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comme à Rome les cliens à leurs pa trons. Ils étoient tenus d'observer toutes les loix de la République, & d'en fuivre exactement toutes les coutumes. Ils paioient chaque année à Six livres. l'Etat un tribut de douze dragmes, & faute de paiement ils étoient réduits en fervitude, & expofés en Plut. in Fla- vente. Ce malheur penfa arriver à min. p. 375. Xénocrate, célébre philofophe, mais pauvre; & on le menoit déja en prifon: mais l'orateur Lycurgue, aiant paié fa taxe, le tira des mains des fermiers, nation de tout tems peu fenfible au mérite, fi l'on en excepte un petit nombre, Ce Philofophe, aiant rencontré peu de tems après les fils de fon Libérateur, leur dit: Je paie avec ufure à votre pere le plaifir qu'il m'a fait, car je fuis caufe que tout le monde le loue.

3. Des ferviteurs.

IL Y EN AVOIT de deux fortes. Les uns, qui étoient de condition libre, ne pouvant gagner leur vie par le travail de leurs mains, fe trouvoient obligés par le mauvais état de leurs affaires à fe mettre en fervitude: & la condition de ceux-là étoit plus honnête & moins pénible, Le service

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a des autres étoit contraint & forcé : c'étoient des efclaves, ou qu'on avoit fait prifonniers à la guerre, ou qu'on avoit achetés de ceux qui faifoient publiquement ce trafic. Ils faifoient partie du bien de leurs maîtres, qui en difpofoient abfolument, mais qui les traitoient pour l'ordinaire avec beaucoup de douceur. Démofthéne Philip. remarque dans une de fes harangues que la condition des ferviteurs étoit infiniment plus douce à Athènes que par tout ailleurs. Il y avoit dans cette Plut. in ville un afyle, un refuge, pour les ef. Thef. p. 176 claves, dans le lieu où l'on avoit enterré les os de Théfée; & cet afyle fubfiftoit encore du tems de Plutarque. Quelle gloire pour Théfée, que fon tombeau ait fait plus de douze cens ans après lui ce qu'il avoit fait lui-même pendant fa vie, & qu'il ait été le protecteur des opprimés!

Quand les efclaves étoient traités Plut.de fu avec trop de dureté & d'inhumanité pertic.p.166. ils avoient action contre leurs maîtres, qui étoient obligés de les vendre à d'autres fi le fait étoit bien prouvé. Ils pouvoient le racheter, même mal- Plaut.in gré eux, quand ils avoient amaffé une Cafi. fomme affez confidérable

pour cela.

Car de ce qu'ils gagnoient par le trai vail de leurs mains, après en avoir paié une certaine portion à leurs maî❤ tres, ils gardoient le refte pour eux, & s'en faifoient un pécule dont ils difpofoient. Les particuliers, lorfqu'ils étoient contens de leurs services, leur donnoient affez fouvent la liberté ; & cette grace leur étoit presque toujours accordée de la part du public, lorfque la néceffité des tems avoit obligé de leur mettre les armes entre les mains, & de les enrôler avec les citoiens,

La maniére humaine & équitable dont les Athéniens traitoient leurs ferviteurs & leurs efclaves, étoit un effet de la douceur naturelle à ce peuple, bien éloignée de l'austére & cruelle févérité des Lacédémoniens à l'égard des Ilotes, qui mit souvent leur République à deux doits de sa perte. Plutarque condanne avec beauPlut. in. Ca- coup de raifon une telle dureté. Il the p. 338. voudroit qu'on s'accoutumât à user

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toujours de bonté à l'égard des bêtes mêmes, ne fût-ce, dit-il, que pour apprendre par là à bien traiter les hommes, & pour faire une efpéce d'apprentiffage de douceur & d'hu

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manité. Il raconte à cette occafion un fait très fingulier, & bien propre faire connoitre le caractére des Athé niens. Après avoir achevé le temple qu'on nommoit Hecatonpedon, ils renvoiérent libres toutes les bêtes de charge qui avoient fourni à ce travail, & leur affignérent de gras paturages comme à des animaux confaerés. Et l'on dit qu'une de ces bêtes étant allée d'elle-même fe préfenter au travail, fe mettre à la tête de celles qui traînoient des charettes à la Citadelle, & marcher devant elles comme pour les exhorter & pour les encourager, ils ordonnérent par un Décret qu'elle feroit nourrie jufqu'à fa mort aux dépens du public.

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§. III.

Du Confeil on Sénat des Cinq-cens.

EN CONSEQUENCE des établisse mens de Solon, le peuple d'Athénes avoit une grande part & une grande au torité dans le gouvernement. On pou voit appeller à fon tribunal de tous les jugemens: il avoit le droit de caffer les Loix anciennes, & d'en établig de nouvelles en un mot toutes les

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affaires importantes, foit qu'elles regardassent la paix ou la guerre, fe décidoient dans les affemblées du peuple.Or afin que les décifions s'y fiffent avec plus de fageffe & de maturité, Solon avoit établi un Confeil compofé de quatre cens Sénateurs, cent de chacune des Tribus, qui étoient pour lors au nombre de quatre: & ce Confeil préparoit & pour ainfi dire digéroit les affaires qui devoient être portées devant le peuple, comme nous l'expliquerons bientôt plus au long. Clifthéne, environ cent années après Solon, aiant porté le nombre des Tribus jufqu'à dix, augmenta auffi celui des Sénateurs, & le fit monter à cinq cens, chaque Tribu en fourniffant cinquante. C'eft ce qui s'appelloit le Confeil ou le Sénat des Cinqcens. Ils recevoient leur honoraire du Tréfor public.

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Le choix en étoit confié au fort, pour lequel on fe fervoit de féves blanches & noires qu'on méloit & qu'on remuoit dans une urne; & chaque Tribu fourniffoit les noms de ceux qui afpiroient à cette charge, & qui avoient le revenu marqué par les loix pour y être admis. Il faloit avoir au moins trente ans pour y être reçu,

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