M. F. IL mis en chemin, quoique fort mal LYRICUS. pourvû d'argent,il fe rendit à Bafle l'an 1539. Simon Grynaus l'y reçur chez lui, & commença à l'inftruiredans les principes de la Theologic Proteftante. Après quelques mois de féjour dans cette ville, il en partit vers la fin de la même année, & paffsa à Tubinge, où Matthias Garbicius, fon compatriote, qui y profeffoit la langue Gréque, le logea, & lui procura tous les fecours qui lui étoient neceffaires, auffi bien que Joachim Camerarius & d'autres Savans. La ville de Wittemberg étoit alors le lieu où fe rendoient la plupart de ceux qui étoient dans le deffein d'abandonner l'Eglise Romaine. Flacius y alla en 1541. & s'y appliqua à la Theologie fous Luther & Melanchthon, fubfiftant de ce qu'il gagnoit à enfeigner les langues Gréque & Hebraïque à quelques jeunes gens. Il ne favoit cependant alors ces deux langues que fuperficiellement, & ce ne fut que par un travail affidu qu'il parvint à les poffeder plus parfaite ment. Après avoir été reçu Maître-ès- M. F. IxArts, il fe maria, & on lui donna LYRICUS. un emploi public dans l'Academie par ordre de l'Electeur, Jean Frederic, l'an 1544. Micralius s'eft trompé dans fon Syntagma Hiftoria Ecclefiaftica p. 751. en le faifant Profefleur à Wittemberg dès l'an 1540. La guerre ayant diffipé les Ecoles de la Saxe, Flacius fe retira à Brunsvic, & y acquit beaucoup de réputation par fes leçons. Lorfque les troubles furent appaifés, il retourna à Wittemberg l'an 1547. reprendre fon premier emploi. Peu de temps après il eut occafion de faire connoître fon caractere impetueux & turbulent, en s'oppofant de toutes fes forces à l'Interim, & en fe declarant l'adverfaire de tous ceux qui le foutenoient ou le toleroient. Ne pouvant avec ces difpofitions s'accorder avec Melanchthon, dont le Caractere doux & paifible étoit porté aux ménagemens & à la tolerance, il fortit de Wittemberg & alla demeurer à Magdebourg, qui étoit alors au ban de l'Empire, afin d'y déclamer plus librement, & fans A j M. F. IL-être obligé de garder de mesures, LYRICUS. contre la Religion Romaine. Il publia en cette ville divers Ouvrages, dont le plus confiderable fut une Hiftoire Ecclefiaftique, qui eft conhue fous le nom de Centuries de: Magdebourg, & à la compofition de laquelle il eut la principale part. Les Ducs de Saxe ayant établi une nouvelle Academie à Jene, Flacius y fut appellé en 1557. Il n'y avoit pas demeuré cinq ans, qu'il eut avec: Victorin Strigelius des difputes fur le libre Arbitre & fur le peché originel, qui l'obligerent d'en fortir. Les conteftations allerent fi loin entre ces deux Profeffeurs, que les Ducs de Saxe voulant les terminer, les firent difputer ensemble en leur prefence, & devant les principaux Miniftres du Pays. Cette difpute dura pendant treize Séances depuis le 2o jour d'Août 1560. jufqu'au 8e du même mois. Tous les deux alloient dans les extremités oppofées. Strigelius inclinoit du côté de ceux qu'on nommoit Adiaphoriftes & Synergiftes, qui donnoient beaucoup au libre Arbitre, & prétendoient que le peché Originel ne faifoit qu'effleu- M. F. Irer l'ame; Flacius au contraire foute- LYRICUS. noit que la fubftance même de l'ame avoit été corrompue par ce peché, qui par confequent étoit la fubftance même de l'ame. Ce dernier fentiment ayant été condamné par l'Affemblée, on en exigea la retractation de Flacius, qui ne put fe refoudre à la donner; ainfi il eut ordre de fe retirer avec fes difciples. Il fortit d'Jene le 9 Janvier 1562. & alla à Ratisbonne où il publia divers Ecrits, qui roulent principalement fur fon opinion touchant la Nature du peché. Il fut appellé en 1567. à Anvers & il y alla avec quelques autres de la Confeffion d'Ausbourg pour y établir des Eglifes de leur Créance mais il ne demeura pas long-tems en ce pays. Car les Eglifes qu'il avoient formées été détruites peu de temps après, tous les Miniftres qu'on avoit fait venir d'ailleurs furent congediés. ayant Il paffa donc à Strasbourg, d'où après quelque féjour il fe rendit à Francfort fur le Mein. Il y trouva M. F. IL- quelques Protecteurs; mais ayant LYRICUS. été accufé de Manicheifme, à caufe de fon fentiment fur la nature de l'Ame, il fe vit abandonné de la plûpart de fes partisans. Il mourut dans cette ville le 11 Mars 1575. âgé feulement de 55 ans. C'étoit un homme, qui avoit de grands talens, un efprit vafte, beaucoup de favoir; mais fon humeur turbulente, impetueufe & querelleufe gâtoit toutes ces bonnes qualités, & lui faifoit mettre le trouble dans fon parti. Que pouvoit-on attendre de bon d'un homme qui ne faifoit pas difficulté de dire qu'il falloit tenir les Princes en refpect, par la crainte des feditions? Ainfi l'on n'eut point fujet de regretter fa mort. Au refte malgré les opinions fingulieres qu'il a eues, & fon attachement rigide à fes fentimens, il y a plufieurs de fes Ouvrages, où l'on trouve des chofes fort utiles. Il auroit été à fouhaiter, qu'avec l'érudition qu'il avoit, il fe fût uniquement appliqué à compofer des livres d'Hiftoire Ecclefiaftique ou de Critique, fans fe jetter dans la Con |