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C'étoient les Prytanes qui pour l'ordinaire assembloient le peuple. Quelques jours avant l'affemblée on affichoit des placars, où le fujet de la délibération étoit marqué.

Tous les citoiens avoient droit de fuffrage, les pauvres comme les riches. Il y avoit une peine contre ceux qui manquoient de fe trouver à l'af femblée, où qui y venoient tard: & pour engager les citoiens à s'y ren dre exactement, on y attacha une rétribution, d'abord d'une obole qui étoit la fixième partie d'une dragme, puis de trois oboles, quí faifoient cinq fols de notre monnoie.

L'affemblée commençoit toujours par des facrifices & par des prières, afin d'obtenir des dieux toutes les lumiéres néceffaires pour délibérer fagement; & l'on ne manquoit pas d'y joindre des imprécations terribles contre ceux qui confeilleroient quel que chofe de contraire au bien pu

Elic.

Le Préfident propofoit l'affaire fur laquelle on devoit délibérer. Si elle avoit été examinée dans le Sénat, & qu'on y eût formé un avis, on en faifoit la lecture; après quoi l'on in

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vitoit ceux qui vouloient parler à monter fur la Tribune, pour fe mieux faire entendre du peuple, & pour l'inftruire fur l'affaire propofée. C'étoient les plus anciens ordinairement qui commençoient à porter la parole, puis les autres à proportion de leur age. Quand les Orateurs avoient parlé, & conclu; favoir, par exemple, qu'il faloit approuver le Décret du Sénat, ou le rejetter: alors le peuple donnoit fon fuffrage, & la maniére la plus ordinaire de le donner étoit de lever les mains pour marque d'approbation, ce qui s'appelloit xerover. On voit quelquefois que l'affemblée étoit remise à un autre jour, parce qu'il étoit trop tard, & qu'on n'auroit pu diftinguer le nombre de ceux qui levoient ainfi leurs mains, ni décider de quel côté étoit la pluralité. Après que l'avis avoit été ainfi formé, on le rédigeoit par écrit, & un' Officier en faifoit lecture à haute voix au peuple, qui le confirmoit de nouveau en levant les mains comme auparavant ; & pour lors ce Décret avoit force de loi. C'eft ce qu'on appelloit poud du mot grec fe, qui fignifie caillon

petite pierre, parce qu'on s'en fervoit quelquefois pour donner fon fuffrage par fcrutin.

par.

Toutes les plus grandes affaires de la République fe difcutoient dans ces affemblées. C'eft là qu'on portoit de nouvelles loix, & qu'on réformoit les anciennes ; qu'on examinoit tour ce qui a raport à la religion & au culte des dieux; qu'on créoit les Magiftrats, les Commandans, les Officiers; qu'on leur faifoit rendre compte de leur geftion & de leur conduite; qu'on concluoit la paix ou la guerre; qu'on nommoit les Députés & les Ambaffadeurs ; qu'on ratifioit les traités & les alliances; qu'on accordoit le droit de bourgeoifie; qu'on ordonnoit des récompenfes & des marques d'honneur pour ceux qui s'étoient diftingués à la guerre, ou qui avoient rendu de grands fervices à la République; qu'on décernoit auffi des peines contre ceux qui s'étoient mal conduits, ou qui avoient violé tes loix de l'Etat, & qu'on banniffoit par l'Oftracisme. Enfin on y exerçoit la Justice, & on y rendoit des jugemens fur les affaires les plus impor tantes. On voit par ce dénombre

ment, qui eft encore très-imparfait, jufqu'ou alloit le pouvoir du peuple, & combien il eft vrai de dire que le gouvernement d'Athénes, quoique tempéré par l'ariftocratie & l'autorité des anciens, étoit par fa conftitution un gouvernement démocratique & populaire.

J'aurai lieu d'obferver dans la fuite de quel poids devoit être le talent de la parole dans une telle République, & combien les Orateurs y devoient être confidérés. On a de la peine à comprendre comment ils pouvoient fe faire entendre dans une affemblée fi nombreuse, & où il fe trouvoit une fi grande multitude d'auditeurs. On peut juger combien elle étoit nombreuse par ce qui en eft dit dans deux occafions. La premiére regarde l'Oftracifme & l'autre l'adoption d'un étranger pour citoien. Dans ces deux cas il faloit qu'il ne fe trouvât pas moins de fix mille citoiens dans l'affemblée.

Je réferve pour un autre endroit les réflexions qui naiffent naturellement de ce que j'ai déja raporté, & de ce qui me reste encore à dire fur le gouvernement d'Athénes.

6. VII.

Des Jugemens.

Rep. Athen.

IL Y AVOIT différens Tribunaux, felon la différence des affaires : mais on pouvoit appeller de toutes les ordonnances des autres Juges au Peuple, & c'eft ce qui rendoit fon pouvoir fi grand & fi confidérable. Tous Xenoph. de les Alliés, quand ils avoient quelque pag. 604. procès à vuider, étoient obligés de fe tranfporter à Athénes; & fouvent ils y demeuroient un tems confidérable fans pouvoir obtenir audience, à caufe de la multitude des affaires qu'il y avoit à juger. Cette loi leur avoit été impofée, pour les rendre plus dépendans du peuple, & plus foumis à fon autorité; au lieu que, fion eût envoié des Commiffaires fur les lieux, ils auroient été les feuls à qui les Alliés euffent fait la cour & rendu hommage.

Les parties plaidoient elles-mêmes leur caufe, ou emploioient le fecours des Avocats. On fixoit ordinairement le tems que devoit durer le plaidoier, & l'on fe régloit fur une horloge à eau, appellée en grec une↓úde. L'ar

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