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de la plupart des Hiftoriens & des Orateurs. Ces derniers, par d'heureufes applications, en ont fouvent tiré des traits fort vifs & fort éloquens. Tel eft, par exemple, celui qu'on trouve dans une harangue de Cicéron, au fujet de Mithridate, roi de Pont. L'Orateur marque que ce Prince, fuyant devant les Romains, après la perte d'une bataille, trouva le moyen d'échapper aux mains avares des Vainqueurs, en répandant, fur la route, d'espace en espace, une partie des tréfors & des dépouilles que lui avoient acquis fes conquêtes paffées; à peu près, dit-il, comme on rapporte que Médée, pourfuivie par fon pere dans la même région, répandit fur le chemin les membres de fon frere Abfyrte, dont elle avoit coupé le corps en pièces, afin que le foin de ramaffer ces membres épars, & la douleur dont un fi trifte spectacle pénétreroit un pere, retardaffent la vivacité de fa poursuite. La reffemblance est parfaite; fi ce n'eft, comme le remarque Cicéron, que ce fut la trifteffe, qui arrêta Æetès, pere de Médée, & la joie, les Romains.

Ce ne font pas feulement les Auteurs Profanes qui, pour être entendus, exigent l'intelligence de la Fable, mais les Peres même de l'Églife. M. Rollin ne fait pas difficulté de dire qu'il eft impoffible d'entendre autrement les Livres, qu'ils ont compofés pour la destruction de l'Idolâtrie. Le grand ouvrage de S. Auguftin, qui a titre, De la Cité de Dieu, pourfuit M. Rollin, & qui a fait tant d'honneur à l'Églife, en eft une preuve. Il en faut dire autant des autres Peres, qui ont travaillé fur le

pour

même plan, dès les premiers fiécles de l'Églife. Il y a fur tout S. Clément d'Alexandrie, dont les Stromates font un livre fermé & inacceffible à quiconque n'eft point verfé dans cette partie de l'ancienne érudition; au lieu que la connoiffance des Fables en facilite infiniment l'intelligence; ce qui ne doit pas être compté pour un médiocre avantage.

Combien de Livres d'une autre espèce, font encore expofés fans ceffe à nos yeux? Tels font les ftatues qui fervent à orner nos jardins, les peintures, dont on décore les galeries & les plafonds, les eftampes, les tableaux les tapifferies, les médailles, les bas-reliefs, les figures des divinités, & bien d'autres monumens qu'on trouve dans les cabinets des Curieux & des Antiquaires. Ne fontce pas autant d'énigmes pour ceux qui ignorent la Fable, qui, fouvent, en eft l'explication & le dénouement ? II arrive affez fouvent que ces matières font le fujet de nos entretiens & de nos converfations. Ce n'eft point une chofe agréable que de demeurer muet, & de paroître stupide dans une compagnie, faute de s'être inftruit, pendant la jeuneffe, d'une chofe qui coûte fort peu à apprendre.

Telles font les raifons qui m'ont engagé à faire entrer l'Hiftoire des divinités fabuleuses, dans le plan de ceDictionnaire.

Au reste, non content de non content de rapporter ce qui peut faire connoître un Dieu, une Déeffe, un demi-Dieu, où tout Héros que les Payens ont jugé digne des honneurs divins, je donne une explication des circonftances qui accompa

gnent cette Hiftoire. Mes Guides ordinaires font Athénée, Héfiode, Hérodote, Diodore de Sicile, Paufanias & autres; entre les Modernes, M. l'abbé Banier, comme je l'ai dit plus haut, D. Bern. de Montfaucon, M. le Comte de Caylus, les Mémoires de l'Académie des Infcriptions & Belles Lettres.

I V.

LES

ANTIQUITÉS.

