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liquet, c'est-à-dire, le fait ne paroît pas évident. On ordonnoit alors ce qui s'appelle aujourd'hui un plus ample informé.

L'A, confidéré comme prépofition, a été en ufage parmi les Latins. C'eft ainsi qu'ils difoient à dextris, à finiftris.

L'A, confidéré comme lettre nu mérale, a été auffi en ufage parmi les Latins. Il fignifioit cinq cens & quand on mettoit au deffus une petite ligne en cette manière A, il marquoit cinq mille.

L'A a été également en ufage parmi les Grecs, comme lettre numérale ; mais il ne valoit chez eux qu'une unité. Ils s'en fervoient encore fréquemment dans la compofition, ils le plaçoient alors au commencement d'un mot. L'A dans ce cas, tantôt augmentoit la fignification de ce mot, tantôt lui ôtoit celle qu'il avoit déjà, pour lui en donner une oppofée. L'A fervoit auffi à marquer l'admiration. C'eft de ces différens ufages de l'A parmi les Grecs, qu'a été formé ce premier vers des Racines grecques : A fait un, prive, augmente, admire. L'A, confidéré comme lettre fymbolique, étoit un hiéroglyphe chez les anciens Egyptiens qui, pour premiers caractéres, employoient ou des figures d'animaux ou des fignes qui en marquoient quelque propriété. Quand les caractéres Phoeniciens, qu'on attribue à Cadmus, furent adoptés en Egypte, la Lettre A y fut à la fois un caractére de f'écriture fymbolique, confacrée à la religion, & de l'écriture com

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mune, ufitée dans le commerce de la vie.

L'A,fur les monumens, fe trouve quelquefois feul avec un point ou fans point, quelquefois accompagné d'une ou de plufieurs lettres, quelquefois enfin doublé & même triplé. Voici quelles font alors fes fignifications les plus ordinaires.

L'A, feul avec un point ou fans point, fe prend pour antiquo, je m'oppofe; pour Aulus, Aula, Auguftus, Augufta, noms propres ; pour Auguftalis impérial, annus année, argentum argent, aurum or, ager champ, amicus, amica, ami, amie, anima ame, as monnoie, ærarium tréfor public, &c.

L'A, accompagné d'une ou de plufieurs lettres varie dans fes fignifications. AB. fignifie abdicavit, il a abdiqué. A B N. abnepos, arrière petit-fils. A. D. antė diem, avant le jour. A D Q. adə quiefcit, il repofe. A. K. ante Calendas ou plutôt Kalendas avant les Calendes. A. G. animo grato, par reconnoiffance. A. B. V. à viro bono , par un homme de bien. A. B. U. C. ab urbe condita, depuis la fondation de Ro me. A. P. M. amico pofuit mu→ numentum, il a élevé ce tombeau à fon ami. A R. P. aram pofuit, il a dreffé cet autel. AM. AMS. amicus, ami. A. S. P. Q. R. à Senatu, Populoque Romano, par le Sénat & le Peuple Romain.

L'A, doublé A A, veut dire Augufti, deux Auguftes; Auguftales, de la Maison de l'Empereur; & triplé A AA, il défigne tres Augufti, trois Auguftes.

A. A. A. Sur les médailles des Monétaires romains, & même fur quelques-unes de nos anciens Monétaires, on trouve cette abréviation A. A. A, F. F. cela veut dire, are, auro, argento, flando, feriundo. Ces Monétaires avoient le pouvoir de fondre & de fraper des monnoies en bronze, en or & en argent.

A, A, A. (4) Ces trois lettres à la fuite l'une de l'autre, fe trouvent fouvent répétées dans l'Écriture Sainte. Dom Calmet dit qu'il faut prendre cette expreffion dans le fens d'une exclamation, comme s'il y avoit helas, helas, helas. Cette opinion n'est pas fans fondement; car, outre que dans les traductions françoises de la Bible, on lit pour l'ordinaire ah, ah, ah; la voyelle a, encore de nos jours, jointe ou non jointe à T'h, marque les paffions de notre ame. C'est l'infléxion de la voix qui défigne leur différence. Les Anciens, comme l'observe M. l'abbé Vatry, s'en fervoient pour la même fin.

