina pour y envoyer, Jules évêque de Pouzole, René prêtre du titre de S. Clement, Hilarus diacre & Dulcitius notaire, & les chargea de plufieurs lettres.

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39. ad ep. 24.

XXXV.

Lettre de faint

Epift. 25. al..10.

G.. 2.

La plus importante eft la lettre à Flavien évêque Leon à Flavien. de Conftantinople, où S. Leon explique à fonds ce qu'il faut croire fur le myftere de l'incarnation. Il y marque d'abord l'ignorance d'Eutychés, qui eft tombé dans l'erreur, faute d'avoir étudié l'écriture, & d'avoir même fait attention aux termes du fymbole, que fçavent tous les fidéles; car ils y difent qu'ils croient en Dieu le pere tout-puiffant, & en Jefus-Chrift fon Fils unique Notre-Seigneur, qui eft né du Saint-Efprit & de la vierge Marie. Ces trois articles, ajoûte faint Leon, fuffifent pour ruiner prefque toutes les machines des hérétiques; car en croyant que Dieu toutpuiffant & éternel, eft pere, on montre que fon Fils lui eft coéternel, confubftantiel, & entierement femblable. C'est le même Fils éternel du Pere éternel, qui eft né du Saint Efprit & de la vierge Marie. Cette génération temporelle n'a rien ôté, ni ajoûté à la génération éternelle ; mais elle a été employée toute *entiere à la réparation de l'homme, pour vaincre la mort & le démon: car nous n'aurions pâ furmonter

Rom. I. I.

l'auteur du péché & de la mort, fi celui-là n'avoit AN. 449. pris notre nature, & ne l'avoit fait fienne, qui ne pouvoit point être infecté, ni retenu par la mort. Il a donc été conçu du Saint-Efprit dans le fein de la Vierge fa mere, qui l'a enfanté comme elle l'avoit conçu, fans préjudice de fa virginité. S. Leon paffe enfuite aux preuves de l'écriture, & montre que le Verbe a pris une véritable chair: par l'évangile, qui le nomme fils Mattb. 1. 1 de David & d'Abraham: par S. Paul, qui dit qu'il a été fait du fang de David felon la chair : par la promeffe faite à Abraham, de bénir toutes les nations par fon Fils, expliquée par S. Paul, & appliquée à JefusChrift par les prophéties d'Ifaïe, touchant l'Emmanuel fils d'une vierge, & l'enfant qui eft né pour nous. D'où il conclut que Jefus-Christ n'a pas eu feulement la forme d'un homme; mais un corps vérita¬ ble tiré de fa mere. L'operation du Saint Efprit n'a pas empêché que la chair du Fils ne fût de même nature que celle de la mere, elle a feulement donné la fécondité à une vierge.

Gen. XII. 3.

Gal. 111. 8. Ifai. VII. 14. IX.

6.

Co 30

Donc l'une & l'autre nature demeurant en fon entier, a été unie à une perfonne, afin que le même médiateur pût mourir, demeurant d'ailleurs immortel & impaffible. Il a tout ce qui eft en nous, tout ce qu'il y a mis en nous créant, tout ce qu'il s'eft chargé de réparer; mais il n'a point ce que le trompeur y a mis: il a pris la forme d'efclave, fans la fouillure du péché. Une nature n'eft point alterée par l'autre : le même qui eft vrai Dieu eft vrai homme: il n'y a point de menfonge dans cette union: Dieu ne change point 6.4. par la grace qu'il nous fait: l'homme n'eft point confumé par la dignité qu'il reçoit: le Verbe & la chair

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