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AN. 45I.

pag. 227. E.

pag. 130.

n'a point été lûe, vû principalement qu'il avoit été ainfi ordonné. Diofcore dit : Les actes font voir, que j'ai ordonné deux fois d'en faire la lecture. Les magiftrats dirent: Pourquoi donc ne l'a-t-on pas fait? Diofcore dit: Qu'on le demande aux autres commiffaires. Les magiftrats dirent: Dites clairement, qui vous voulez qu'on interroge? Juvenal & Thalaffius, dit Diofcore. Répondez le premier, dirent les ma giftrats on les interrogera enfuite. Diofcore répondit: Je l'ai déja dit: j'ai ordonné deux fois cette lecture. Eufebe de Dorylée dit : Il ment. Les magiftrats interrogerent Juvenal, qui répondit: Jean prêtre & primicier des notaires dit auffi-tôt, qu'il avoit entre les mains une lettre de l'empereur, & je répondis qu'on la lût. Les magiftrats dirent: Après donc la lettre de l'empereur, a-t-on auffi lû celle de l'archevêque Leon? Juvenal dit: Ni le primicier des notai res, ni perfonne n'a plus dit, qu'il eût en main la lettre de l'archevêque de Rome. Les magiftrats interrogerent auffi Thalaffius, qui dit: Je ne fçais qu'une chofe, c'eft que je ne l'ai pas empêché, & que je n'avois pas affez d'autorité, pour ordonner feul cette lecture.

Sur un autre endroit des actes, les Orientaux s'écrierent: Nous n'avons point dit cela. Theodore de Claudiopolis dit, parlant de Diofcore: Qu'il faffe venir fes notaires; car il a chaffé tous les autres, & a fait écrire par les fiens. Les magiftrats dirent: De quelle main font écrits les actes? Diofcore dit: Chacun a fait écrire par fes notaires, les miens pour moi, ceux de Juvenal pour lui, ceux de Thalaffius pour lui : il y avoit des notaires de plufieurs autres évêques, qui écrivoient. Juvenal dit : J'avois un notaire, qui écri

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voit avec les autres. Thalaffius dit : J'en avois auffi un. Diofcore dit: Vous voyez que les miens n'étoient pas feuls. Eufebe de Dorylée dit: Je demande qu'Etienne évêque d'Ephese soit interrogé, comment fes notaires ont été traitez par ceux de Diofcore. Etienne interrogé par les magiftrats, dit: Mes notaires écrivoient: fçavoir, Julien, maintenant évêque de Lebede, & Crifpin diacre. Les notaires de Diofcore vinrent, effacerent leurs tables, & penferent leur rompre les doigts, en leur voulant arracher leurs écritoires. Je n'ai point eu de copie des actes, & je ne fçais ce qu'ils font de-. venus. De plus, le même jour que l'on fit l'examen, nous foufcrivîmes un papier, & les évêques qui n'avoient pas foufcrit, foufcrivirent le lendemain fur ma parole. Eufebe demanda qu'Etienne déclarât fur quel papier ils avoient foufcrit. Etienne dit : Sur un papier blanc : car à la même heure que la condamnation fue faite, on fit auffi la foufcription. Acace évêque d'Ariarathie ajoûta : Nous avons foufcrit un papier blanc, forcez & violentez, & après avoir fouffert mille maux. On nous retint jusques au foir enfermez dans l'églife. Malades que nous étions, on ne nous laiffoit pas refpirer: on fit venir des moines & des foldats avec des bâtons & des épées.

AN. 45.

VI. Erreur d'Eu

Sur la confeffion de foi d'Eutychés, inférée dans le concile d'Ephefe, il y eut plufieurs interruptions, tychés. entre autres celle-ci. Eutychés anathématifoit tous les hérétiques, qui difoient que la chair de Jefus-Chrift étoit defcendue du ciel. Sur quoi Eufebe de Dorylée dit: Il a bien évité de dire, qu'elle eft venue du ciel, pag. 138. mais il n'a pas ajoûté d'où elle eft venue. Diogene. de Cyzique dit: Par votre grandeur, nous l'avons in

AN.451. terpellé, en difant: Seigneur Eutychés, d'où vientelle donc? dites; & il n'a pas voulu répondre. Bafile de Seleucie dit: Nous l'avons interpellé de dire la maniere de l'incarnation: fi le Verbe eft devenu homme par une chair qu'il ait prife; & ils nous dirent de ne pas rechercher cela, & ne reçurent point notre fommation. Diofcore dit: Si Eutychés a d'autres fentimens que ceux de l'églife, il eft digne du feu. Je ne me foucie que de la foi catholique, & non d'au cun homme: Je ne regarde que Dieu & mon ame. Bafile de Seleucie ajoûta enfuite: Eutychés interrogé par l'évêque Eufebe, s'il reconnoiffoit deux natures en Jefus-Chrift, dit: qu'il reconnoiffoit deux natures avant l'union, mais une feule après l'union. Alors je lui dis : Si vous n'admettez après l'union deux natures, ni féparées ni confufes, vous admettez confufion & mélange. Mais fi au lieu de dire fimplement une nature, vous ajoûtez incarnée & humanifée, vous penfez comme S. Cyrille, & vous dites la même chofe que nous: car il eft clair que fa divinité, qu'il tient de son Pere, est autre chose que fon humanité, qu'il tient de fa mere.

