Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Diodore remarque que le peuple lui- NOTHUS même porta la jufte peine de fon crime, les dieux l'aiant livré peu de tems après, non à un feul maître, mais à trente Tyrans, qui le traitérent avec la derniére cruauté.

369.

On reconnoit au naturel, dans le Plat. in Arécit que je viens de faire, ce que c'eft xich. p. 368. qu'un peuple; & Platon, à l'occafion de ce même événement, en fait en peu de mots une peinture bien vive & bien reffemblante. Le peuple, dit-il, eft un animal inconftant, ingrat, cruel, jaloux, incapable de fe laiffer conduire par la raison. Et cela n'est pas étonnant, ajoute-t-il, puifque c'eft comme la lie d'une ville, & un affemblage informe de tout ce qu'on y trouve de plus mauvais.

Ce même récit nous fait connoitre ce que peut la crainte fur l'efprit des hommes, même de ceux qui paffent pour les plus fages, & combien il y en a peu qui foient capables de foutenir la vue d'un danger & d'une difgrace préfente. Quoique dans le Sénat la juftice de la caufe des Généraux accusés fût clairement connue, du moins par le

Ο Δήμος αψίκορον, αχά- | ἀπαιδευτον. βιςον, εμὸν, βάσκανου,

Tome IV.

D

[ocr errors]

DARIUS plus grand nombre; dès qu'on parle de colére du peuple, & qu'on fait gronder de terribles menaces, ces graves Sénateurs, dont la plupart avoient commandé les armées, & qui tous s'étoient fouvent expofés aux plus grands périls de la guerre, fe rangent dans le moment du côté de la calomnie prouvée & de l'injuftice la plus criante qui fut jamais. Preuve éclatante qu'il y a un courage très-rare, & infiniment fupérieur à celui qui porte tous les jours tant de milliers d'hommes à affronter dans les combats les plus terribles dangers!

Entre tous ces Juges, un feul, véritablement digne de fa réputation, c'eft le grand Socrate, dans cette trahifon & cette perfidie générale, demeure ferme & inébranlable; & quoiqu'il fache que fon fuffrage & fa foible voix ne fera d'aucun fecours pour les accufés, c'eft un hommage qu'il croit devoir à l'innocence opprimée, &a il trouve qu'il eft indigne d'un homme de bien de fe livrer par crainte & lâcheté à la fureur d'un peuple aveugle & forcené. Voila jufqu'où la

2 Ου γαρ ἐφάινετό μοι | συνεξάρχειν, συμνόν δημοι καινομένω

[ocr errors]

en

justice peut être abandonnée. On juge NOTHUS. bien qu'elle ne fut pas mieux défendue devant le peuple. De plus de trois mille citoiens qui compofoient l'affemblée deux feulement prirent la défense, Euriptolemus & Axiochus Platon nous en a confervé les noms, & il a donné celui du dernier au dialogue, d'où j'ai tiré une partie de mes réflexions

La même année que fe donna le AN.M.3598. combat des Arginufes, Denys s'em-'Av.J.C. 406. para de la tyrannie en Sicile. Je différe à en parler dans le Volume fuivant, où je rapporterai de fuite l'hiftoire des Tyrans de Syracufe.

§. VI.

Lyfandre commande la flote des Lacédémoniens. Cyrus eft rappellé à la Cour par fon pere. Lyfandre remporte près d'Argos-potamos une célébre victoire contre les Athéniens.

454.

Diod. lib. 13.

APRES la défaite des Arginufes,les af- Xenoph. Helfaires des Péloponnéfiens étant allées len. lib. 2. p. en décadence, les alliés, appuiés en Plut. in Lyf cela du crédit de Cyrus, envoiérent P. 436. 437. une ambaffade à Sparte, pour de- pag. 223. mander qu'on donnât encore le commandement de la flote à Lyfandre,

AN.M.3599.
Av.J.C.405.

DARIUS avec promeffe de fervir avec plus d'affection & de courage s'il les commandoit. Comme il y avoit à Sparte une loi qui défendoit que le même homme fût deux fois Amiral, les Lacédémoniens, qui vouloient faire plaisir aux alliés, donnérent le titre d'Amiral à un certain Aracus, & envoiérent avec lui Lyfandre, à qui ils ne donnérent en apparence que le titre de ViceAmiral, mais qu'ils revétirent en effet de toute l'autorité de l'Amiral même. Tous ceux qui dans les villes avoient le plus de part au gouvernement, & y étoient le plus en crédit, le virent arriver avec une extrême joie, fe promettant tout de fon autorité pour achever de détruire par tout la Démocratie. Son caractére complaifant pour fes amis, & indulgent pour toutes leurs fautes, accommodoit bien mieux leurs vûes ambitieufes & injuftes, que l'austére équité de Callicratidas. Car Lyfandre étoit un homme profondément corrompu, & qui faifoit gloire de n'avoir nul principe fur la vertu & fur les devoirs les plus facrés. Il ne faifoit aucun fcrupule d'emploier en tout la rufe & la fourberie. Il n'eftimoit la justice qu'autant qu'el

le pouvoit lui fervir ; & quand elle ne NOTHUS. favorifoit point fes intérêts, il lui préféroit fans héfiter l'utile, qui chez lui étoit le feul beau & le feul honnête,

perfuadé que la vérité n'avoit, par fa nature, nul avantage fur le menfonge, & qu'il faloit mefurer le prix de l'une & de l'autre au profit qui en revenoit. Et pour ceux qui lui repréfentoient que c'étoit une chofe indigne des defcendans d'Hercule d'emploier le dol & la fraude, il s'en moquoit ouvertement. Car, difoit-il, par tout où la peau du lion ne peut atteindre, il faut y coudre la peau du renard.

On raporte de lui un mot, qui marque bien le peu de compte qu'il faifoit de fe parjurer. Il avoit coutume de dire * qu'on amufoit les enfans avec des offelets, & les hommes avec les fermens, montrant par une irréligion fi déclarée qu'il faifoit encore moins de cas des dieux que de fes ennemis. Car celui qui trompe par un faux ferment, déclare ouvertement par là qu'il craint fon ennemi

[merged small][ocr errors]

,

appellent tricher) au jeu
des offelets. & les hom-
mes dans les fermens.
ExEUS THE Taidas
aspagánors, Tos ♣ årdpas
Epxois BERTH TOY.

« AnteriorContinuar »