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Be.

n'avoit remporté qu'une fote eftime
de lui-même, accompagnée d'une
parfaite ignorance; & il lui donne,
par
la bouche de Socrate, d'admira-
bles préceptés fur le métier de la
guerre, bien propres à former
excellent Officier.

un

La chaffe étoit regardée auffi par les anciens comme un exercice très propre à former les jeunes gens aux rufes & aux fatigues de la guerre. De Venatio- C'est pour cela que Xénophon, qui n'étoit pas moins bon guerrier que philofophe, n'a pas cru indigne de lui de compofer un traité particulier fur la chaffe, où il defcend dans le dernier détail; & il marque les avantages confidérables qu'on en tire, en s'accoutumant à fouffrir la faim, la foif, le chaud, le froid; & à n'être rebuté ni par la longueur de la courfe, ni par l'âpreté des lieux difficiles & des brouffailles qu'il faut fouvent percer,

ni

par le peu de fuccès des longs & pénibles travaux qu'on effuie quel quefois inutilement. Il ajoute que cet innocent plaifir en écarte d'autres également honteux & criminels; & qu'un homme fage & modéré ne s'y livre pas néanmoins jufqu'à négliger

lib. 2. p. 59◄

le foin de fes affaires domeftiques. Le cyrop. lib. 12 même auteur, dans la Cyropédie, pag. 5. 6. fait fouvent l'éloge de la chaffe, qu'il 60. regarde comme une étude férieufe de la guerre, & il montre dans fon jeune Heros le bon ufage qu'on en peut faire.

3. Des exercices de l'efprit.

ATHENES étoit, à proprement par ler, l'école & le domicile des beaux arts & des fciences. L'étude de la poéfie, de l'éloquence, de la philofophie, des mathématiques, y avoit une grande vogue, & étoit fort cultivée par la Jeuneffe.

On envoioit d'abord les jeunes gens chez des Maîtres de grammaire, qui leur apprenoient réguliérement & par principes leur propre langue qui leur en faifoient fentir toute la beauté, l'énergie, le nombre, & la cadence. De là ce goût rafiné qui étoit répandu généralement dans Athénes, Cic. in Brut. où l'hiftoire nous apprend qu'une Quintil. lib. fimple vendeufe d'herbes s'aperçut, 8. cap. 1. à la feule affectation d'un mot, que rid.p. 156. Théophrafte étoit étranger. De là cette crainte qu'avoient les Orateurs de bleffer par quelque expreffion peu

n. 172.

Put in Pe

concertée des oreilles fi fines & fi de licates. C'étoit une chofe commune parmi les jeunes gens d'apprendre par cœur les tragédies qui fe repréfentoient actuellement fur le théatre. Nous avons vu qu'après la déroute des Athéniens à Syracufe, plufieurs d'entre eux, qui avoient été faits prifonniers, & réduits en fervitude, en adoucirent le joug en récitant les piéces d'Euripide à leurs maîtres, lefquels, extrêmement fenfibles au plaifir d'entendre de fi beaux vers, les traitérent depuis avec bonté & humanité. Il en étoit de même fans doute des autres poètes, & l'on fait Plut. in Al qu'Alcibiade encore tout jeune sib. pag. 194. étant entré dans une école où il ne trouva point d'Homére, donna un foufflet au Maître, le regardant comme un ignorant, & comme un homme qui deshonoroit fa profeffion. Pour l'éloquence, il n'eft pas étonnant qu'on en fît une étude particuliére à Athénes. C'étoit elle qui ouvroit la porte aux premiéres charges, qui dominoit dans les affemblées, qui décidoit des plus importantes affaires de l'Etat, & qui donnoit un pouvoir prefque fouverain à ceux qui

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avoient le talent de bien manier la parole.

C'étoit donc là la grande occupation des jeunes citoiens d'Athénes, fur tout de ceux qui afpiroient aux premiéres places. A l'étude de la rhétorique ils joignoient celle de la philofophie: je comprends fous cette derniére toutes les fciences qui en font partie, ou qui y ont raport. Des hommes, connus dans l'antiquité fous le nom de Sophiftes, s'étoient acquis une grande réputation à Athénes, fur tout du tems de Socrate. Ces docteurs, également préfomptueux & avares, fe donnoient pour des favans accomplis en tout genre. Leur fort étoit la philofophie & l'éloquence: & ils corrompoient l'une & l'au tre par le mauvais gout & par les mauvais principes qu'ils infpiroient à leurs difciples. J'ai marqué dans la vie de Socrate, comment ce Philofophe entreprit & vint à bout de les décrier.

CHAPITRE SECOND.

DE LA GUERRE

S. L

Peuples de la Grèce de tout tems fort belliqueux, fur tout les Lacédémoniens & les Athéniens.

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UL PEUPLE de l'antiquité j'excepte les Romains ) ne peut le difputer aux Grecs pour ce qui regarde la gloire des armes & la vertu militaire. Dès le tems de la

guerre de Troie la Gréce fignala fon courage dans les combats, & s'acquit une réputation immortelle par la bravoure des Chefs qu'elle y envoia. Cette expédition ne fut pourtant, à proprement parler, que comme le berceau de fa gloire naiffante ; & les grands exploits par lefquels elle s'y diftingua lui fervirent comme d'effais & d'apprentiffage dans le métier de la guerre.

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Il y avoit dans la Gréce plufieurs petites Républiques, voilines les unes des autres par leur fituation mais extrêmement féparées par leurs

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