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AN.

43I.

Juillett

gnifier l'excommunication. Car le concile apprit que l'on avoit affiché en un certain quartier de la ville un écrit fans nom & fans foufcription, qui contenoit la sentence de Jean contre Cyrille, Memnon & tout le concile. Il alloit tous les jours folliciter le confeil public de la ville d'Ephese & les magistrats, afin d'obtenir un décret, pour ordonner un autre évêque à la place de Memnon; mais les habitans de la ville, qui étoient tous catholiques, fe faifirent des églises, & y demeuroient, de peur que Jean n'exécutât ce qu'il avoit proposé. Il vint même à l'église de S. Jean l'Evangélifte, après avoir fignifié qu'il y alloit faire l'ordination; le peuple lui réfifta, & comme il y avoit amené des gens armez, il y eut une fédition, dans laquelle quelques-uns des pauvres de cette églife furent laiffez demi-morts. Tout cela paroît par la lettre de Memnon, qui finit en priant le clergé de Conftantinople de publier les violences de Jean, & de ceux qui étoient avec lui, & d'obtenir que l'on fit retirer d'Ephese les comtes Candidien & Irenée qui n'y faifoient que du trouble. Irenée fe retira de lui-même, car les fchifmatiques l'envoyerent à Conftantinople pour agir plus efficacement en leur faveur: ils le chargerent d'une autre lettre & d'une autre relation contenant les mêmes calomnies contre Cyrille & Memnon, & tendant à faire transferer ailleurs le Cone. Ephef. p. concile. La lettre porte créance pour le comte Irenée. Cependant les légats du faint fiége arriverent à Arrivée des lé Ephefe; & auffi-tôt on tint la feconde feffion du conConc. Ephef. P. cile, dans la maison épiscopale de Memnon : felon les Romains le fixiéme des ides de Juillet, felon les Egyptiens le feizième d'Epiphi, c'est-à-dire le dixié

713. E.

XLVII.

gats du pape.

610.

10. Juillet.

me de Juillet de la même année 431. S. Cyrille pré- AN. 43 F. fidoit toujours comme tenant la place du pape. Juvenal de Jérufalem, Memnon d'Ephefe, Flavien de Philippes vicaire de Rufus de Theffalonique, Theodote d'Ancyre, Firmus de Cappadoce, & tous les autres évêques y affiftoient, & le diacre de Carthage Beffula. On fit entrer & affeoir avec eux les députez d'Occident, qui étoient trois; deux évêques, Arcade & Projectus, & Philippe prêtre. Il parla le pre- p. 611. mier, & dit : Nous rendons graces à l'adorable Trinité, de nous avoir fait venir à votre fainte assemblée. Il y a long-tems que notre pere Celeftin a porté fon jugement fur cette affaire, par fes lettres au faint évêque Cyrille, qui vous ont été montrées; maintenant il vous en envoie d'autres, que nous vous repréfentons; faites-les lire & inférer aux actes eccléfiaftiques. Les deux évêques députez, Arcade & Projectus, demanderent la même chofe ; & comme tous les trois parloient en latin, on expliquoit ce qu'ils difoient en grec, qui étoit la langue du concile. S. Cyrille ordonna de lire la lettre de S. Celeftin ; & Sirice notaire de l'église Romaine la lut en latin. Juvenal évêque de Jérufalem demanda qu'elle fût inférée dans les actes. Tous les évêques demanderent qu'elle fût traduite & lâe en grec. Le prêtre Philippe dit : On a fatisfait à la coutume, qui eft de lire d'abord en latin les lettres du fiége apoftolique; mais nous avons eu foin de faire traduire celle-ci en grec. Les évêques Arcade & Projectus ajoûterent la raifon, parce que plufieurs évêques n'entendoient pas le latin. Pierre prêtre d'Alexandrie lut donc la traduction grecque de la lettre du pape S. Celeftin.

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AN. 43 I.

A&. xv.

Luc. X. 16.

Elle commence ainfi : L'affemblée des évêques té10. Juillet. moigne la présence du S. Efprit; car le concile est faint par la vénération qui lui eft dûe, comme représentant la nombreuse affemblée des apôtres. Jamais leur maître, qu'ils avoient ordre de prêcher, ne les a abandonnez. C'étoit lui-même qui enfeignoit, lui qui leur avoit dit ce qu'ils devoient enseigner, & qui avoit affuré qu'on l'écoutoit en fes apôtres. Cette charge d'enseigner, eft venue également à tous les évêques : nous y fommes tous engagez par un droit héréditaire, nous qui annonçons à leur place le nom du Seigneur en divers pays du monde, fuivant ce qui Matth. xxvIII. leur a été dit: Allez, inftruisez toutes les nations. Vous devez remarquer, mes freres, que nous avons reçû un ordre général, & qu'il a voulu que nous l'exécutions tous en nous chargeant tous également de ce devoir. Nous devons tous entrer dans les travaux de ceux à qui nous avons tous fuccedé en dignité.

