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commandemens, & aux premiéres dignités de la République. Plutarque obferve que Solon, Solon, voiant que territoire de l'Attique étoit ftérile, s'appliqua à tourner l'induftrie des citoiens aux arts, aux métiers, au trafic, , pour fuppléer par ce moien à ce qui manquoit au pays du côté de la fertilité. Ce goût devint un des principes du gouvernement & des loix fondamentales de l'Etat, & il fe perpétua dans les defcendans, mais fans rien diminuer de l'ardeur de ce peuple pour

la guerre.

La gloire ancienne de la nation, qui s'étoit toujours diftinguée par la bravoure militaire, étoit un puiffant motif pour ne pas dégénérer de la réputation de leurs ancêtres. La fameufe bataille de Marathon, où feuls ils avoient foutenu le choc des barbares, & remporté fur eux une vitoire fignalée, leur rehauffa infini ment le courage; & la journée de Salamine, au fuccès de laquelle ils eurent la plus grande part, mit le comble à leur gloire, & les rendit capables des plus grandes entreprises.

Une noble émulation pour ne point céder en mérite à Sparte rivale d'A

thénes, & une vive jaloufie de gloire qui pendant la guerre des Perfes fe tint dans de juftes bornes, furent encore pour les Athéniens un preffant éguillon, qui leur faifoit faire tous les jours de nouveaux efforts pour fe furmonter eux-mêmes, & pour foutenir leur réputation.

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Des récompenfes & des marques d'honneur accordées à ceux qui s'étoient diftingués dans les combats des tombeaux érigés aux citoiens qui étoient morts pour la défenfe de la patrie, des oraifons funébres prononcées en public au milieu des cérémonies les plus auguftes de la religion pour rendre leur nom immortel, tout cela contribuoit infiniment à perpétuer le courage dans l'une & l'autre nation, & à leur en faire comme une loi & une néceffité indif penfable.

Plat. in Me

Il y avoit à Athénes une loi qui or- Plat. in Sodonnoit que ceux qui auroient été lon. pag. 96. eftropiés à la guerre feroient nourris nex. p. 248. aux dépens du public. La même 249. grace Diag. Laërt. étoit accordée aux peres & meres auffi in Solon. pag. bien qu'aux enfans de ceux qui étant 37 morts dans le combat laifoient une famille pauvre & hors d'état de fub

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fifter. La République, comme une bonne mere, s'en chargeoit généreufement, & rempliffoit à leur égard tous les devoirs & leur procuroit tous les fecours qu'ils auroient pu at. tendre de ceux dont ils pleuroient la perte.

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Voila ce qui rempliffoit de courage les Athéniens, & ce qui rendoir leurs troupes invincibles , quoique d'ailleurs elles fuffent peu nombreufes. Dans la bataille de Platée, où l'armée des barbares, commandée par Mardonius, montoit au moins à trois cens mille hommes, & celle des Grecs réunis enfemble à cent huit mille deux cens; il n'y avoit dans celle-ci que dix mille Lacédémoniens, dont la moitié étoient Spartiates, c'est-à-dire habitans de Sparte, & huit mille Athéniens. Il est vrai que chaque Spartiate avoit ame né avec lui fept Ilotes, qui faifoient en tout trente-cinq mille hommes: mais ils n'étoient prefque point comptés comme foldats.

Ce mérite éclatant, en fait de courage guerrier, reconnu généralement par les autres peuples, n'étoupas dans leur efprit tout fenti,

foit

ment d'envie & de jalousie, comme il parut un jour par raport aux Lacédémoniens. Les Alliés, qui leur étoient beaucoup fupérieurs en nombre, fouffrant avec peine de fe voir foumis à leurs ordres,en murmuroient fecrettement. Agéfilas roi de Sparte, fans faire paroitre qu'il eût entendu leurs plaintes, affembla toute fon armée, & après avoir fait affeoir d'un côté tous les alliés enfemble, & de l'autre les Lacédémoniens feuls; il fit crier par un héraut que tous les ouvriers en fer, tous les maçons, tous les charpentiers, & ainfi des autres métiers, fe levaffent. Prefque tous les alliés fe levérent, & aucun parmi les Lacédémóniens, à qui tous les métiers étoient interdits. Alors Agéfilas en fouriant: « Voiez-vous, leur « dit-il, combien Sparte feule fournit « plus de foldats que toutes les autres ce villes enfemble? « voulant faire entendre par là, que, pour être bon foldat, il ne faloit être que foldat; que les métiers étoient des diftractions qui empéchoient l'artisan de se donner entiérement à la profeffion des armes & à la fcience de la guerre, & d'y réussir aussi bien que ceux qui A a iiij

cr

en faifoient leur unique exercice. Mais Agéfilas parloit & agiffoit ainsi par l'opinion avantageufe qu'il avoit de l'éducation Lacédémonienne. Car, dans le fond, ceux qu'il ne vouloit faire regarder que comme de fimples artifans, montroient bien par les éclatantes victoires qu'ils remportérent contre les Perfes & contre Sparte même, qu'ils ne cédoient aucunement aux Lacédémoniens, tout foldats qu'ils étoient, ni en valeur, ni en fcience militaire.

§. III.

Differentes fortes de

troupes

dont les ar

mées des Lacédémoniens & des Athéniens étoient composées.

LES ARME'ES, tant à Sparte qu'à Athénes étoient compofées de quatre fortes de tronpes : citoiens, alliés, mercénaires, efclaves. On imprimoit quelquefois aux foldats une marque fur la main pour les diftinguer, à la différence des efclaves à qui ce caractére étoit imprimé fur le front. Les Interprétes croient que c'eft par allufion à cette double coutume qu'il eft marqué dans l'Apoca

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