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AN. 429.

les ont inftruits n'ont pas eu le tems de le faire exaêtement. Il continua de proposer ses erreurs fur la perfonne du fils de Dieu, prétendant que l'écriture ne le nomme jamais Dieu, quand il s'agit de fa naiffance temporelle ou de fa mort, mais feulement Chrift, Fils ou Seigneur. On croit que ce fut alors qu'Eufebe, avocat à Conftantinople fimple laïc, mais très-vertueux & très-bien inftruit de la religion, s'éleva Cyr. lib. I. cont. contre Neftorius en pleine Eglife, & enflammé de Neft. ƒ.20. E. zéle, dit à haute voix : C'est le Verbe éternel luimême qui a fubi la feconde naissance felon la chair, & d'une femme. Le peuple s'émut; la plupart & les mieux inftruits donnerent de grandes louanges à Eufebe les autres s'emporterent contre lui: Neftorius Ed. Garn. p. 11. les foûtint, & déclama contre Eufebe dans un troifiéme fermon prononcé quelque tems après au commencement de Janvier 429. & peut-être le jour de l'Epiphanie: où fous prétexte de combattre les Ariens & les Macedonions, il attaque en effet la doctrine Catholique, foûtenant toujours qu'on ne doit pas dire que le Verbe divin foit né de Marie, ou qu'il foit mort, mais feulement l'homme en qui étoit le Verbe.

II.

Oppofition des

I.

part. Cons. Eph.c. 13.

L'avocat Eusebe, qui fut depuis évêque de Dorylée, dressa alors une proteftation en ces termes : Je Catholiques. conjure par la fainte Trinité celui qui prendra ce papier, de le faire connoître aux évêques, aux prêtres, aux diacres, aux lecteurs, aux laïcs qui demeurent à Conftantinople & de leur en donner copie, pour la conviction de l'hérétique Neftorius, qui eft dans les fentimens de Paul de Samofate, anathématisé il y a 160 ans par les évêques Catholiques. Enfuite il fait

AN. 429.

carnat. C. 3.

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Te parallele de la doctrine de l'un & de l'autre, rap portant leurs propres paroles, & montre que Neftorius foûtient comme Paul, qu'autre eft le Verbe autre eft J. C. & non pas un feul, comme enseigne Caff. vi. de in- la foi Catholique. A quoi il oppofe le fymbole qui étoit en ufage à Antioche, un peu différent quant aux paroles de celui de C. P. dont nous nous fervons Edit. Garn. p. 17. mais le même quant au sens. Il rapporte auffi l'autorité de S. Euftathe, évêque d'Antioche, qui avoit affifté au concile de Nicée: le tout pour montrer que Neftor rius n'a pas fuivi la tradition de cette églife, où il a été élevé, Vers le même tems, Marius Mercator, qui étoit alors à C. P. publia une lettre adreffée à tous les fidéles, où il fait auffi le parallele de la doctrine de Neftorius & de Paul de Samofate, montrant les convenances & les différences. On croit que ces piéces parurent dans le même mois de Janvier. L'hiftoSoc. VII. c. 32. rien Socrate, qui étoit à Conftantinople dans le même tems, dit que par la lecture des écrits de Neftorius, & la converfation de fes fectateurs, il trouve qu'il n'étoit point dans l'erreur de Paul ni de Photin, puifqu'il reconnoiffoit en J. C. l'hypostase du Verbe divin; mais, dit-il, il avoit peur du mot de Theotocos comme d'un phantôme, & cela lui arriva par fon extrême ignorance: car comme il étoit naturellement éloquent, il fe croïoit favant, quoiqu'il ne le fût pas en effet, & dédaignoit d'étudier les livres des anciens interprêtes de l'écriture, enflé fa facilité de parpar ler, & s'eftimant au-deffus de tous les autres. Ce font les paroles de Socrate, qui montre enfuite qu'Origene & Eufebe de Pamphile s'étoient fervis du mot de Theotocos, & en rapporte les paffages.

par

,

73.

Plufieurs commencerent dès-lors à fe féparer de la AN. 429. communion de Neftorius, à le traiter d'hérétique, & parler librement contre lui. Il y en eut même qui menacerent de le jetter dans la mer. C'eft la perfé- Ed. Garn. 1. part. cution dont il fe plaint dans un fermon qu'il pro- P. 76. nonça au commencement du carême de cette année 429. où il parle de la peine du péché de nos premiers parens, conformément à la doctrine Catholique, & contre les erreurs des Pelagiens ; & toutefois Praf. Mercat. p. c'étoit en préfence de Julien, & des autres Pelagiens réfugiez à C. P. que Nestorius traitoit bien d'ailleurs, & dont il fe déclaroit le protecteur. Celeftius après être retourné à Rome vers l'an 424. avoit été chaffé d'Italie par ordre du pape Celestin, & étoit venu à Epift. Neft. ad C. P. avec Julien d'Eclane, Florus, Oronce & Fabius, tous évêques dépofez & chafsez d'Occident pour leur héréfie. Ils fe plaignirent à l'empereur & à Neftorius, comme étant des Catholiques perfécutez injustement. Neftorius les entretenoit dans l'espérance de les faire rétablir, & ne laiffoit pas de prêcher contre eux en leur préfence, foit qu'ils lui euffent déguisé leur doctrine, ou par quelque autre raifon. Nous avons trois de ces fermons, qui parlent affez Ap. Mercat. correctement du péché originel. Les deux premiers font fur l'hiftoire de la création de l'homme que l'on lifoit au commencement du carême; le troifiéme fur

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Cæleft.

la tentation de J. C. Nous avons ce dernier entier en Tom. 7. S. Chryf. grec mais il ne nous refte des autres que la tradu- Gr. p. 301. ction, ou plutôt les extraits de Mercator.

