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forts, & qui poursuivoient vivement NOTHUS. l'ennemi, les mit en fuite, les pouffa contre la terre ; & animé par ce fuccès, il brifa leurs vaiffeaux, & fit un grand carnage des foldats qui s'étoient jettés dans l'eau pour fe fauver à la nage, quoique Pharnabaze n'oubliât rien pour les fecourir, & qu'à la tête de fes troupes il fe fût avancé fur le rivage pour favorifer leur fuite, & pour fauver leurs vaiffeaux. Enfin les Athéniens, s'étant rendu maîtres de trente de leurs navires, & aiant repris ceux qu'ils avoient perdus, érigérent un trophée.

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Alcibiade, enflé de ce grand fuccès, AN.M.3596. eut l'ambition de vouloir paroître de- Av. J.C.408. vant Tiffapherne dans ce triomphant appareil, & de lui faire des préfens fort riches tant en fon nom, qu'au nom des Athéniens. Il alla donc le trouver avec un train magnifique, & digne du Général des Athéniens. Mais il n'en reçut pas l'accueil favorable qu'il avoit attendu. Car Tiffapherne, qui fe voioit accufé par les Lacédémoniens, & qui craignoit que le Roi ne le punît enfin de n'avoir pas exécuté fes ordres, trouva qu'Alcibiade s'offroit à lui fort à propos, le fit ar

DARIUS réter, & l'envoia prifonnier à Sardes, pour fe mettre à couvert par cette injuftice des accufations des Lacédémoniens.

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Trente jours après, Alcibiade aiant trouvé moien d'avoir un cheval, échapa à fes gardes, s'enfuit à Clazoméne ; & pour fe venger de Tilfapherne, il fema le bruit que c'étoit lui qui l'avoit relâché. De Clazoméne il fe rendit à la flote des Athéniens où Théramène le joignit avec vingt vaiffeaux de Macédoine, & Thrafybule avec vingt autres de Thafos. Il fit voile à Parium dans la Propontide, Tous les vaiffeaux, au nombre de quatre-vingts fix, y étant arrivés, il en partit la nuit, & arriva le lendemain matin à Proconnése, petite île vis-à-vis de Cyzique. Il apprit là que Mindare étoit à Cyzique avec Pharnabaze qui y avoit fon armée de terre. Il fe repofa tout le jour à Proconnéfe.Le lendemain il harangua fes foldats, & leur représenta la néceffité qu'il y avoit d'attaquer les ennemis par terre & par mer, & de fe rendre maîtres de Cyzique, leur faifant voir que fi leur victoire n'étoit entiére & complette, ils ne trouveroient ni vi

vres ni argent. Sa grande attention NOTHUS. avoit été que les ennemis ne puffent être avertis de fon approche. Par bonheur pour lui, une groffe pluie, accompagnée de furieux tonnerres, & fuivie d'une épaiffe obfcurité, lui fervit fi bien à cacher fon entreprisę, que non feulement les ennemis ne s'aperçurent pas qu'il approchoit, mais que les Athéniens mêmes, qu'il avoit fait embarquer avec précipitation, ne fentirent pas qu'on avoit levé l'ancre, & qu'ils étoient partis.

Quand l'obfcurité fut diffipée, on aperçut les vaiffeaux du Péloponnése, qui aiant pris un peu le large, s'exerçoient vis-à-vis du port. Alcibiade, qui craignit que les ennemis, voiant le grand nombre des vaiffeaux qui le fuivoient, ne gagnaffent la rade, ordonna aux Capitaines de demeurer un peu derriére, & de ne le fuivre que de loin; & prenant feulement quarante vaiffeaux, il va fe préfenter aux ennemis, & leur offre la bataille. Les ennemis trompés par ce ftratagéme, & méprifant fon petit nombre, s'avancent contre lui, & engagent le combat. Mais voiant arriver les autres vaiffeaux Athéniens, ils perdent

DARIUS Courage tout d'un coup, & prennent la fuite. Alcibiade fe détache alors avec vingt des meilleurs vaiffeaux, s'approche du rivage, met pied à terre, pourfuit vivement les fuiards, & en tue un fort grand nombre. Mindare & Pharnabaze s'oppofent inutilement à ses efforts : il tue le premier qui combattoit avec une valeur furprenante, & met l'autre en fuite.

Les Athéniens, par cette victoire qui les rendoit maîtres des morts, des armes, des dépouilles, & généralement de tous les vaiffeaux, & par la prife de Cyzique, s'affurérent non eulement la domination de l'Hellef pont, mais chafférent encore les Spartiates de toute cette mer. On furprit des lettres, par lefquelles ces derniers, avec une précision fort Laconique, donnoient avis aux Ephores du grand échec qu'ils avoient reçu. Elles étoient écrites en ces termes : La fleur de votre armée a péri, Mindare eft mort, le refte des troupes meurt de faim, &nous ne favons que faire ni que deve

nir.

Died. lib. Autant que la nouvelle du gain de 13. pag. 177- cette bataille répandit de joie a Athé nes, autant les Lacédémoniens en fu

179.

rent confternés. Ils envoiérent fur le NOTHUS. champ des ambaffadeurs, pour demander qu'on mît fin à une guerre également funefte aux deux peuples, & qu'on fît à des conditions raifonnables une paix qui rétablît entre eux. l'ancienne concorde & l'ancienne amitié, dont on avoit fenti pendant plufieurs années des effets fi falutaires. Tout ce qu'il y avoit de citoiens fages & fenfés à Athènes, étoient d'avis de profiter d'une conjoncture fi favorable, & de travailler à conclure un Traité qui finît toutes les jaloufies, qui appaisât tous les reffentimens, & qui guérît toutes les défiances. Mais ceux qui trouvoient leur avantage dans les troubles de l'Etat, empéchérent l'effet d'une fi heureufe difpofition. Cléophon entre autres, le plus fch. in accrédité des Orateurs de ce tems étant monté fur la Tribune aux harangues, anima le peuple par un difcours violent & féditieux, lui faisant entendre que par une fecrette intelligence avec les Lacédémoniens on trahiffoit fes intérêts, qu'on vouloit lui faire perdre tout le fruit de l'importante victoire qu'il venoit de remporter, & lui ôter pour toujours l'occafion de

orat. de falfa > legat.

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