A A

AARON, Aaron, A'apy, (b) fils d'Amram & de Jochabed, de la tribu de Lévi, naquît l'an du monde 2430. & avant J. C. 1570 ans. Il étoit frere de Moïfe, & plus âgé que lui de trois ans. Ils

(a) Jerem. c. I. v. 6. c. 14. v. 13. Ezech, c. 4. v. 14, c. 20. v. 49. Joël, c. I. v. 15. Mém. de l'Acad. des Infcr. & Bell. Lett. T.8. p. 213.

(b) Exod. c. 3. v. 1. & feq. c.4. v. 10. 14. & feq. c. 5. v. 1. & feq. c. 6. v. 20. 23. c. 7. & feq. c. 15. v. 20. c. 16. v. 1. & feq. c. 17. v. 8,& feq. 6, 24, v, 1. 9. |

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avoient une fœur, nommée Marie, l'aînée de tous. Aaron époufa Elizabeth fille d'Aminadab & fœur de Nahaffon, de laquelle il eut quatre enfans, Nadab, A. biu, Eléazar & Ithamar.

Lorfque Moife reçut ordre de Dieu d'aller vers Pharaon, roi d'Egypte, pour lui commander de fa part de laiffer fortir fon Peuple, il allégua plufieurs raifons, afin de s'en difpenfer, & entr'autres, le peu de facilité qu'il avoit à parler. Le Seigneur, fâché de fa résistance, lui donna Aaron qui s'exprimoit aifément, & ajoûta: Je ferai dans votre bouche » & dans la fienne : Párlez lui » vous-même, & il parlera pour » vous au Peuple. Il fera votre » bouche, & vous tiendrez à fon » égard la place de Dieu. » Cependant le Seigneur dit à Aaron d'aller au-devant de Moïfe dans. le défert; ce qu'il exécuta fur le champ, & il rencontra son frere fur la montagne, nommée Horeb, où Dieu lui étoit apparu dans une flamme de feu, qui fortoit du milieu d'un buiffon, fans que ce buif fon en fût confumé. Moïife raconta à Aaron tout ce que le Seigneur lui avoit dit, & pourfuivit fon chemin avec lui. Lorfqu'ils furent arrivés en Egypte, ils affemblérent les Anciens d'Ifraël. Alors Aaron,

& feq. c. 28. v. I. c. 19. v. 1. & feq. c. 30. v. 7. & feq. c. 32. v. 1. & feq.

Levit. c. 8. v. 2. & feq. c. 10. v. 9. Numer. c. 12. v. 1. & feq. c. 16. v. 1. & feq. c. 17. v. 2. & feq. c. 20. V. 11. & feq.

Ecclef, c. 25. v. 7. & feq. Mém. de l'Acad. des Infcrip. & Bell Lett, T. 3. P. 120.

chargé de porter la parole au nom de Moïfe, leur expofa les ordres, qu'il avoit reçus du Seigneur en leur faveur ; c'étoit de les délivrer de ce dur efclavage, où ils gémiffoient depuis long-temps. Et pour les en convaincre, il fit des miracles en leur présence.

Après cela, Moïfe & Aaron al lérent fe préfenter devant Pharaon, & lui dirent de la part du Dieu d'Ifraël de laiffer fortir fon Peuple, pour qu'il allât dans le défert, célébrer une fête en fon honneur. Le Roi ayant répondu qu'il ne connoiffoit pas le Dieu d'Ifraël, & qu'il ne laifferoit pas fortir fon Peuple; Moife & Aaron lui dirent de nouveau qu'il permit du moins qu'ils allaffent trois jourhées de chemin dans le défert, pour y offrir un facrifice au Seigneur. Mais Pharaon, loin d'obéir, commanda que l'on traitât les Ifraëlites avec encore plus de rigueur qu'auparavant. L'ordre fut exécuté, & les enfans d'Ifraël s'en plaignirent à Moïfe & à Aaron. Ceux-ci, après avoir confulté le Seigneur, firent des prodiges inouïs, qui forcérent enfin le roi d'Egypte, de fe rendre à ce qui lui étoit commandé.

