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AN. 1563.fut exécuté par le plus grand nombre le vingtfixiéme d'Octobre & continué le lendemain Mais fi la plupart fe contenterent en cette oc cafion de donner ou de refufer leur fuffrage, fans appuier leur fentiment de preuves, ils fe dédommagerent fur les articles de la réformation de la difcipline, & principalement fur les prérogatives des Archevêques au-deffus des évêques. LVI. Quarante évêques présenterent aux légats fur Ecrit préce fujet un écrit figné d'eux, 1. ns lequel ils fente aux demandoient qu'on abolît l'ufage d'obliger les Jégats par Jes eve- fuffragans d'aller tous les ans feconde fête ques con- de pâques ou eux-mêmes, leurs procure les ar reurs à l'églife métropolitaine; & pour montrer que ce n'étoit pas leur interêt propre qui Pallavi leur faifoit faire cette demande, ils proposebid. 4. 23.rent encore qu'on délivrât de ce même joug 5. 21.les archiprêtres & les curez à l'égard des évê

chevê

ques.

LVII.

ou par

ques, excepté le temps auquel on devoit tenir le fynode du diocèfe, ou quand l'évêque jugeroit à propos de les mander. Cet ufage, difoient-ils, ne tire fon origine que des fyno des que l'on avoit coutume de tenir plufieurs fois par an; on les a aboli, & l'ufage de fe préfenter ainfi tous les ans, quelque inutile & incommode qu'il foit, eft demeuré. Les légats pour concilier les efprits, nommerent deux évêques & deux archevêques qui accommoderoient cette affaire entre eux.

Les légats aïant ainfi tout reglé, ne sçaCe que le voient s'ils devoient avancer la feffion, ou atpape regla avec le car- tendre l'arrivée du cardinal de Lorraine, lorsdinal de qu'ils recurent un ordre du pape de ne rien Lorraine, faire fans cette éminence; le pape leur apprit touchant en même temps une partie de ce qui s'étoit paffe entre lui & le cardinal, & il parut qu'ils avoient été très-contens l'un de l'autre. Le cardinal écrivit en France les lettres les plus

Le concile.

obligeantes en faveur de Pie IV. il loüa fon AN. 1563. zéle pour la réformation, fon amour pour le Pallav. us bien de l'églife, & pria inftamment le roi de fup. lib. 23. France d'ordonner à fes ambaffadeurs de re- 2.* tourner inceffamment à Trente, & de s'y comporter avec plus de modération qu'aupa

ravant.

c.6. n. I.

Lorraine

Pour lui il fortit de Rome le vingtiéme LVIII. d'octobre, & le même jour le Pape écrivit à Départ du fes légats une lettre fort longue, dans laquel cardinal de le il marquoit que le cardinal de Lorraine l'a- de Rome, voit fatisfait au-de-là de ce qu'il en pouvoit & lettre du attendre, qu'il lui avoit beaucoup loüé la fa- pape à fes geffe & l'habileté des préfidens du concile, & legats. qu'il partoit plein de zéle pour le terminer. 11 Sup. c. 6. no. leur recommandoit de le traiter après fon ar- 2. & 3, rivée comme leur collégue, & de faire paroître auffi en partie la même eftime & la même confiance à l'égard du cardinal Madruce.

Le Pape mandoit encore aux légats qu'il fouhaitoit fort qu'on s'accordất fur l'article des mariages clandeftins, & que dans l'impoffibilité d'y réüffir, il falloit décider fuivant le plus grand nombre des fuffrages. Qu'il approuvoit, qu'on accordât aux évêques la faculté de difpenfer dans les chofes qui concernoient les mariages, & dans les autres cas occultes qui n'étoient pas du for contentieux; qu'on établit des loix de difcipline touchant les cardinaux, en gardant la proportion avec les eccléfiaftiques inferieurs; qu'on fît un décret pour defendre aux légats même à latere de conférer les bénéfices vacans dans les mois des évêques. Que les expectatives, c'eft-à dire, les conceffions du premier bénéfice, qui viendroit à vaquer dans quelque diocêse, les mandemens par lefquels on ordonnoit aux évêques de conferer ces bénéfices, qui vaqueroient dans leurs mois à une certaine perfonne; les V 6

Pallav. ut

AM. 1563. réserves par lefquelles le pape fe retenoit a nomination à certains bénéfices, & d'autres coutumes, fuffent ou reftraintes ou annullées au choix du concile: Que les premieres inftances des caufes fuffent laiffées aux ordinaires, à l'exception de quelques-unes plus graves, qu'à la fin du concile on reprît tous les décrets depuis qu'il avoit commencé fous Paul III. & qu'on en promît la confirmation au nom du pape : Que les légats affuraffent les prélats Espagnols qu'il étoit content de leur conduite, & que fi quelques-uns d'eux vouloient après le concile fe rendre à Rome, il les embrafferoit avec joie & les gratifieroit de bénéfices. Qu'ils marquaffent la même chofe à l'évêque de Modene, & aux autres prélats d'Italie, qui le croïoient prévenu contre eux à caufe du décret de la réfidence. Qu'ils priaffent l'archevêque d'Ottrante & l'évêque de Parme d'emploier tous leurs foins pour finir les affaires, & conclure au plûtôt le concile. Cette lettre fut envoïée le vingt-uniéme d'Octobre avec une autre du cardinal Borromée, qui expliquoit chaque article, & fatisfaifoit à ceux du mémoire que Visconti avoit apporté à Ro

LIX.

me.