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pag. 139. B.

pag. 142.

Les magiftrats dirent: Après avoir foûtenu une doctrine fi orthodoxe, pourquoi avez-vous foufcrit à la dépofition de Flavien ? Bafile de Seleucie répondit: J'étois livré au jugement de cent vingt ou trente évêques; il a bien fallu fuivre leur décifion. Et comme Diofcore lui faifoit des reproches, il ajoûta: Si c'eût été devant des magiftrats, j'aurois fouffert le martyre: mais un fils jugé par fon pere, n'a point de défense. Les Orientaux & les évêques de leur côté s'écrierent: Nous avons tous failli, nous demandons tous pardon; ce qu'ils repeterent trois fois.

Eusebe de Dorylée fe plaignit enfuite, qu'on ne AN. 451. l'avoit point fait entrer au concile d'Ephefe, quoique pag. 146. Flavien l'eût demandé. Les magiftrats en demanderent la raison. Diofcore & Juvenal s'excuferent fur le comte Elpide, qui l'avoit empêché par ordre de l'empereur. Les magiftrats dirent: Ce n'est pas-là une excufe, quand il s'agit de la foi. Diofcore dit : Puifque vous m'accufez d'avoir violé les canons; comment les a-t-on obfervez maintenant en faifant entrer Theodoret ? Les magiftrats dirent: L'évêque Theodoret eft entré comme accufateur; vous l'avez oui de fa bouche. Pourquoi donc, dit Diofcore, eft-il affis au rang d'évêque ? Les magistrats dirent : L'évêque Eufebe & l'évêque Theodoret font affis au rang d'accufateurs, comme vous êtes affis au rang d'accufé. Qu'on life le refte. On lut les actes du concile de Conftantinople fous Flavien, inferez en celui d'E- pag. 150. E. phese.

VII. Doctrine de

Quand on vint à la lecture de la lettre de S. Cyrille à Jean d'Antioche, les évêques d'Illyrie s'écrie- s. Cyrille. rent: Nous croyons comme Cyrille. La mémoire de Cyrille eft éternelle. Theodoret dit : Anathême à qui reconnoît deux fils. Nous n'en adorons qu'un, N. S. pag. 171. D. Jesus-Christ le Fils unique. Tous les évêques s'écrierent: Nous croyons comme Cyrille; anathême à quine. croit pas ainfi. Les Orientaux s'écrierent Flavien croyoit ainfi ; c'eft ce qu'il a défendu ; c'est pour cela qu'il a été dépofé. Eusebe a dépofé Neftorius; Diofcore a bleffé la foi. Ils vouloient dire qu'Eufebe avoit été le premier accufateur de Neftorius. Les Egyptiens crierent: Dieu a dépofé Neftorius. Les Orientaux crierent: Leon croit ainfi, Anatolius croit ainsi,

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AN. 451.

pag. 174.

page 175.

Les Egyptiens crierent: Nous croyons tous ainfi. Et après plufieurs acclamations femblables de part & d'autre, les magiftrats dirent: Et comment donc avezvous reçû Eutychés qui difoit le contraire, & dépofé Flavien & Eufebe, qui foûtenoient cette vérité? Diof core dit: Les actes le feront voir.

On lut la remontrance d'Euftathe évêque de Beryte, qui pour montrer que S. Cyrille s'étoit expliqué luimême dans d'autres écrits, cita les lettres à Acace de Melitine, à Valerien d'Icone, & à Succeffus de Diocefarée en Ifaurie, où il dit qu'en Jefus-Chrift il n'y a qu'une nature du Verbe incarné. A cette lecture, les évêques Orientaux s'écrierent: C'eft ce que dit Eutychés, c'eft ce que dit Diofcore; voulant dire qu'Eutychés & Diofcore attribuoient leurs erreurs à S. Cyrille Diofcore dit : Nous ne difons ni confufion, ni divifion, ni changement; anathême à qui dit confufion, ou changement, ou mélange. Les magiftrats dirent: Que le faint concile dife, fi la remontrance d'Euftathe s'accorde aux lettres canoniques de Cyrille.

Mais avant que le concile répondit, Euftathe s'avança dans le milieu ; & jettant un livre, dit : Si j'ai mal dit, voilà le livre de Cyrille; qu'on l'anathéma tife & moi auffi. Les Egyptiens s'écrierent: Euftathe a bien dit, il eft orthodoxe. Euftathe récita par cœur ce paffage de S. Cyrille : Il ne faut donc pas entendredeux natures; mais une nature du Verbe incarné. Puis il ajoûta: Anathême à qui dit, une nature, pour que la chair de Jefus-Chrift nous foit confubftantielle; & anathême à qui dit deux natures, pour viler le Fils de Dieu. Je veux auffi parler pour le bien

nier

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