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DARIUS mais qu'il méprife Dieu.

Xenoph. Hel

Ici finit la vingt-fixième année de

len. lib. 2. p. la guerre du Peloponnése. C'est dans

454.

cette année que le jeune Cyrus, ébloui
de l'éclat du commandement auquel il
étoit peu accoutumé, & jaloux des
moindres marques d'honneur qui
pouvoient relever fon rang & fon au-
torité, découvrit par une action écla-
tante le fecret de fon cœur. Elevé dès
l'enfance dans la maifon régnante
'nourri à l'ombre du trône parmi les
foumiffions & les profternemens des
gens de Cour, entretenu de longue
main, par les difcours d'une mere am-
bitieufe qui l'idolatroit, dans le defir &
l'efpérance de la roiauté, il commen-
çoit déja à en exercer les droits & à
en exiger les refpects avec une hau-
teur & une rigidité qui étonnent.
Deux Perfes de la famille roiale, fes
coufins germains, & dont la mere
étoit fœur de Darius fon pere, avoient
manqué de fe couvrir les mains de
leurs manches en fa préfence, felon
le cérémonial qui ne s'observoit qu'à
l'égard des Rois de Perfe. Cyrus, cho-
-qué de cette omiffion comme d'un
crime capital, les condanna à mort,
& les fit impitoiablement exécuter à

les

pa

Sardes. Darius, aux piés de qui
rens vinrent se jetter pour lui deman-
der juftice, fut fort touché de la mort
tragique de fes deux neveux, & regar-
da cette action de fon fils comme un
attentat contre lui-même, à qui feul
cet honneur étoit dû. Il prit la réfolu-
tion de lui ôter fon gouvernement, &
il le manda à la Cour fous prétexte
qu'étant malade il avoit envie de le voir.
Avant que de partir pour s'y rendre,
Cyrus fit venir Lyfandre à Sardes, &
lui remit en main de groffes fommes
d'argent pour paier fa flote, lui en pro-
mettant encore davantage pour l'ave-
nir. Et, par une oftentation de jeune
homme , pour lui faire voir com-
bien il avoit envie de lui faire
plaifir, il l'affura que quand le
Roi fon pere ne lui fourniroit rien,
il lui donneroit plûtôt du fien propre ;
& que fi tout venoit à lui manquer, il
feroit fondre fon trône d'or & d'ar-
gent maffif,fur lequel il s'affeioit
rendre la justice. Enfin, fur le point de
partir, il lui donna le pouvoir de re-
cevoir les tributs & les revenus des
villes, lui confia le gouvernement de
fes provinces, & l'embraffant il le
conjura de ne point donner de bataille

pour

NOTHUS.

DARIUS en fon abfence s'il n'étoit fupérieur en force, parce que le Roi ni lui ne manquoient pas de pouvoir ni de volonté pour le rendre plus puiffant que fes ennemis ; & il lui promit, avec les affurances les plus fortes de fon affection, de lui amener grand nombre de vaiffeaux de la Phénicie & de la Cilicie.

Xenoph. Hel

455-458.

pag.437-44c.

Diod. lib. 13.

Après le départ de ce Prince, Lylen, lib. 2. Pfandre tourna du côté de l'Hellefpont, Plut. in Lyf & mit le fiége par mer devant LampId. in Alcib. faque. Thorax s'y étant rendu en mê pag. 212. me tems avec fes de terre, troupes pag.223-226. donna l'affaut de fon côté. La ville fut emportée de force, & Lyfandre l'abandonna au pillage. Les Athéniens, qui le fuivoient de près, mouillérent au port d'Eléonte dans la Cherfonnéfe avec cent quatre-vingts galéres. Mais fur la nouvelle de la prife de Lampfaque, ils allérent promtement à Sefte & après s'y être fournis de vivres, ils firent voile,en remontant le long de la *La riviére côte, jufqu'à un lieu appellé * Argospotamos, où ils s'arrétérent vis-à-vis des ennemis qui étoient encore à l'ancre devant Lampfaque. L'Hellefpont n'a pas dans cet endroit deux mille pas de largeur. Les deux armées fe voiant

de la chevre.

fi proche, toutes les troupes ne penfé- NOTHUS. rent qu'à fe repofer ce jour-là, dans l'efpérance que dès le lendemain on en viendroit à une bataille.

Mais Lyfandre rouloit un autre deffein dans fon efprit. Il commanda à fes matelots & à fes pilotes de monter fur leurs galéres, comme fi effectivement on eût dû combattre le lende main à la pointe du jour, de fe tenir là, & d'y attendre fes ordres dans un profond filence. Il commanda de même à fon armée de terre de se tenir tranquillement en bataille fur la côte en attendant le jour. Le lendemain, dès que le foleil fut levé, les Athé niens commencérent à voguer contre eux avec toute leur flote fur une ligne, & à les défier. Lyfandre, quoique fes galéres fuffent bien rangées en bataille les proues tournées contre l'ennemi fe tint en repos, & ne fit aucun mouvement. Sur le foir les Athéniens s'en étant retournés, il ne permit à fes foldats de defcendre à terre qu'après que deux ou trois galéres, qu'il avoit envoiées à la découverte, furent de retour, & qu'elles eurent raporté qu'elles avoient vû débarquer les ennemis. Le lendemain on fit la même mancu

DARIUS Vre, le troifiéme jour encore, & juf qu'au quatrième. Cette conduite, qui montroit de la réferve & de la timidi té, augmenta extrêmement la confiance & l'audace des Athéniens, & leur infpira un grand mépris pour une armée, que la crainte, felon eux, empéchoit de paroitre & de rien tenter.

Sur ces entrefaites, Alcibiade, qui étoit près de là, montant à cheval, vint trouver les Généraux Athéniens, & leur repréfenta qu'ils fe tenoient fur une côte fort défavantageufe, où ils n'avoient ni ports, ni villes voifines; qu'ils étoient obligés de faire venir avec beaucoup de peine & de danger deurs provifions de Sefte; & qu'ils avoient grand tort de fouffrir que les gens de l'équipage, dès qu'ils étoient a terre, s'éloignaffent & s'écartaffent chacun de fon côté, pendant qu'ils voioient vis-à-vis d'eux une flote ennemie, accoutumée à exécuter avec une promte obéiffance & au plus léger fignal les ordres du Général. Il offroit même de venir attaquer par terre les ennemis avec de nombreuses troupes de Thrace, & de les forcer de combattre. Les Généraux, fur tout Tydée & Ménandre, jaloux du com

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