Pendant que les Enfans d'Ifraël étoient campés dans le défert de Sin, ils murmurérent contre Moïfe & Aaron, de ce qu'ils manquoient de nourriture. Aaron, par l'ordre de Moïfe, leur dit de s'approcher du Seigneur, parce qu'il avoit entendu leur murmure. Lorfqu'il parloit encore, ayant regardé du côté du défert ils virent la gloire du

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Seigneur dans une nuée. En mês me temps une multitude de cailles couvrit le camp; & le lendemain matin la terre fe trouva auffi couverte de manne. Moïfe dit à Aaron d'en mettre dans un vafe autant qu'un gomor pouvoit en tenir, & de le placer devant le Seigneur, afin de conferver de cette manne pour les races à venir. Aaron fit ce qué Moïfe lui avoit ordonné.

Amalec étant venu attaquer Ifraël à Raphidim, Moïfe dit à Jofué de marcher contre l'ennemi. Cependant il monta, avec Aaron & Hur, fur le haut de la montagne. Pendant que le peuple combattoit, Moïfe tenoit les mains élevées vers le Seigneur; de façon que, quand il les abaiffoit, Amalec avoit l'avantage. Cela fit qu'Aaron & Hur les lui foûtinrent, jufqu'à ce que Jofué l'eût entièrement défait.

Aaron & deux de fes enfans,

fait

Nadab & Abiu ainfi que foi xante-dix des Anciens d'Ifraël, montérént fur le mont Sinaï, où Dieu donna fa loi à Moïfe. Ils y virent le Dieu d'Ifraël, & fous fes pieds, comme un ouvrage de carreaux de faphir, reffemblant au ciel, lorfqu'il eft ferein. Tandis que Moïfe s'entretenoit avec le Seigneur fur cette montagne, & qu'il recevoit fes ordres, c'étoit à Aaron & à Hur que le peuple s'adreffoit lorfqu'il avoit quelqu'affaire. Aaron & fes enfans furent choifis pour exercer les fonctions du Sacerdoce, & revêtus en conféquence des habits facrés. C'étoient, pour

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Aaron, une tunique de lin, une robe, un éphod, qu'il mettoit par deffus, un pectoral, une ceinture, une tiare avec la lame fainte &c. Une partie des offrandes lui étoit deftinée, ainfi qu'à fes enfans. Dieu lui-même avoit réglé ce qui devoit leur revenir.

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Comme fouverain Pontife Aaron avoit plufieurs fonctions à remplir. Il étoit chargé de brûler des parfums d'une excellente odeur , chaque jour au matin, lorfqu'il alloit dans le Saint pour accommoder les lampes, & entre les deux foirs, lorfqu'il les allumoit. Il faifoit une fois l'an les cérémonies de l'expiation fur les cornes de l'autel en y répandant du fang de l'hoftie, qui avoit été immolée pour les péchés. Il lui étoit fur tout défendu de boire ni vin, ni rien de ce qui peut enivrer, quand il entreroit dans le tabernacle, de peur qu'il ne fût puni de mort. Toutes les cérémonies, qui le concernoient lui & fes fils, furent obfervées après eux comme le Seigneur l'avoit preferit.

Lorfque Moife étoit fur la montagne de Sinaï, & qu'il différoit à en defcendre, les Enfans d'Ifraël s'affemblérent autour d'Aaron, & lui dirent de leur faire promptement des dieux, parce que ce Moïfe, qui les avoit tirés d'Egypte, ne paroiffoit plus, & qu'ils ne fçavoient ce qu'il étoit devenu. Aaron leur répondit qu'ils ôtaffent les ornemens d'or, qui étoient aux oreilles de leurs femmes, de leurs fils & de leurs filles, & qu'ils les lui apportaffent.

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Cela fut exécuté en diligence. Avec cette matière, il fit un veau à l'imi« tation du dieu ou du bœuf Apis qu'on adoroit en Égypte. Alors les Ifraëlites dirent: Voici nos dieux qui nous ont tirés de la terre de fervi tude. Le lendemain ils fe levérent dès le matin, ils offrirent des holocauftes & des victimes pacifiques, puis ils s'affirent pour manger & pour boire, & fe relevérent pour danfer.

