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ARTAXAR- Ce Prince des Philofophes avec celle de nos faints Evêques qui ont fait tant d'honneur à la religion chré. tienne par la fublimité de leur génie, l'étendue de leurs connoiffances, la beauté & la folidité de leurs écrits; un faint Cyprien, un faint Augustin, & tant d'autres, qu'on voit tous mourir dans le fein de l'humilité, pleinement convaincus de leur indignité & de leur néant, pénétrés d'une vive crainte des jugemens de Dieu, & n'attendant leur falut que de fa pure bonté & de fa miféricorde toute gratuite. La philofophie n'inf pire point de tels fentimens : ils ne peuvent être l'effet de la grace que du Médiateur, que Socrate ne méritoit pas de connoitre.

LIVRE

LIVRE DIXIEME.

MOURS ET COUTUMES

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DES GRECS.

A PARTIE la plus effentielle de l'hiftoire, & qui doit le plus intéreffer les Lecteurs, eft celle qui fait connoitre le caractére & les mœurs tant des peuples en général, que des grands hommes en particulier dont il y eft parlé; & l'on peut dire que c'est là en quelque forte l'ame de l'hiftoire, au lieu que les faits n'en font que le corps. J'ai tâché, à mesure que j'en ai trouvé l'occasion, de tracer le portrait des plus illuftres perfonnages de la Gréce: il me refte maintenant à faire connoitre le génie & le caractére des peuples mêmes. Je me renferme dans ceux de Lacédémone & d'Athénes, qui ont toujours tenu le premier rang dans la Gréce; & je réduis à trois chefs ce que j'ai à dire fur cette matiére, qui font le Gouvernement politique, la Guerre, la Religion. Sigonius, Meurfius, Potterus, & Tome IV.

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plufieurs autres qui ont écrit fur les Antiquités Grecques, fournissent de grandes lumiéres & font d'un grand fecours fur la matiére qui me reste à traiter.

CHAPITRE

I'

PREMIER.

Du Gouvernement politique.

LY A trois principales efpéces de Gouvernement: la Monarchie, où un feul homme commande; l'Aristocratie,où ce font les anciens & les plus fages qui gouvernent; la Démocratie, où l'autorité eft entre les mains du peuple. Les plus célébres Ecrivains de l'antiquité, tels que Platon, Ariftote, Polybe, Plutarque, donnent la préférence à la premiére forte de gouvernement comme à celle qui renferme un plus grand nombre d'avantages, & où il fe trouve moins d'inconvéniens. Mais tous conviennent, & l'on ne peut le répéter trop fouvent, que la fin de tout gouvernement, & le devoir de quiconque en eft chargé, de quelque manière que ce foit, eft de travailler à rendre heureux & juftes ceux à qui il commande, en leur procurant d'un

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côté la fûreté, la tranquillité, les
avantages & les commodités de la
vie; & de l'autre, tous les fecours
qui peuvent contribuer à les rendre
vertueux.Comme le but d'un pilote,
dit Cicéron, eft de conduire heureu-
fement fon vaiffeau dans le port; ce-
lui d'un médecin, de conferver ou de
rétablir la fanté; celui d'un Général
d'armée, de remporter la victoire :
de même un Prince, & tout homme
qui commande aux autres
doit fe
propofer pour fin leur utilité, & fe
fouvenir que la loi fouveraine de
tout bon gouvernement est le bien
public: Salus populi fuprema lex efto. Cic. de Leg.
Il ajoute que c'eft la plus grande & la
plus noble fonction qui foit au mon-
de, que d'être préposé par fon état
pour faire le bonheur des peuples.

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Platon, en cent endroits, compte pour rien les qualités & les actions Îes plus brillantes dans ceux qui gouvernent, fi elles ne tendent à la double fin que je viens de marquer,

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lib. 3. n.8.

343.

qui eft de rendre les citoiens plus gens de bien & plus heureux; & il réfute fort au long, dans le premier Livre Pag. 338- de la République, un certain Thrafymaque, qui prétendoit que les fujets étoient nés pour le Prince, & non le Prince pour fes fujets ; & que tout ce qui étoit utile au Prince ou à la République, devoit être regardé comme jufte & honnête.

Dans le partage qu'on fait des différentes efpéces de gouvernement on convient que celui-là feroit le plus parfait, qui réuniroit en lui par un heureux mélange tous les avantages des autres, & qui en écarteroit tous Polyb. lib. 6. les inconvéniens ; & prefque tous les p. 458. 459. anciens ont cru que le gouvernement de Lacédémone étoit celui qui avoit approché le plus près de cette idée de perfection.

ARTICLE PREMIER. Du Gouvernement de Sparte. DEPUIS que les Héraclides étoient rentrés dans le Péloponnéfe, Sparte étoit gouvernée par deux Rois, toujours pris de deux mêmes familles qui defcendoient d'Hercule par deux branches différentes, comme je l'ai

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