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Joan. X. 12.

22. 2.

12. 8.

perfécutions, où l'on peut gagner le martyre, com AN. 430 bien plus dans les incurfions des barbares, où il n'y a Epift. 228. n. 6. que des fouffrances fteriles? S. Augustin répondit par une grande lettre où il donne des regles pour fe conduire en de telles occafions. A cette parole de JefusChrift il oppofe ce qu'il dit, que le mercenaire s'enfuit quand il voit venir le loup; & ajoute que pour accorder ces deux autoritez, il faut dire, que quand le péril eft commun, les pasteurs & les miniftres de l'église ne doivent point abandonner le troupeau. Leur miniftere lui est toujours néceffaire, & particulierement en ces tems d'affliction, où le peuple a befoin d'être confolé & fortifié, où le péril preffant fait courir à l'églife toutes fortes de perfonnes, pour demander le baptême, la réconciliation, ou du moins la pénitence. Alors fi les miniftres manquent, quel malheur pour ceux qui fortent de ce monde fans être régenerez, ou déliez? Quels reproches contre les miniftres abfens ? Il faut craindre ces maux fpirituels plus que tous les -maux temporels, plus que la mort & les tourmens. Car le premier devoir du pafteur, eft de donner au troupeau la nourriture néceffaire; & il ne doit pas en l'abandonnant commettre un mal certain par la crainte des maux incertains.

N. 7.

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Que fi les perfécuteurs cherchent le pafteur en particulier, & qu'il y ait d'autres miniftres fuffifans pour le besoin du troupeau, c'eft le cas de s'enfuir, comme fit S. Paul à Damas, comme S. Athanafe. Que fi tout le troupeau s'enfuit, alors le pafteur doit fuivre, puifqu'il ne demeuroit que pour le troupeau. Il peut auffi fe retirer, quand il n'a plus de troupeau, comme il étoit arrivé à quelques évêques d'Espagne, dont le

peuple

1. 10.

12. IIS

peuple avoit été tué, confumé dans les villes affiégées, AN. 430. difperfé ou emmené en captivité. Quelques miniftres peuvent auffi fe réferver pour le fervice de l'églife, quand il y en a d'autres pour suppléer à leur défaut : mais ils ne doivent pas aifément craindre de périr plutôt que les laïques, ni fe perfuader qu'ils font plus néceffaires que les autres eccléfiaftiques, puifque ce feroit lâcheté ou préfomption. Que fi tous veulent demeurer, quoique l'on juge néceffaire que quelquesuns fe retirent, le fort en doit décider. Et fi l'on craint 7.13 que tous les miniftres demeurant ne donnent trop de confiance aux laïques, ils doivent les avertir qu'ils ne demeurent que pour eux. C'eft ainfi que S. Auguftin encourageoit fes confreres.

N. IZ.

XXVI. Mort de S. Au

guftin.

Hippone fut bien-tôt affiegée par les Vandales, parce que le comte Boniface, qui leur faifoit alors la gui guerre, s'étoit enfermé dedans avec les Goths alliez des Romains. Le fiége dura près de quatorze mois, & les Vandales ôterent aux affiégez la communication de la mer. Poffidius & plufieurs autres évêques du voi- Poffid. c. 29 finage s'y étoient réfugiez; & comme ils étoient un jour à table, S. Auguftin leur dit : Sçachez que pendant le tems de cette calamité, je prie Dieu, ou qu'il délivre cette ville des ennemis qui l'environnent, ou s'il en a difpofé autrement, qu'il donne à fes ferviteurs la force de fouffrir fa volonté, ou du moins qu'il me retire de ce monde. Ils fe joignirent avec lui depuis ce tems-là, pour faire tous à Dieu cette priere. Il prêcha dans l'église avec toute la force de fon efprit & de fon courage, jufques à fa derniere maladie..

Ce fut une fiévre qui lui prit le troifiéme mois du Liége. Il pratiqua.ce qu'il avoit coûtume de dire à fes Tome V1.

G

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AN. 430.

amis: Que perfonne après avoir reçu le baptême ne doit fortir de la vie fans pénitence, même les chrétiens les plus vertueux, même les évêques. Il fit donc écrire les pfeaumes de la pénitence, qui font en petit nombre, dit Poffidius: apparemment les fept que nous nommons encore ainfi : il les fit attacher contre la muraille, près de fon lit, & les lifoit, en verfant continuellement des larmes. De peur d'être détourné de ce pieux exercice, environ dix jours avant fa mort, il demanda à ceux qui étoient auprès de lui, de ne laiffer entrer perfonne dans fa chambre, qu'aux heures que les medecins venoient le vifiter, ou qu'on lui apportoit de la nourriture: ce qui fut exécuté. Ainfi il paffa tout ce tems en oraison. Il mourut avec une entiere connoiffance, fans que fa vûë ou fon oüye fût affoiblie, en présence de fes amis, qui prioient avec lui, ayant vécu foixante & feize ans, dont il avoit Profp. Chron. eod. paffé environ quarante dans la cléricature. Le jour de fa mort fut le cinquiéme des calendes de septembre, fous le treiziéme confulat de Théodose, & le troifiéme de Valentinien: c'est-à-dire l'an 430. le 28. d'Août, jour auquel l'église honore encore fa mémoire. A fes funerailles on offrit à Dieu le facrifice, en présence des évêques. Il ne fit point de teftament, parce qu'il étoit fi pauvre, qu'il n'avoit pas de quoi en faire; mais il recommandoit toûjours de conferver avec grand foin la bibliotheque, & tous les livres de fon église. Nous apprenons toutes ces particularitez de Poffidius, qui avoit vêcu familierement avec lui près de quarante ans.

