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AN. 1563. le des Guises par une alliance avec la maifon de Cardinal Bourbon.

de Bourbon, qui

vouloit fe

660.

la cau

Les François vouloient propofer cette affaire au Concile, pour lui en demander la dispense; marier. mais le Cardinal de Lorraine dit, qu'on auroit Pall. ibid, de la peine à perfuader au Concile, que est fup. fe fut preffante & raisonnable; que le Roi étoit Fra-Paolo. jeune, & avoit deux freres, & plufieurs Prinlib.7.p. ces Catholiques de fon fang, & qu'ainfi il ne Mem. pour paroiffoit point néceffaire de fufciter une poftele conc. de rité au Cardinal de Bourbon; que d'ailleurs la Trente, p. prêtrife ne l'excluoit point du gouvernement 408. qu'il prétendoit avoir durant la minorité du Roi; & que fon avis étoit qu'il valloit mieux s'adreffer au Pape on le fit, mais il n'y eut rien d'accordé.

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XCVI. L'Evêque de Viterbe aïant appris que le CarL'Evêque dinal de Lorraine étoit réfolu de partir, lui réde Viterbe préfenta, pour l'en détourner, que les fujets de diffuader mécontentement qu'il avoit du Pape & des léle Cardinal gats feroient croire à plufieurs que c'étoit là de Lorrai l'unique motif de fon départ, & qu'il feroit connoître par-là qu'il n'étoit pas bien intentionsabfenter né pour le Concile; que d'ailleurs cette affem, de Trente. blée ne feroit plus que languir, dès que lui & fup. 1.20. les fiens en feroient abfens : qu'au contraire, 4.9.n. 3. s'il demeuroit à Trente, on difpoferoit si bien les affaires, qu'à l'arrivée des nouveaux légats on pourroit y mettre la derniere main & les finir. Mais rien ne fut capable de le faire changer de réfolution. Il partit le vingt-troifié me de Mars, accompagné de la plupart des théolo giens François, & de l'Archevêque d'Embrun, & des Evêques d'Orleans, d'Evreux, de Soiffons, de Meaux & de Châlons, & alla à Padouë, d'où il fut voir le Duc de Ferrare fon parent, & prit enfuite fa route vers Venife, dans le deffein d'y demeurer les fêtes de Pâques.

Le jour même de fon départ de Trente Gual

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terio & Visconti reçurent des lettres du Cardi- AN. 15631 nal Borromée, qui les chargeoit de le voir & de le preffer de confeiller au Pape de venir à Boulogne pour y couronner l'empereur, & même d'y transferer le Concile, s'il y avoit lieu

de faire cette tranflation. Mais comme le Car- xcvi. dinal étoit déja parti, & que d'ailleurs il avoit Départ de témoigné aflez ouvertement qu'il n'étoit pas Visconti porté pour ce voïage du Pape, ni pour cette pour aller

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tranflation du Concile, Gualterio ne jugea pas cardinal de à propos de l'aller trouver à Padouë. Vifconti Lorraine. qui penfoit differemment, & qui d'ailleurs n'é- Pallav, ut toit pas fâché de trouver une occafion plaufi- Sup. Lettres de où il avoit un neveu Visconti, to. aller à Padouë pour qui y étudioit, & qui étoit alors dangereuse- 1. lett. 18. ment malade, prit le parti d'aller après le Car- & fuiv.p. dinal de Lorraine & le fit fçavoir au Cardinal 171. Borromée. Il fit diligence, & arriva à Padouë le jour même de l'arrivée du Cardinal de Lorraine, mais trop tard néanmoins pour voir fon neveu qui étoit mort la veille: c'étoit un famedi. Le lundi fuivant il alla trouver le Cardinal de Lorraine, qui ne l'attendoit pas, & il Il lui pro lui préfenta les lettres du Cardinal Borromée. pofe d'enDans la fuite de la converfation, aïant trouvé gager occafion de lui parler du principal fujet de fon l'empereur voïage, il s'efforça de lui perfuader qu'il étoit Boulogne important que le Pape fe rendit à Boulogne: où le Pape s'il fait ce voïage, dit-il, l'empereur s'y rendra fe trouveauffi; le Pape le couronnera & l'un & l'autre roit. feront plus à portée de terminer promptement fup. Pallay.n le Concile. Il ajoutoit, en s'adreflant au Cardi- Lettres de nal, que lui feul étoit en état de perfuader ce Visconti, voïage au Pape, & de lui faire entendre les grands p. 175. avantages qui en reviendroient à toute la chrétienté; & qu'il étoit même de fon interêt particulier, de couronner l'empereur, pour se maintenir dans cette poffeffion; que d'ailleurs le Pape l'avoit fouvent promis, & qu'il feroit glorieux

