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HISTOIRE ROMAINE

DEPUIS LA FONDATION

DE ROME

JUSQU'A LA BATAILLE
D'ACTIUM.

LIVRE PREMIER.

AVANT-PROPOS.

E N'AI PAS befoin d'aver tir,en commençant l'Hif toire Romaine, que les années qui ont précédé la fondation de Rome, & celles même qui l'ont fuivie pendant un efpace de tems affez confidéra ble, contiennent quelques événemens Tome I.

A

dépourvus de toute vraisemblance, & qui ont plus l'air de récits fabuleux inventés à plaifir, que de faits hiftoriques fondés fur de fidéles mémoires. On fait que l'Antiquité, curieufe du beau & de l'éclatant, a coutume, pour relever la naissance des grandes Villes & des puiffans Etats, d'y jetter du merveilleux, & d'y faire intervenir quelque divinité qui en confacre l'origine, & la rende refpectable à tous les fiécles. Tous ceux qui ont fait paffer l'Hiftoire de Rome jufqu'à nous, Ecrivains d'ailleurs trèsfenfés & très-judicieux, n'ont pas cru pouvoir s'écarter de cette régle, & ont mélé dans leurs écrits des faits & des événemens dont ils fentoient bien l'abfurdité & la fauffeté, mais qu'une tradition a populaire transmise de fiécle en fiécle, & auffi ancienne que Rome même, les obligeoit de refpecter jufqu'à un certain point, en les donnant néanmoins pour ce qu'ils étoient. Car ils ont eu foin de nous avertir de tems en tems du cas que nous en devions faire, en nous mar

quant

a Fame rerum ftan- | derogat vetuftas fidem, dum eft, ubi certam Liv. lib. 7. cap. 6.

quant le jugement qu'ils en portoient eux-mêmes: & Tite-Live, dès le commencement de fon Hiftoire, déclare a qu'il n'a deffein ni d'affirmer ni de réfuter tout ce qui fe difoit d'extraordinaire & de merveilleux au fujet de Rome. Il fe contente de dire, que, s'il eft permis à quelque peuple de confa crer fon origine en la raportant à une divinité, telle eft la gloire, telles les conquêtes du peuple Romain, que,. s'il fe donne pour pére à lui-même & à fon Fondateur le Dieu de la guerre, les autres nations ne doivent pas être moins difpofées à lui accorder ce privilége, qu'elles l'étoient à fe foumettre à fon empire. Ces fortes de fables, quand même les Hiftoriens auroient

a Quæ ante conditam condendamve urbem, poëticis magis decora fabulis, quam incorruptis rerum gef tarum monumentis traduntur, ea nec affirmare,nec refellere,in animo eft. Datur hæc venia antiquitati, ut,mifcendo humana divinis, primordia urbium auguftiora faciat. Et, fi

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paru

cui populo licere oportet confecrare origines fuas, ea belli gloria eft populo Romano,ut, cum fuum condi torifque fui parentem Martem potiffimùm ferat; tam & hoc gentes humanæ patiantur æquo animo; quàm imperium patiuntur. T. Livius in Proemio,

paru les recevoir & les embraffer, ne donnent aucune atteinte à la vérité des faits parmi lesquels elles font mélées, & ne doivent pas rendre fufpect ni douteux le fond même de l'hiftoire, Memoi- comme Mr. l'Abbé Sallier l'a démonres de tré dans plufieurs Démonftrations. des Bel- Avant que de venir à l'hiftoire mêles - Let-me de Rome & de fa fondation, je tres,Tom. raporterai dans le premier Chapitre

l'Acad.

VI.

ce que Denys d'Halicarnaffe nous apprend des tems qui l'ont précédée, mais en l'abrégeant extrêmement, parce que ces faits anciens font peu intéreffans & en cela je fuivrai l'exemple de Tite-Live, qui n'a fait que les montrer & les parcourir légére

ment.

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