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rendit donc fort difficile. Il demanda NoTHUS. d'abord que les Athéniens lui abandonnaflent toute l'Ionie; enfuite qu'ils yajoutaffent les îles voifines: & quand on lui eut accordé ces demandes, il exigea encore, dans une troifiéme entrevûe, qu'on lui permît d'équiper une armée navale, & de courir les mers de la Grèce, ce qui étoit formellement défendu par le célébre traité conclu fous Artaxerxe. Alors on rompit avec colére, & les Députés reconnurent qu'Albiciade les avoit joués.

Tiffapherne, fans perdre de tems, conclut un nouveau traité avec les Pé loponnéfiens. On y réforma ce qui avoit déplu dans les deux précédens. L'article, par lequel on cédoit à la Perfe généralement tous les pays que Darius actuellement régnant ou fes prédéceffeurs avoient poffédés, fut restraint aux provinces de l'Afie. Le Roi s'engagea à entretenir fur le pié ordinaire la flote des Lacédémoniens dans l'état où elle étoit actuellement, & cela jufqu'à l'arrivée de celle de Perfe: après quoi ils feroient tenus de l'entretenir eux-mêmes, s'ils n'aimoient mieux que le Roi la paiât, à

DARIUS Condition qu'ils le rembourseroient après la fin de la guerre. Le traité portoit qu'ils joindroient ensemble leurs forces pour faire la guerre ou la paix d'un commun accord. Tiffapherne pour tenir fa promeffe, manda la flote de Phénicie. Ce traité fut fait la treiziéme année du régne de Darius, & la vingtiéme de la guerre du Pélo ponnéfe.

Thugd. lib.

$94.

S. III.

Quatre cens hommes aiant été révétus dé toute l'autorité à Athénes, en abuseni tyranniquement. Ils font caffès. Alcibiade eft rappelle. Après divers accidens, plufieurs conquêtes confidérables, il retourne triomphant à Athènes, & eft nommé Généralissime. Il fait célébrer les grands mysteres ̧& part avec la flote.

pour

PISANDRE, de retour à Athènes 8. pag. 590- trouva les chofes bien avancées Plut. in A le changement qu'il avoit propofe en b. pag. 105. partant, & il y mit bientôt la derniére main. Pour donner une forme à ce nouveau gouvernement, il fit nommer dix Commiffaires avec un pouvoir abfolu, qui devoient pourtant,

dans un tems marqué, rendre compte NOTHUS, au peuple de ce qu'ils auroient fait. Quand ce tems fut expiré, ils convoquerent l'affemblée. On commença par ftatuer qu'il feroit permis à chácun de propofer ce qu'il lui plairoit, fans qu'on pût l'accufer d'avoir violé les loix, ni lui faire rien fouffrir en confequence. Enfuite il fut arrété qu'on formeroit un nouveau Confeil, qui feroit maître des affaires, & qui éliroit de nouveaux Magiftrats. Pour cet effet, on établit cinq Présidens, qui nommérent cent hommes dont ils faifoient partie; & chacun d'eux en choisit & en afsocia trois à sa volonté, ce qui faifoit en tout quatre cens, aux quels on donna un pouvoir abfolu. Mais pour amufer le peuple, & le confoler par une ombre de ombre de gouvernement populaire pendant qu'ils établiffoient une véritable Oligarchie, il fut dit que ces quatre cens appelleroient au Confeil cinq mille citoiens, quand ils le jugeroient à propos. Le Confeil,& les affemblées du peuple, fe tenoient à l'ordinaire mais rien ne fe faifoit pourtant que par l'ordre des Quatrecens. C'eft ainfi que le peuple d'Athénes fur dépouillé de fa liberté, dont il

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DARIUS jouiffoit depuis près de cent ans qu'il avoit aboli la tyrannie des Pisistratides.

Après que ce décret fut paffé fans contradiction, & que l'affemblée fut féparée, les Quatre-cens, armés de poignards, & accompagnés de fixvingts jeunes hommes, dont ils fe fervoient lorfqu'il faloit faire quelque exécution, entrerent dans le Sénat, & contraignirent les Sénateurs de fe retirer, après leur avoir paié ce qui leur étoit dû de leurs appointemens. Ils nommerent de nouveaux Magiftrats, tirés de leur corps, obfervant dans ce choix les cérémonies ordinaires. Ils ne jugerent pas à propos de rappeller les bannis, pour n'être point obligés de faire revenir Alcibiade, dont ils redoutoient l'efprit de domination & qui fe feroit bientôt rendu maître du peuple. Ufant tyranniquement de leur pouvoir, ils tuoient les uns, banniffoient les autres, & confifquoient impunément leurs biens. Tous ceux qui ofoient s'oppofer à ce changement, ou même s'en plaindre, étoient égorgés fous quelque faux prétexte, & on auroit été mal reçu à demander juftice des meurtriers. Les Quatre

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Thucyd. lib.

8. pag. 595

04.

Died. p. 165.

cens, auffitôt après leur établiffe- NOTHUS. ment, envoierent dix Députés à Samos, pour le faire agréer à l'armée. On y avoit déja appris tout ce qui s'étoit paffé à Athénes, & fur cette nouvelle les foldats étoient entrés en Plut. in Alfureur. Ils dépoferent fur le champ cib. pag. 205. plufieurs des Chefs qui leur étoient fufpects, & en mirent d'autres en leur place, dont Thrafyle & Thrafybule étoient les principaux & les plus accrédités. Alcibiade fut rappellé, & choifi par toute l'armée pour Géné raliffime. Ils vouloient dans le moment même faire voile vers le Pyrée, & aller attaquer les Tyrans. Mais il s'y oppofa, repréfentant qu'il faloit auparavant qu'il eût une entrevûe avec Tiffapherne, & que puifqu'on l'avoit élu Général, on pouvoit se reposer fur lui des foins de la guerre. Il partit fur le champ, pour fe rendre à Milet. Son principal deffein étoit de fe faire voir à ce Satrape avec toute la puiffance dont on l'avoit revétu, & de lui montrer qu'il étoit en état de lui faire beaucoup de bien & beaucoup de mal. Auffi arriva-t-il de là, que comme il avoit tenu en bride les Athéniens par Tiffapherne, il tint

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