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l'examen

Pallavic.

Après qu'on eut opiné fur les vingt & un As. 1561. articles de la réformation, le deffein étoit de LI. paffer à l'examen de celui qui concernoit les On remet princes laïques; mais cet examen fut furfis, de l'article parce qu'on attendoit la réponse de l'empe- de la réfor reur. Le quatrième d'Octobre les ambaffadeurs mation des Vénitiens expoferent aux légats, que leur ré-princes. publique ayant toujours confervé dans leur entier la liberté & les immunitez de l'églife, elle' ut fup. liv. ne devoit point être comprise dans le décret qu'on préparoit pour la réformation des princes: Qu'ainfi ils demandoient qu'on differât de quelques jours, afin que le fénat pût les intruire de ce qu'ils devoient propofer touchant la confervation de leurs privileges & de leurs ufages.

Les Impériaux fe joignirent aux Vénitiens, & dirent qu'ils vouloient folemnellement interpeller le concile fur cette affaire, & que le fecretaire de l'ambaffadeur d'Efpagne expofât ́la demande en leur nom, comme en celui de fa nation

Ces demandes des ambaffadeurs eurent leur effet, & les légats faifant réflexion, qu'il étoit à craindre de vouloir toujours l'emporter, confentirent, quoique malgré eux, que l'on remettroit à un autre temps l'examen de l'article de la réformation des princes, & que cependant on célébreroit la feffion.

On nomma enfuite des peres pour dreffer les canons & les décrets, & deux jours après on reçut à Trente des lettres du nonce Delfino, & de l'empereur même; où l'on preffoit fortement les peres de terminer le concile, malgré les oppofitions des Efpagnols, & l'empereur promettoit d'appuier cet effet le concile de toute fon autorité. Le pape écrivit auffi dans le même fens, mais il recommanda beaucoup de ménager les ambaffadeurs de France, & le

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23. c. 3. n.

31. & 32.

AM.1563 hear du Ferrier en particulier, & exhorta à le gagner plûtôt par la douceur, que de rien faire qui pût juftement Paigrir; mais cette exhortation devenoit preique inutile: Le mal etoit fait, on avoit pouffe ces ambassadeurs à bout, & du Ferrier étoit déja forti de Trente fort inité pour aller joindre Pibrac à Venife Le feul parti qui leur reftoit à prendre étoit d'être relevez fur la réformation des princes laïques, ur laquelle ils vouloient faire quelques décrets. Ils en informerent le pape le feiziéme d'Otobre, & profiterent de cette occafion pour lui faire part des plaintes que l'on faifoit contre lui-même à Trente, au fujet de quelques benefices qu'il avoit conferez, & dans la collation de quels il avoit violé les décrets du concile. Voici ce dont il s'agiffoit.

LII.

conferez.

Pallav. ib.

Sur la propofition que le cardinal de LorPlaintes raine avoit faite dans un confiftoire, Alphon contre le fe Roffetto évêque de Comacchio avoit été pape fur quelques nommé à l'évêché de Ferrare par la démiffion benefices du cardinal d'Eft, mais on avoit réservé à cequ'il avoit lui-ci tous les revenus du bénéfice, excepté mille écus, & on lui avoit encore laiffé la colut fup. 1. lation des bénéfices dépendans de l'évêché de 23. c.4.n. Ferrare. Dans le même jour le cardinal qui n'avoit que vingt-cinq ans avoit été pourvû de l'églife d'Aufch par la démiffion d'Hippolite cardinal de Ferrare fon oncle, qui s'étoit retenu les mêmes droits que le neveu fur Ferrare, & peu après Hippolyte paffa encore de l'archevêché d'Aufch à celui de Narbonne.

12.

La promotion de ce jeune homme jointe à un trafic fi honteux de bénéfices, chagrina d'autant plus les peres du concile, qu'un fi mauvais exemple donné par le pape même, qui devoit être le protecteur & le défenfeur des canons, étoit capable de ruiner prefque tout le bien qu'ils avoient déja fait, & de mettre ob

ftacle

ftacle à celui qu'ils devoient faire. Ils s'en AN. 1563. plaignirent donc au pape même avec refpect, mais avec affez de force pour lui faire entir quel tort il caufoit par là au concile.

12.

Ex litteris

Le pape s'excufa fort mal, & répondit que LIII. le cardinal d'Eft avoit été déja juge propre à Réponfe l'églife de Ferrare, dont il joüifloit depuis les légats du pape à deux ans; qu'ainfi de ce côté-là il n'avoit pas fur ces eu befoin d'une nouvelle difpenfe; que pour plaintes. ce qui concernoit la retention des fruits de Pallav. ib. Péglife qu'il quittoit, le concile n'avoit encore ut fup. n. fait aucun décret là-deffus, & que le cardinal de Lorraine avoit rapporté, que cela dépen- Borrom. ad doit entierement du pape. Qu'il n'y avoit eu legat. 23. non plus aucune nouvelle difpenfe pour le car- O&ob. dinal de Ferrare, qui avoit feulement permuté l'archevêché d'Aufch pour celui de Narbonne, en s'engageant toutefois à renoncer à ce dernier ou à celui de Lyon, dont il étoit auffi l'adminiftrateur dans le tems déterminé par le concile, qui étoit de fix mois depuis le jour de la prife de poffeffion; qu'il ne jouif joit pas encore de Narbonne, & qu'on ne fçavoit pas quand il en joüiroit à caufe des Calviniftes: Que bien que le concile ne fût pas encore confirmé par le pape, il étoit expreffément marqué dans les conceffions du fyno. de, qu'elles ne dérogeroient en rien à aucun décret du faint fiege: Qu'au refte, le cardinal de Lorraine avoit pris toute cette affaire fur fon compte, offrant de la juftifier quand on le fouhaiteroit.

