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nes, après avoir été lontems fous les Rois, puis fous les Archontes, se mit en pleine poffeffion de la liberté, qui céda pourtant pour quelques années au pouvoir tyrannique des Pififtratides, mais qui bientôt après fut rétablie, & fubfifta avec éclat jusqu'à l'échec de Sicile & la prise d'Athénes par les Lacédémoniens, qui la fou mirent aux trente Tyrans, dont l'autorité ne fut pas de longue durée, & fit encore place à la liberté, qui s'y conferva au milieu de divers événemens pendant une affez longue fuite d'années, jufqu'à ce qu'enfin la puiffance Romaine eut fubjugué la Gréce, & l'eut réduite en pro vince.

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Je ne confidérerai ici que le gou vernement populaire, & j'y examinerai en particulier cinq ou fix chefs: le fonds du gouvernement tel que Solon l'établit; les différentes parties dont la République étoit compofée, le Conseil ou Sénat des Cinq-cens; les affemblées du Peuple ; les différens Tribunaux où fe rendoient les jugemens; les revenus ou finances de la République. Je ferai obligé de donner plus d'étendue à ce

qui regarde le gouvernement d'Athénes, que je n'ai fait pour celui de Sparte, parce que ce dernier eft pref

que fuffifamment connu parce qui en Tom 3. pagi a été dit dans la vie de Lycurgue.

S. I.

Fonds du Gouvernement d'Athénes établi par Solon.

513.

Plut. in Thef. p. 102

CE N'EST PAS Solon' qui le premier établit le gouvernement populaire à Athénes. Théfée, lontems auparavant, en avoit tracé le plan, & fi commencé le projet. Après avoir réuni les douze bourgs en une feule ville, il en partagea les habitans en trois Corps: celui des Nobles, à qui il confia le foin des chofes de la religion, & toutes les charges; celui des Laboureurs; & celui des Artifans. Il avoit prétendu établir quelque forte d'égalité entre ces trois Ordres. Car fi les Nobles étoient plus confidérables par leurs honneurs & par leurs dignités, les Laboureurs avoient l'avantage par l'utilité qu'on en tiroit, & par le befoin qu'on avoit d'eux; & les Artifans l'emportoient fur les deux autres Corps par leur

Plut. in So

nombre. Athénes, à proprement parler, ne devint un Etat populaire, que depuis qu'on établit neuf Archontes, dont l'autorité n'étoit que pour un an, au lieu qu'auparavant elle en duroit dix; & ce ne fut encore que plufieurs années après, que Solon, par la sagesse de ses loix, fixa & régla la forme de ce gouverne

ment.

Le grand principe de Solon fut lon. pag. 87. d'établir entre les citoiens, autant qu'il le pourroit, une forte d'égalité, qu'il regardoit avec raifon comme le fondement & le point effentiel de la liberté. Il réfolut donc de laiffer les charges entre les mains des riches comme elles y avoient été jufqueslà, mais de donner auffi aux pauvres quelque part au gouvernement dont ils étoient exclus. Pour cela, il fit une estimation des biens de chaque particulier. Ceux qui fe trouvérent avoir de revenu annuel cinq cens mefures tant en grains qu'en chofes liquides, furent mis dans la premiére Claffe, & appellés les Pentacofiomédimnes, c'est-à-dire qui avoient cinq cens mefures de revenu, La feconde Claffe fut de ceux qui en

avoient trois cens, & qui pouvoient nourrir un cheval de guerre: on les appella les Chevaliers. Ceux qui n'en avoient que deux cens, deux cens, firent la troifiéme, & on les nomma * Zengites. C'étoit dans ces trois Claffes feulement qu'on choififfoit les Magiftrats & les Commandans. Tous les autres. citoiens qui étoient au-deffous de ces trois Claffes, & qui avoient moins de revenu, furent compris fous le nom de Thétes, c'est-à-dire de mercénaires, ou plutôt d'ouvriers travaillant de leurs mains. Solon ne leur permit point d'avoir aucune charge & leur accorda feulement le droit d'opiner dans les affemblées & dans les jugemens du peuple : ce qui dans. les commencemens ne parut rien, mais fe trouva à la fin un très grand avantage, comme la fuite le fera connoitre. Je ne fai fi Solon le pré- 1d. pag. 110 vit: mais il avoit coutume de dire que jamais le peuple n'eft plus obéiffant ni plus fouple, que lorfqu'on ne lui donne ni trop ni trop peu de

* On croit qu'ils furent appellés ainfi, parce qu'ils tenoient le milieu entre les Chevaliers & les Thétes; comme dans les vaisseaux

les rameurs du milieu
étoient appellés Zugites :
ils étoient entre les Thala-
mites & les Thranites,

cap. 16.

Tacit. Hi-liberté : ce qui revient assez à cett Ror. lib. 1. belle parole de Galba, lorfque pour engager Pifon à traiter le peuple Romain avec bonté & douceur, il le prioit de fe fouvenir a qu'il alloit commander à des hommes qui n'étoient pas capables de porter, ni une pleine liberté, ni une entiére fervi

Plut. in A

tude.

Le peuple d'Athénes, devenu plus wifid. p. 332. fier depuis les victoires remportées contre les Perfes, prétendit avoir part à toutes les charges & à toutes les magiftratures; & Ariftide, pour prévenir les troubles aufquels une résistance opiniatre auroit pu donner lieu, crut devoir lui céder en ce Xenoph. de point. Il paroit cependant, par un endroit de Xénophon, que le peuple fe contenta des charges qui produi foient quelque émolument, & laissa entre les mains des riches celles qui avoient un raport plus particulier au gouvernement de l'Etat.

Rep. Athen. pag. 691.

Pollux. lib. Les citoiens des trois premiéres 9. cap. 10. Claffes paioient chaque année une certaine fomme pour être mife dans le tréfor public: ceux de la premié

a Imperaturus es ho- | fervitutem pati possunt, minibus, qui nec totam nec totam libertateme

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