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Il raconte auffi fes miracles. Je fçai, dit-il, qu'étant prêtre & étant évêque, comme on le preffa de re

AN. 430

commander à Dieu des poffedez, il pria avec larmes, & les démons fe retirerent. Je fçai qu'étant malade & au lit, quelqu'un le vint trouver avec un malade, & le pria de lui imposer les mains pour le guérir. Il dit: Si j'avois quelque pouvoir fur les maladies, je me guérirois le premier. L'autre répondit, Il m'a été dit en fonge: Vas trouver l'évêque Auguftin; qu'il impofe la main à ce malade, & il fera guéri. Hlle fit fans plus differer, & auffi-tôt le malade se retira en fanté. Le mê- Vita c. 18. Indis. me Poffidius nous a laiffé un catalogue des ouvrages de S. Augustin, tant des livres, que des fermons & des lettres, où il en compte où il en compte mille trente, avoüant

toutefois qu'il n'a pû tout compter. Il s'y en trouve plufieurs que nous n'avons pas.

Pofid.

XXVII.
S. Alexandre

Vita Boll. 15%

Vers le même tems mourut près de Conftantinople, S. Alexandre, fondateur du fameux inftitut des fondateur des AAcemetes. Il nâquit dans l'Afie-mineure, d'une famil- cemetes. le noble, & étudia à Conftantinople, puis il eut une Jan. charge dans le palais de l'Empereur: il reconnut bientôt la vanité du fiécle, & la lecture de l'écriture fainte l'en dégoûta davantage. Il quitta fon emploi, diftribua fon bien aux pauvres, & alla en Syrie, où il embrassa la vie monaftique, fous la conduite d'un abbé nommé Elie, dont la réputation l'avoit attiré. Après y avoir demeuré quatre ans, il fe retira dans le défert, à l'exemple du prophéte Elie, & y demeura fept ans. Il convertit Rabbula gouverneur d'une ville voifine, & plufieurs autres païens. Ils vouloient l'avoir pour évêque, & comme ils gardoient les portes de la ville, Alexandre fe fit defcendre la nuit par la muraille dans une corbeille. Rabbula étant converti, mit en Liberté fes efclaves, donna fes biens aux pauvres, &

fe retira dans la folitude, où il mena la vie d'anacho AN. 430. rete. Mais il en fut tiré depuis pour être évêque d'Edeffe métropole de Mefopotamie. Sa femme fe confacra à Dieu de fon côté, & bâtit un monaftere, où elle s'enferma avec fes filles & fes fervantes, & y finit faintement fes jours.

Alexandre s'étant fauvé de la ville où on vouloit le faire évêque, & ayant marché deux jours dans le défert, se trouva dans un lieu qui fervoit de retraite à trente voleurs. Il demanda à Dieu leurs ames; le capitaine se convertit le premier, & mourut huit jours après fon baptême. Les autres ayant auffi été baptifez, firent un monaftere de leur caverne, fous la conduite d'un fupérieur qu'Alexandre leur donna.

Les ayant quittez, il bâtit un monaftere fur le bord de l'Euphrate, & demanda à Dieu pendant trois ans d'y pouvoir établir une pfalmodie continuelle. Sa communauté s'accrut tellement, qu'il eut jufques à quatre cens moines de différentes nations: des Syriens naturels du païs, des Grecs, des Latins, des Egyptiens. Il les divifa en plufieurs choeurs, qui fe fuccedant les uns aux autres, célebroient continuellement l'office divin; & c'est le premier exemple de cette pratique. Ces moines de S. Alexandre observoient une exacte pauvreté : chacun n'avoit qu'une tunique, & ne fe fourniffoit de vivres que pour chaque jour. S'il en restoit, on les donnoit aux pauvres, fans rien garder pour le lendemain.

Après avoir demeuré vingt ans dans ce monaftere. fur l'Euphrate, il deftina foixante & dix de fes difciples pour aller prêcher la foi aux gentils : il en choifit cent cinquante pour le fuivre dans le défert : &

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