Cependant le Seigneur avertit Moïfe de ce qui fe paffoit dans le camp, Il lui dit que le peuple l'avoit abandonné pour fe proftituer à des dieux étrangers, & qu'il alloit l'exterminer à cause de fon infidélité. Moïfe, toujours plein d'amour pour le troupeau qui lui étoit confié, pria le Seigneur en fa faveur, & l'appaifa. Etant enfuite defcendu, il s'ap procha du camp, & vit le veau & les danfes, qu'on faifoit à l'en tour. Saifi d'une fainte colére, il jetta les deux tables de la Loi, qu'it tenoit dans fes mains, & les brifa au pied de la montagne. Il prit auffi le veau & le brûla dans un feu, qui le réduifit en cendres. Aaron,qui avoit eu la foiblesse de confentir aux demandes du peu→ ple, reçut à fon tour les plus vifs reproches.

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Ce n'eft pas là néanmoins la la feule foibleffe, à laquelle fe foit laiffé aller le premier fouverain Pontife des Ifraelites. Il lui arriva un autre jour de fe livrer aux murmures, avec Marie fa four contre leur frere, au fujet de la femme du païs de Chus, qu'il avoit épousée. Le Seigneur, ayant en

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tendu ces murmures, commanda aufli-tôt à Moïfe, à Aaron & à Marie de fe rendre au tabernacle du témoignage, où il leur repréfenta que celui, contre lequel ils s'étoient élevés, étoit fon ferviteur fidele, à qui il parloit familièrement. Pourquoi donc, ajoûtat'il, n'avez -vous pas craint de vous emporter contre lui? En même temps fa colére s'embrafa, la nuée difparut, & Marie fe trouva couverte de lépre. Aaron, voyant cela, conçut un vif repentir de fa faute, & pria Moïfe de lui être favorable. Moïfe s'adreffa au Seigneur, qui, en fa confidération, pardonna aux deux coupables. Cependant Marie demeura fept jours hors du camp féparée du peuple.

Perfonne n'ignore le foulevement de Coré, de Dathan & d'Abiron contre Moïfe & Aaron, & la vengeance éclatante que Dieu en tira, en faifant entrouvrir la terre qui les engloutit tous vivans, eux, leurs familles, & tous ceux qu'ils avoient attirés dans leur parti. Un exemple auffi frapant ne fut pas capable de contenir la multitude des Enfans d'If

raël. Le lendemain ils murmurérent encore contre Moïfe & Aaron. Le Seigneur leur dit de fe féparer du milieu de ces Rebelles, afin qu'il les perdît à l'inf tant. La plaie commença donc à fe faire fentir. Mais Aaron, fuivant l'ordre de Moïfe, ayant pris l'encenfoir, courut dans l'affemblée, & pria Dieu d'être propice au peuple. Il périt toutefois quatorze mille fept cens hommes dans cette occafion.

Peu de temps après, le Seigneur, voulant affurer à Aaron & a fes enfans le Sacerdoce à perpétuité, & mettre fin aux murmures,qu'on faifoit fans ceffe contr'eux, ordonna à Moïfe de recevoir des Enfans d'Ifraël une verge pour chaque Tribu, c'eftà-dire, douze ; d'écrire le nom du chef de chaque tribu fur fa verge, & celui d'Aaron fur la verge de Lévi; & de les mettre enfuite dans le tabernacle. La verge du chef, que j'aurai choifi, dit le Seigneur, fleurira. Moïfe fit ce qui lui avoit été prefcrit. Le jour fuivant, étant venu au tabernacle, il trouva que la verge d'Aaron avoit pouffé des boutons, qu'il en étoit forti des fleurs, & que les feuilles s'étant ouvertes, il s'étoit formé des amandes toutes mûres. Cette verge fut placée devant l'Arche, comme un figne pour les Enfans d'Ifraël. Depuis, ils ne tentérent plus de fe foulever contre Aaron, ni contre fes enfans.

Aaron, ainfi que Moïfe, fut privé de la fatisfaction d'entrer dans la Terre promife, pour avoir marqué quelque défiance,en frappant par deux fois le rocher, afin d'en faire fortir de l'eau. Ce fut même peu de temps après, que cet ancien Patriarche alla fe réunir à fes peres; ce qui arriva fur la montagne de Hor de cette manière. Moïfe fe conformant à ce que le Seigneur lui avoit commandé, mena Aaron avec Éléazar fon fils fur cette montagne, l'y dépouilla de fes vêtemens, & en revêtit Éléazar. Puis

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