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L. PON- On ne convient pas du nom de TICO VI-Baptême qu'il avoit. Jean Bonifacio RUNIO. dans fon Hiftoire de Trevife le nom

me François; George Piloni dans fon Hiftoire de Belluno l'appelle Louis, & Barthelemi Burchelati dans fon Catalogue des Auteurs de Trevife, qui précede l'Hiftoire qu'il a donnée de cette Ville, n'a crû les accorder qu'en diftinguant deux Pontico, dont Fun s'appelloit François, & l'autre Louis. Il eft étonnant qu'André Ubaldo, qui a écrit la vie de Pontico avec beaucoup d'exactitude, në le nomme pas une feule fois par fon nom de Batême. Au refte il eft plus sûr de fuivre Piloni, qui paroît mieux informé que les autres de ce qui regarde ce Sçavant, & de l'ap-peller Louis avec lui.

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La plupart des Auteurs le font naître à Trevife, mais ils fe trompent en cela; les Journalistes de Venife prouvent fort au long qu'il étoit né à Belluno, d'où il prit fon nom de Virunio, au lieu de celui de Bel lunefe, fuivant la coutume des Sçavans de fon tems, qui faifoient toujours quelques changemens dans

leurs noms. Voffius l'appelle mal à L. PONpropos Virunnius & Virumnius, & TICO VITritheme Virinius.

Le pere de Pontico fe nommoit George Pontico, & étoit de Mendrifio, Château fitué à fix mille de Como, vers le Couchant. Il vêcut jufqu'à l'àge de cent ans, & eut encore un enfant à 90.

Louis Pontico naquit vers l'an 1467. Sa mere, qui étoit fort fçavante, l'appliqua de bonne heure à l'étude, & lui apprit elle-même la Langue Grecque. Il étudia la La tine à Venife fous George Valla, & à Ferrare fous Jean B. Guarini. L'Auteur de fa vie dit qu'il fut dix ans entiers difciple de ce dernier, & que pendant tout ce tems là il ne perdit que trois de fes leçons.

Après avoir étudié en Philofophie & en Mathématiques, il profeffa les Langues Grecque & Latine en plufieurs endroits principalement à Rimini, où il s'aquit l'amitié de Pandolfo Malatesta.

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De retour à Ferrare, il fut envoyé à Milan par Antoine Visconti, Ambaffadeur de Louis Sforce, pour être

RUNIQ.

L. PON- Precepteur des Princes fes enfans. TICO VI- Lorfque les François entrerent dans RUNIO. le Milanois, il s'enfuit déguisé à Reggio, où il profeffa les Langues Grecque & Latine avec beaucoup d'applaudiffement. Il expliqua alors les Poëmes de Claudien, qui n'étoient pas encore connus. Quelques amourettes qu'il eut lui firent des affaires,& le mirent en fi mauvaise réputation, que le bruit fe répandit qu'il avoit époufé treize femmes; mais ce bruit fe diffipa, & les idées défavantageufes qu'on avoit conçûës de lui s'effacerent, lorfqu'on le vit époufer Gerantine Ubalde four d'André Ubaldo, qui a écrit fa vie..

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B partit enfuite de Reggio, dans le deffein d'aller vifiter tous les lieux de l'Italie dont les Poëtes font mention dans leurs Ouvrages, afin dé pouvoir les expliquer plus sûrement, & les corriger lorfqu'il en auroient befoin; mais on l'arrêta à Forli, où il enfeigna les Langues Grecque & Latine. Cette Ville étoit alors partagée entre deux factions; & Nicolas Buonafede Commiffaire du Pape ayant fouçonné Pontico de

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pencher vers le parti qui lui étoit L. PONoppofé, le fit mettre en prifon avec TICO VIfon beaufrere Ubaldo. Jules II. qui RUNIO. tenoit alors le Pontificat, étant venu dans le lieu où il étoit, il fe jetta à fes pieds, & lui reprefenta avec beaucoup d'inftances fon innocence. Le Pape fut touché de fon difcours, fur tout après que l'Archevêque de Florence, qui étoit avec lui, lui eut montré un Ouvrage auquel Pontico travailloit alors; mais il fe contenta de dire: Comment fait-il pour travailler ici & ne fit rien pour lui. Cela arriva le 10. Novembre 1506. Le Gouverneur de fa prifon, qui étoit Juftinien Evêque d'Amelia convaincu de fon innocence, la lui adoucit le plus qu'il pût, lui rendit fouvent vifite, & lui offrit même de l'argent que Pontice refufa toujours.

L'interceffion du Cardinal Hyppolite d'Efte lui procura enfin la liberté, & il retourna à Reggio dans le deffein d'y faire imprimer les Livres qu'il avoit compofez jufques-là. Il acheta pour cela des preffes & des caracteres Grecs & Latins, & s'ap

RUNIO.

L. PON-pliqua à mettre au jour fes Ouvra TICO VI- ges. Il y travailloit, lorfque la Duchefle de Ferrare paffa à Reggio avec le Medecin Bonaccioli, dont Pontica dit tout le mal imaginable, parce qu'il l'engagea par les promeffes les plus magnifiques à aller à Ferrare, qu'il lui vola à cette occafion peu à peu fes caracteres & fes preffes, & qu'il prévint tellement l'efprit du Duc, qu'il ne pût en avoir juf

tice.

Défefperé de ce procedé, il fe retira à Lugo, où il compofa un Livre d'invectives contre Bonaccioli. Le chagrin & le dépit lui cauferent eu ce lieu uue fievre qui le tourmenta pendant cinq mois, & le réduifit à un trifte état. Il paffa pour se rétablir à Boulogne, ou Marc Montalbani fon ami & fon parent le reçut chez lui. A peine avoit-il rècouvré la fanté, que la guerre qui étoit entre les François & le Pape Jules II. l'obligea de fe retirer à Seft dans la che d'Ancone, où il efperoit être plus tranquille.

Le Cardinal Sigifmond de Gonzague, qui étoit alors Legat de cette

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