Cependant pour empêcher le comte de LuLe pape ne de former de nouveaux obftacles, fur la fait une déclaration qu'il demandoit à l'occafion de la bulle fur claufe, les legats propofans, on crut que le la clause, les légats plus court expédient étoit que le pape publiât propofans. lui-même cette déclaration. C'eft pourquoi Pallav. ut on en dreffa differentes formules, qui revefup. lib. 23. noient toutes à la premiere que l'empereur a* 6. *. 5. voit/imaginée, par laquelle on déclaroit qu'en

vertu de ces paroles, on ne prétendoit point ajouter ou retrancher du droit que chacun avoit de demander, ou de parler, fans fe fervir du terme de propofer. Là-deffus, le pape

fit dreffer à Rome, fix differentes formules de AN. 1563 bulle pour être envoïées à fes légats, afin de choifir la plus convenable. Ils s'attacherent à la plus courte, & chargerent l'ambaffadeur de Portugal de la porter au comte de Lune, qui ne la voulut pas recevoir d'abord, n'y trouvant point ce qu'il demandoit; quoiqu'elle fût auffi ample qu'il pouvoit la fouhaiter, & qu'elle fût fort approuvée & du Portugais & des Imperiaux. Enfin, après beaucoup de mouvemens, l'on convint, que la déclaration ne feroit point faite par le pape, mais par le con

cile.

LX.

Les légats eurent encore d'autres conteftations à effuyer avec le comte de Lune fur l'ar- Contefta ticle des premieres inftances des causes: cet tion pour ambaffadeur vouloit que le décret fût conçu res inftan les premie de telle forte, qu'en exceptant l'autorité pon- ces des cautificale, il ne feroit néanmoins jamais permis fes entre le au pape de connoître d'aucune caufe en pre- comte de miere inftance, felon le droit ordinaire, mais Lune & feulement en dérogeant en termes exprès au Pallav. ib.. les légats décret du concile, quand il le voudroit. Mais c. 6. n. 6.. comme on ne jugeoit pas recevable un décret ainfi formé, les peres qui furent choifis au nombre de feize pour le dreffer, ni les évêques d'Aftorga & de Cindad Rodrigo ne voulurent point prendre de parti, & le comte de Lune protefta que fi le décret étoit tel qu'ils le projettoient, il ne fe trouveroit point à la feffion, & défendroit à tous les fujets du roi d'Espagne de s'y trouver.

Le pape

prononce

une fen

Pendant que ces chofes fe traitoient à Trente avec tant de chaleur entre les légats & les Efpagnols, le pape dans un confiftoire du tence con vingtiéme d'Octobre, fur le rapport du cardi- tre plunal Alexandrin grand Inquifiteur, à la requête fieurs évêdu procureur Fifcal, & de l'avis de tous les ques de cardinaux, avoit prononcé une fentence contre pects d'hé France fuf plu- réfic

y 1

2.7.

n. 6.

bift. de Fr.

1.6.p.160.

de l'édit.

lumes.

AN. 1563. plufieurs évêques citez à comparoître, & conPallav. ut tumacés pour crime d'hérefie. Ces évêques éfup. cap. 6. toient le cardinal de Châtillon, Odet de Coli"De Thou ligny, qui avoit fuivi le parti des Proteftans, & hift. 1. 35. que les fiens appelloient le comte de Beauvais parce qu'il étoit évêque de cette ville. Saint Daniel Romain archevêque d'Aix, Jean de Montluç évêque de Valence en Dauphiné, Jean Antoine Caraccioli fils du prince de Melphe évêque en fept vo de Troyes, Jean Barbançon évêque de Pamiers, Charles Guillart évêque de Chartres, Jean de faint Gelais évêque d'Ufez, & Louis d'Albret évêque de Lefcar. Quelques auteurs y joignirent Claude Regin évêque d'Oleron, & difent qu'on avoit deflein de punir de la même peine François de Noailles évêque de Dacqs, mais qu'aiant appris qu'il étoit en chemin pour l'Ita lie, on crut qu'il étoit jufte de lui laitier le moien de fe disculper lui-même, fuppofé qu'il voulût le faire. Ces évêques avoient été citez dès le mois d'Avril, mais la fentence ne fut prononcée que le vingtiéme d'Octobre: quel ques-uns d'entre eux furent déposez, & d'autres feulement fufpens.

LXII.

me pape

Une autre affaire, qui fit encore beaucoup Jugement d'éclat, & qui fut regardée comme un reffen prononcé timent du pape contre l'ambaffadeur de France, par le mê- fut la citation de Jeanne reine de Navarre, qui contre la profeffoit ouvertement l'herélie. Le pape après reine de avoir ecouté les accufations formées contre cetNavarre. te princeffe, s'étoit cru en droit de la citer à Pall. ibid. Rome, & ne lui avoit donné que fix mois pour lib.23.cap. comparoître & rendre compte de fa foi, & des De Thou crimes dont elle étoit accufée. En cas de refus de fa part, il l'avoit déclarée convaincuë, & ens conféquence déchuë de fon droit de fouveraineté, & dépouillée de fes états. Cette procedure auffi contraire en elle-même à la justice qu'aux libertez de l'églife Gallicane, êtoit manifeftée

6. n. 7.

ut fup.

dans

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