LIV.

Lettre de

La réponse de l'empereur au fujet du décret de la réformation des princes, arriva en- l'empereur fin à Trente, où elle fit d'autant plus de plai- qui facilite fir que ce prince levoit toutes les difficultez le décret que l'on avoit formées fur ce décret. Cette des prinréponse étoit adreffee au comte de Lune, Pallav.nt comme à celui qui avoit le plus accumulé fup. lib. 23r

V 4

les

ces.

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AN. 1563. les obftacles au décret en queftion, & l'empereur après lui avoir reprefenté avec force combien toutes les démarches violentes font à craindre, & combien toutes fes oppofitions, fes menaces, & fes proteftations étoient blâmables, il ajoute, qu'au refte il ne lui parloit pas ainti pour l'engager à faire quelque démarche qui ne plairoit pas à fon roi, mais feulement parce qu'il feroit très-fâché qu'une pareille affaire brouillát Philippe II. avec le Pape, dans un temps où la république Chrétienne avoit befoin que tous les Princes Catholiques fuffent bien unis; qu'il le prioit donc de tendre à une union parfaite, & de faire refléxion fur les expédiens qu'il alloit lui propofer pour accommoder ce differend, dont il efperoit que lui & les légats feroient contens; ce feroit, dit l'empereur, de déclarer en termes formels, que cette claufe, les légats propofans, ne donne aucune atteinte aux droits, reglemens & coutumes des conciles paffez, & de ceux qu'on pourroit affembler dans la fuite. Que fi l'on n'obtenoit pas cette déclaration, il fau droit ou preffer les légats d'y confentir, ou omettre tout-à-fait Particle de la réformation des Princes laïques, ou faire feulement mention, comme par maniere de récit, de ce en quoi ils font accusez de bleffer dans leurs états la liberté & l'immunité eccléfiaftique, en les avertiffant de fe réformer eux-mêmes làdeffus. L'empereur ajoute, qu'il y a des raifons très-fortes pour amener les légats à ce point. Qu'il eft évident, que non-feulement fui-même, mais auffi les François & les Efpagnols combattent vivement cet article qui leur eft fort à charge; qu'on doit avoir égard à leur oppofition, & ne pas s'expofer à irriter ceux, qui ont la fouveraine autorité dans Péglife Catholique, fur-tout le roi d'Espagne,

qui jufqu'à préfent s'eft appliqué avec tant de AN. 15631 gloire à conferver fes fujets dans l'obéissance dûë au faint fiége. Enfin fi le comte ne veut pas fe rendre à ces raifons, l'empereur lui propofe de protefter feulement en particulier devant les légats, & non pas publiquement en pleine congrégation; & il finit en offrant la médiation de fes ambaffadeurs pour terminer cette difpute.

Le roi des Romains, à qui le comte de Lune avoit pareillement écrit, le renvoïa à la réponse que lui faifoit l'empereur fon pere: fa lettre eft du quatorziéme d'Octobre.

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LV.

5. n. 17.

Dès le treiziéme on avoit remis aux peres un modéle de décret fur les mariages clandef- On retins, où l'on exigeoit pour la validité du ma- prend l'ar ticle des riage, la présence de deux témoins au moins, mariages & du curé, ou d'un autre prêtre commis par clandef lui, ou par l'ordinaire; on avoit auffi retran- tins. ché la claufe qui annulloit les mariages des en- Pallavic. fans de famille, fans le confentement des pa-" lib.23.cap rens. Le Pape avoit écrit qu'en fe regardant comme un particulier, il croïoit que l'églife avoit le pouvoir dont on difputoit, & que des perfonnes habiles, qu'il avoit confultées à Rome, penfoient de même. Cependant ceux qui étoient d'un fentiment contraire, fe donnoient de grands mouvemens pour faire décider conformément à leur opinion, entr'autres le cardinal Madruce; mais comme on étoit allé jufqu'à trois fois aux avis, qu'on avoit exactement pefé toutes les raifons, & que la matiere étoit amplement difcutée, les légats pour retrancher ces longues differtations, qui ne fervoient qu'à mettre la divifion parmi les peres, ordonnerent qu'on don neroit fon fuffrage en un mot par un placet, ou non placet, c'est-à-dire, nous le trouvons bon, ou nous ne l'approuvons pas. Ce qui

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