1. p. conc. Eph.

Proclus évêque titulaire de Cyzique, qui faifoit feu- Sup. XXIV. n. 44. lement les fonctions de Prêtre à Conftantinople, y pro- c. I. nonça en ce même tems un fermon fur l'Incarnation Ap. Mercat. Garn,

8.219.

AN. 429. à une grande fête : c'est-à-dire, comme l'on croit, le

Part.

ferm. 4.

2.

jour de l'Annonciation 25. de Mars. Il y établit hautement la doctrine catholique, que le fils de Marie n'eft pas un pur homme, mais vraiment Dieu; qu'il → eft vrai de dire que Dieu a fouffert, & qu'il eft mort: que la fainte Vierge doit être nommée proprement →mere de Dieu Theotocos, fans que ce nom donne matiere de risée aux Gentils, ni de calomnie aux Ariens. Neftorius qui étoit préfent, fut extrêmement choqué de ce difcours ; d'autant plus qu'étant fort élégant, il avoit attiré de grands applaudiffemens. Il y répondit fur le champ: car c'étoit l'ufage, que quand un prêtre ou un autre évêque avoit parlé dans l'église en préfence de l'évêque, il ajoûtât auffi quelque paAp role d'inftruction. Neftorius foûtient donc en ce ferMerc. Garn. p.27. 'mon que l'on ne doit point dire fimplement, Dieu eft né de Marie: mais, Dieu le verbe du pere étoit joint à celui qui eft né de Marie. Je ne puis fouffrir, ajoûtet-il, que l'on dife que Dieu a été fait pontife: ce que Proclus avoit dit en paffant. Neftorius foûtient que c'eft l'homme, & non pas le verbe Dieu qui eft reffufcité, & qu'il faut diftinguer le temple du Dieu qui y habite. C'eft, dit-il, une calomnie groffiere de m'imputer l'erreur de Photin. Il donne pour commencement au verbe divin l'enfantement de Marie ; & moi je dis que le Dieu verbe exifte toujours avant 4. Mrs. Garn. les fiécles. Neftorius avoue toutefois qu'il paroît conferm. 5. 6. 7. P. traire aux autres docteurs de l'Eglife. Il fit trois autres fermons contre celui de Proclus; mais il l'attaque toujours fans le nommer. Il s'adresse à Arius, à Apollinaire, & aux autres hérétiques.

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ข. ..

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Lettre de faint Cyrille aux foli

taires.

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livre où ils étoient rangés par ordre avec des chifres, AN. 429. & tout ce qui pouvoit fervir à les faire retenir. Ils fe répandirent bientôt dans toutes les provinces d'Orient &d'Occident, & furent portez jufques à Rome; mais

mon. p. conc. Eph.

C. 2.

Epift. ad Neft. Ep. ad Cal.

ibid. c. 6.

fans nom d'auteur. On les fema dans les monafteres Cyr. in Neft. 1. d'Egypte, & ils y exciterent des difputes. Saint Cy-Cyrill. Epift. ad rille évêque d'Alexandrie en fut averti par quelques moines, qui vinrent le trouver, fuivant la coûtume, apparemment pour célébrer avec lui quelque fête. Il apprit d'eux que ces fermons ébranloient les efprits légers; en forte que quelques-uns ne pouvoient prefque plus fouffrir que J. C. fût reconnu pour Dieu, & vouloient qu'il ne fût qu'un inftrument de la divinité, ou un vafe qui la portoit, Theophoros.

ibid. c. 14.

S. Cyrille craignant donc que l'erreur ne prît racine, écrivit une lettre générale aux moines d'Egypte, où il dit: Qu'ils auroient mieux fait de s'ab- Epift. ad mon.n. 3. ftenir entiérement de ces queftions fi difficiles, &

que

ce qu'il leur en écrit, n'eft pas pour entretenir leurs
difputes; mais pour leur donner de quoi défendre la
vérité. J'admire, dit-il, comment on peut mettre en
doute fi la fainte Vierge doit être appellée mere de
Dieu. Car fi N. S. J. C. eft Dieu, comment la fainte
Vierge fa mere n'eft-elle pas mere de Dieu? C'est la
foi
que les Apôtres nous ont enfeignée, quoiqu'ils
n'aient pas ufé de ce mot: c'eft la doctrine de nos
peres, entr'autres d'Athanafe d'heureuse mémoire,
& il en rapporte deux paffages. Il prouve enfuite que
celui qui eft né de la fainte Vierge, eft Dieu par
nature, puifque le fymbole de Nicée dit, que le Fils
unique de Dieu engendré de fa fubftance, est lui-
même defcendu du Ciel, & s'eft incarné. Il ajoûte:

11.4.

Athan, or. III.

in Ar. n. 29. 33.

cr. #. 54

n. 6.9.

22.12.

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