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AN. 1563. à fon éminence de le déterminer à exécuter fes promeffes, dont la plupart des Cardinaux & tous ceux qui aimoient l'honneur & les interêts du faint fiege défiroient la promte exécution. Il fe dit encore plufieurs autres chofes fur ce fujet; & le Cardinal de Lorraine parut plus d'une fois ébranlé; la converfation fut renouée le lendemain chacun fit fes objections; mais tout ce que Visconti put tirer de plus pofitit du Cardinal, c'eft qu'il attendoit ce que le Pape répondroit à la lettre de l'empereur & qu'après fon retour à Trente, il s'informeroit avec foin des intentions de Ferdinand, & que fi fa médiation étoit néceffaire, il l'accorderoit volontiers. II ajouta même qu'il avoit déja parlé du voïage de Boulogne, & que l'empereur y étoit affez porté, dans l'efpérance que le Pape lui donnoit de travailler ferieufement à la réformation. Le Cardinal s'étendit beaucoup fur ce dernier point: il dit, qu'il fouhaitoit lui-même cette réformation avec tant d'ardeur, qu'il n'y avoit rien qu'il ne fut difpofé à faire pour la procurer, qu'elle étoit néceffaire depuis le chef jufqu'aux moindres membres; & que le mal étoit monté à un excès, qu'il étoit devenu abfolument infupportable. Il dit encore, qu'il avoit cru affez long-temps qu'il y avoit plus d'abus en France que dans les autres pais; mais que depuis il avoit connu que l'Italie feule en montroit plus que l'on n'en trouvoit ailleurs. Que l'on y vozoit entr'autres les égliLes paroiffiales & les bénéfices-cures entre les mains des Cardinaux, qui n'aïant point d'autre but que celui d'en tirer les revenus, abandonnent ces églifes, & en laiffent le foin à quelques pauvres prêtres, & que c'étoit ce qui caufoit leur ruine, les fimonies, & une infinité d'autres défordres, aufquels les Princes & leurs ministres voulant remedier, avoient usé de retenuë jufqu'à préfent, dans l'efperance qu'on

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feroit la réformation tant defirée: de plus, que AN. 1563, c'étoit auffi dans cette efperance qu'il avoit toujours lui même ufé de ménagemens, fans faire autre chofe que de mander au Pape ce qui lui fembloit expedient; mais que voïant qu'il étoit déformais temps de dire franchement ce qu'il jugeoit être du fervice de Dieu, bien-loin de vouloir charger plus long-temps fa conscience, il avoit réfolu au contraire de parler de ces cho. fes la premiere fois qu'il opineroit. Il s'étendit enfuite fur ce que fa maifon avoit fouffert, & fur la perte qu'il venoit de faire de deux de fes freres pour la confervation de la religion. Il dit, que le Pape ne devoit pas écouter les confeils de ceux qui cherchoient à le détourner de ses pieux deffeins, mais s'acquerir auprès de Dieu le mérite de retrancher les abus de l'églife. Il parla auffi des nouveaux légats, difant, qu'ils venoient fans doute au Concile, bien inftruits des intentions de fa fainteté, & que par conféquent on connoîtroit fa bonne volonté touchant la réformation, parce qu'il n'y avoit plus d'excufe raifonnable pour la differer.

Visconti au

Visconti,

Dans la fuite de cet entretien le Cardinal de XCIX. Lorraine fit fentir qu'il étoit fâché qu'on ne l'eut Réponse de pas nommé légat du Concile, & il le témoigna Cardinal même avec affez de vivacité. A tant de plain- fur queltes & à tant d'avis le nonce Visconti répondit ques arti au Cardinal, qu'il étoit un peu furpris de lui en- cles. tendre dire qu'il vouloit s'informer des deffeins ibid. to. I. du Pape, avant que de l'engager au voïage de p.187.188. Boulogne, que ces deffeins lui étoient affez con- Pallav. nt nus par les lettres qu'il lui avoit fait voir, & qui fup.1.20. portoient, que fa fainteté fe difpoferoit aile.. 9.". 9. ment à venir à Boulogne, quand fa majefté impériale auroit pris la même réfolution, pourvû que le Concile y fut transferé, afin que par cette réunion on pût accelerer la fin des affaires, & terminer le Concile à l'avantage de la

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AN.'1563. religion; qu'il n'avoit pas befoin d'autres éclair ciflemens, puifque ces lettres s'expliquoient af fez; qu'à l'égard de la reformation, il pouvoit déja connoître en differentes choses la bonne volonté du Pape, puifqu'il avoit déja fupprimé plufieurs grands abus, & que lui-même qui lui parloit, travailloit auffi pour cela dans le Concile; fur quoi il représenta au Cardinal qu'il devoit fe reflouvenir de ce qui avoit été dit par le Cardinal de la Tour-Brûlée dans le Concile de Bafle touchant la réformation des abus, qu'il foutint devoir être ôtez, mais non pas les us & coutumes, d'où Visconti infera que bien que la bonne volonté que le Pape avoit pour la réfor<mation qu'on défiroit, n'eut pas été exécutée jufqu'alors, l'omiffion ne venoit point d'un manquement de bonne intention, mais feulement de ce qu'on n'avoit pas voulu interrompre l'ordre qui avoit été obfervé jufqu'à préfent par · les légats, qui avoient coutume de traiter ce qui concernoit la réformation, conjointement avec les matieres des dogmes, afin d'expédier enfuite le refte des abus, quand les dogmes feroient achevez. Il dit de plus, que fi plufieurs articles de la réformation, qui étoient déja entre les mains des légats étoient publiez, on connoîtroit évidemment que les intentions du faint pere étoient bonnes & pieufes, & que les Princes & leurs fujets en feroient contens. Enfin, quand le Cardinal parla des nouveaux légats, Vilconti lui dit qu'aïant été nommez fur le champ après la mort du Cardinal de Mantouë, comme fon éminence le fçavoit, on ne devoit pas croire que le Pape eut été follicité à les choifir par le confeil & à la follicitation des autres ; & qu'ainfi il ne pouvoit pas fe perfuader que fa fainteté eut moins de bonne volonté & d'inclination pour lui, qu'elle en avoit toujours euë. Vifconti vit plus rarement le Cardinal de Lorrai

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