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LA connoiffance des Antiquités, qui font l'objet de la quatrième Partie de cet Ouvrage, eft auffi très-effentielle à quiconque étudie, ou est chargé d'enseigner les Belles Lettres. (a) Cette connoiffance, felon M. Rollin, qu'on foupçonnera, avec raison, de m'avoir fervi de guide, dans la diftribution du plan que je me suis tracé cette connoiffance, dis-je, eft, jufqu'à un certain point, d'une néceffité abfolue. Combien n'y a-t-il pas, dans les Auteurs claffiques, d'expreffions, d'allufions, de comparaifons, de phrases, qu'on ne peut entendre, fi l'on n'a quelque teinture des Antiquités? Il n'est presque pas poffible de faire un pas dans la lecture même de l'Histoire, qu'on ne fe trouve arrêté par des difficultés, dont fouvent une légere connoissance de l'Antiquité donneroit la folution.

Tout le monde fçait que fous le nom d'Antiquités, est

(a) Roll. Traité des Études, Tom. II. pag. 447.

compris, ce qu'on appelle coûtumes, moeurs & ufages des Anciens. Et pour donner un peu plus d'étendue à cette explication, on pourroit réduire cela à un certain nombre d'articles, , comme le Gouvernement, la Religion, la Guerre, la Navigation, les Édifices publics, les Spectacles, les Ufages de la vie commune, enfin les Arts & les Sciences. Chacun de ces articies comprend une infinité de parties qui s'y rapportent. C'eft ainfi que, fous le nom de Gouvernement, font compris les Confuls, les Proconfuls, les Magiftrats, les Cenfeurs, les Préteurs, les Quefteurs, les Archontes, les Tribunaux, les Loix, les Accufations, les Jugemens, les Mariages, les Adoptions, les Assemblées, les Comices, les Tribus, les Tribuns, les Sénateurs, &c.

Sous le nom de Religion, on doit renfermer les Dieux, leurs Miniftres, ou Prêtres, les Temples, les Meubles, les Vafes & tous les inftrumens qu'on y employoit, les Fêtes, les Sacrifices, les Voeux, les Oblations, les Prieres, les Proceffions, les Oracles, les Arufpices, les Préfages, &c. Sous le nom de Guerre, les Combats, les Batailles, les Généraux, les Armées, les Légions, les Cohortes, les Troupes de pied, la Cavalerie, la Phalange, les Armes, les Cafques, les Boucliers, les Piques, les Javelots, les Lances, &c. On peut raifonner de même fur chacun des autres articles.

Je mets les Arts & les Sciences au nombre des Antiquités, parce que nous fommes redevables de leur invention aux Anciens. Une Providence particulière s'est ca

chée fous leur induftrie; en forte qu'on a prefque toujours attribué à l'effet du pur hazard, ou, fi l'on veut, d'une heureuse rencontre, ce qui étoit une attention de Dieu même, qui a coûtume de fe voiler ainfi, pour procurer aux hommes, dans le tems marqué, les choses nécessaires à leur bien être.

Quoique nous devions aux Anciens, la découverte des Arts & des Sciences, qu'ils les aient même portés jufqu'à une certaine perfection, on ne peut nier que les Moder

nes n'aient fait des découvertes d'une extrême utilité ; telle que celle de l'Imprimerie, de la Bouffole, &c. Quoiqu'il en foit, la connoiffance de ces diverfes parties n'eft pas moins néceffaire que celle des autres ; & on pourra procurer une idée avec le fecours de ce Dictionnaire.

s'en

On y trouvera une hiftoire fuccinte de la Médecine, de l'Architecture, de la Sculpture, de la Philofophie, de la Poëfie, de l'Éloquence, de la Grammaire, de l'Aftronomie, de la Géométrie, &c. ; c'est-à-dire, qu'on s'inftruira de l'origine, des progrès d'un Art, d'une Science; qu'on apprendra quels font ceux qui s'y font distingués d'une manière particulière, par rapport à la Philofophie, les différentes Sectes de Philofophes. Combien de fois, celui qui lit un ancien Auteur, entend - il parler d'Académiciens, de Stoïciens, de Péripatéticiens, de Platoniciens, de Pythagoriciens. &c? N'eft-il pas bien agréable de pouvoir se procurer, fur le champ, & à peu de frais, une légere connoiffance de ce qui concerne ces prétendus Sages de l'Antiquité?

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