J.CUJAS. 3. Il y en a qui lui attribuent la Verfion Latine des 60. Livres de l'Ouvrage qu'on appelle Bafiliques, imprimée à Paris; mais d'autres ont crû qu'il n'en étoit pas l'Auteur, & qu'elle a été compofée par un Allemand, qui a voulu la publier fous un nom fi illuftre, pour lui attirer approbation du Public. 4. Kekerman luj attribue auffi le Livre de Nicolas Cragius, de Republica Lacedæmoniorum, & un Ecrit publié en Hollande fous le titre de Locorum Communium Typus; mais tout cela n'est point de lui. Le P. le Long cite un Mf. qui étoit dans la Bibliotheque de M. Baluze, & qui eft intitulé: Avis & Opinion de Jaques Cujas touchant la fucceffion du Roi de Portugal, vacante par la mort du Roi Henri fans enfans en l'année 1578. avec plufieurs autres Pieces fur le même fujet. in-fol. Il s'eft formé entre quelques Sçavans une espece de conteftation, dont il eft à propos de parler ici ; fçavoir, qui de du Moulin ou de Cujas doit être préferé à l'autre. M. de Ferriere dans fon Hiftoire du Droit Droit Romain fait ainfi le parallele J.CUJAS. de ces deux Grands Hommes. » On peut dire qu'ils fe furpaf» fent l'un l'autre en quelque chofe. » Du Moulin eft plus inventif, & » a l'efprit plus profond & plus » transcendant; Cujas eft plus clair, » plus égal & plus parfait. Du Mou» lin traite les chofes avec plus de » vivacité & plus d'étenduë; Cujas » les traite avec plus d'ordre, plus » de jufteffe d'efprit, d'une maniere plus élegante. Il fe fait entendre » bien plus aifément & ne s'égare jamais. » Ceux qui ont porté le plus » d'envie à ce dernier, ont pré» tendu qu'il n'avoit pas l'efprit »fort vif, & font en même tems » demeurez d'accord qu'il a tra>> vaillé fur tout le Droit Romain, » & que fes explications font fi » exactes & fi achevées, qu'elles » ne laiffent rien à defirer. Mais les » plus grands admirateurs de du » Moulin conviennent tous que le ftile & l'arrangement lui man» quent, & qu'il eut été à fouhai»ter qu'il eut écrit avec la politeffe, Tome VIII. Q J.CUJAS.» la netteté, l'ordre & la précision » de Cujas. » Finiffons leur paralelle, en di» fant que Cujas s'eft appliqué par» ticulierement à l'étude du Droit » Romain, & qu'il en a acquis une » connoiffance fi parfaite, qu'il a furpaffé tous ceux qui l'avoient » précedé, & qu'il doit fervir de guide & de modele à tous ceux qui doivent après lui s'adonner à » l'étude des Loix Romaines, pour » les enfeigner aux autres. Du Mou»lin, qui n'a pas fait du Droit Ro» main le principal objet de fon » application, excelle dans la fcience » du Droit Canonique & du Droit Coûtumier, mais d'une maniere » fi élevée, que perfonne ne pourra jamais avoir un merite qui appro» che du fien. >> Difons donc que fi du Moulin > eft fans contredit le Prince des » Jnrifconfultes François, Cujas » eft fans conteftation le Prince des Interpretes du Droit Romain; » & concluons qu'ils font tous les >> deux incomparables, chacun dans. fon genre & chacun a fa maniere. On lit dans les Recherches de J.CUJAS. Pafquier (Liv. 9. Chap. 18.) une chofe qui fait beaucoup d'honneur à Cujas; c'eft qu'il eft fi fort réveré en Allemagne, qu'ordinairement lorfque les Profeffeurs parlent de lui en chaire, ils mettent la main au bonnet, pour marquer le refpect qu'ils portent à la memoire de ce Grand Homme. V. fon Eloge par Papire Maffon. Sainte Marthe, Elogia. Imperialis Mufaum Hiftoricum. Catherinot Opufcules. Les Eloges des Sçavans de M. de Thou avec les Additions de Teif fier. De Ferriere Hift. du Droit Ro~ main, P. 429. JEAN-MARIE DE LA MARQUE EAN-Marie de la Marque de Tillader naquit vers l'an 1650-TILLAJ. M. DE ou 1651. au Château de Tilladet en Armagnac, de François de la DET. Marque & d'Angelique Riviere. On ne fçait, & il difoit ne fçavoir pas lui-même plus précisement la date DET. J. M. DE de fa naiffance, parce que les ReTILLA- giftres de fa Paroiffe avoient été brûlez pendant les troubles, qu'il avoit perdu de très bonne heure fon pere & fa mere, & qu'enfin il étoit forti de fon Pays dans un âge où ce point de Chronologie ne l'embaraffoit gueres. La Maison de la Marque, dont il étoit, est la même que celle de Marca, l'une des meilleures du Bearn, où rien n'eft plus ordinaire que cette diverfité de noms & de terminaifons dans les titres d'une même famille. Il fit fes Humanitez & un cours de Philofophie à Aufch; de là il paffa à l'Academie de Toulouse, au fortir de laquelle il fit deux Campagnes, l'une dans l'Arriere-Ban, l'autre à la tête d'une Compagnie de Cavalerie. La paix de Nimegue fufpendit l'ardeur de ce jeune Guerrier, & le dérangement où il trouva fes affaires domeftiques à fon retour dans la Province ébranla fort fa vocation. Divifions de famille, dettes, procès, réparations, tout vint l'acca |