19.

Le pape S. Celeftin reconnoît par ces paroles, que c'eft Jefus-Chrift même qui a établi les évêques pour docteurs de fon église en la perfonne des apôtres; il fe met lui-même en leur rang, & déclare qu'ils doivent concourir tous ensemble à conferver le pieux dépôt de la doctrine apoftolique. C'est à quoi tend le refte de la lettre : & il y emploie la confidération du lieu où ils font affemblez; la ville d'Ephese où S. Paul & S. Jean avoient annoncé l'EConc. Ephef. p. Vangile. S. Jean, dit la lettre, dont vous honorez les reliques préfentes. Elle porte créance pour les évêques Arcade & Projectus, & le prêtre Philippe, qui affifteront, dit-elle, à ce qui fe fait, & exécuteront ce que nous avons déja ordonné. La date eft du hui

615. D.

tiéme des ides de Mai, qui eft le huitiéme du même mois, la même année 431.

Après cette lecture, tous les évêques s'écrierent: Ce jugement eft juste. A Celestin nouveau Paul : à Cyrille nouveau Paul : à Celestin confervateur de la foi: à Celeftin qui s'accorde avec le concile : tout le concile rend graces à Celestin. Un Celestin, un Cyrille, une foi du concile, une foi de toute la terre. L'évêque Projectus dit: Confiderez la forme de la lettre du pape : il ne prétend pas vous inftruire comme des ignorans ; mais vous rappeller ce que vous fçavez, afin que vous exécutiez ce qu'il a jugé il y a longtems. Firmus de Cappadoce, dit: Le faint fiége de Celestin a déja reglé l'affaire, & donné fa sentence, par les lettres adreffées à Cyrille d'Alexandrie, à Juvenal de Jérufalem, à Rufus de Theffalonique, & aux églifes de Conftantinople & d'Antioche. En conféquence, & en exécution de cette fentence, nous avons prononcé contre Neftorius un jugement canonique; après que le terme qui lui avoit été donné pour fe corriger, a été paffé, & que nous fommes demeurez long-tems à Ephese au-delà du jour prefcrit par l'empereur.

L'Evêque Arcade, un des légats, dit: La lenteur de la navigation & le tems contraire nous ont empêchez d'arriver auffi-tôt que nous efperions: c'eft pourquoi nous vous prions de nous faire inftruire de ce que vous avez ordonné. Le prêtre Philippe fit la même réquifition; après avoir rendu graces au concile des acclamations en l'honneur du pape, & relevé la primauté de faint Pierre. Theodote d'Ancyre dit: Dieu a montré combien la fentence du concile eft

AN.431.

10. Juillet.

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AN.431. jufte, par l'arrivée des lettres du très-pieux évêque zo. Juillet. Celeftin, & par votre préfence. Mais puifque vous

Coll. Baluz.. pag. 381

demandez ce qui s'eft paffé, vous vous en inftruirez. pleinement, par les actes mêmes de la dépofition de Neftorius. Vous y verrez le zèle du concile; & la conformité de fa foi avec celle que Celeftin publie à haute voix. Ainfi fe termina la feconde feffion du concile.

Les légats du pape avoient un ordre par écrit, daté du même jour que la lettre au concile, c'est-à-dire du huitiéme de Mai, & conçû en ces termes : Mémoire du Pape Celestin aux évêques & aux prêtres qui vont en Orient. Quand par la grace de Dieu, comme nous efperons, vous ferez arrivez au lieu où vous allez, tournez toutes vos penfées fur notre confrere Cyrille, & faites tout ce qu'il jugera à propos. Nous. vous recommandons auffi de conferver l'autorité du fiége apoftolique; puifque les inftructions qui vous ont été données, portent que vous devez affifter au concile mais que : fi on vient à quelque contention, vous devez juger de leur avis, fans entrer en difpute. Que fi vous voyez que le concile foit fini, & que tous les évêques foient retournez, il faut vous informer comment les chofes fe font terminées. Si c'est en faveur de l'ancienne foi catholique; & fi vous apprenez que mon frere Cyrille foit allé à Conftantinople, il faut que vous y alliez, & que vous préfentiez nos lettres au prince. S'il eft arrivé autrement, & qu'il y ait de la division, vous jugerez par l'état des chofes, ce que vous devez faire avec le confeik de notredit frere. Nous n'avons plus les inftructions. mentionnées dans cet ordre : mais nous avons une let

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