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CHAPITRE PREMIER.

HISTOIRE

SOMMAIRE

de ce qui s'eft paffé dans l'Italie avant la fondation de Rome.

S. I.

Anciens Peuples qui ont d'abord habité dans l'Italie. Evandre. Hercule. Latinus. Enée arrive en Italie. Il épouse la fille de Latinus, & bâtit Lavinium. Guerre contre Turnus & contre Mézence. Afcagne fils d'Enée bâtit Albe la Longue. Suite des Rois d'Albe.

S!

Halic

Tit.Liv.

I l'on en croit Denys d'Halicar- Dionyf. naffe, Rome tiroit fon origine des Antiq. Grecs. Ce qui eft certain, c'eft que Rom. lib. plufieurs Colonies Grecques vinrent 1. pag.1en différens tems s'établir dans le La- 57. tium, ou dans les pays voisins, dont lib. 1. les premiers habitans connus s'appel- cap.1-3, loient Sicules, nation barbare, née dans le pays même, c'eft-à-dire dont l'hiftoire ne marque point l'origine. Quelques-uns croient que les Aborigénes, dont defcendent les Romains, A 3 étoient

étoient nés aussi dans l'Italie, & qu'ils furent ainfi nommés comme étant enfans de la terre même, c'eft-à-dire qu'ils en tiroient leur origine.

Beaucoup d'années avant le fiége de Troie, des Arcadiens, qui avoient pour Chef Enotrus, vinrent prendre un établiffement en Italie: elle fut pour lors appellée notrie.Italus dans la fuite, l'un des descendans d'Enotrus, lui donna fon nom, qu'elle a retenu dès le commencement. Porcius Cato le Cenfeur, & plufieurs autres Auteurs célébres, prétendent que les Aborigénes defcendoient de ces Arcadiens.

Dans la fuite une troupe de Pelafgiens, nés dans le Péloponnéfe, & qui habitoient pour lors la Theffalie, contraints d'abandonner leur pays, fe réfugiérent chez les Aborigenes. Ces deux peuples, aiant uni enfemble leurs forces, chafférent les Sicules, qui habitoient le pays où Rome depuis fut bâtie. Ceux-ci fe retirérent dans une Ile voifine, appellée Trinacrie à caufe de fes trois promontoires, & poffédée en partie par les *Sicaniens, peuple,venu d'Espagne. Cette Ile fut depuis

nommée Sicile.

Soi

*C'est ce que marque Denys d'Halicarn. Liv.1.p.17.

1244.

Soixante ans ou environ avant la AN. M. guerre de Troie, Evandre, banni du 2760. Péloponnefe, arriva avec fes Arcadiens Av. J.C. en Italie. Faunus, qui régnoit alors fur les Aborigénes dans la petite contrée d'Italie apellée Latium, les reçut avec bonté, & leur donna autant de terrain qu'ils en voulurent : ils étoient en petit nombre. Ils y formérent un petit village, auquel ils donnérent le. nom de Palantium, en inémoire de leur ancienne patrie qui portoit ce nom dans l'Arcadie. Les Romains l'appellérent depuis Palatium d'où

fut nommé le mont Palatin. Evandre fuccéda à Faunus.

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Quelques années après l'arrivée de ces Arcadiens en Italie, Herçule y arriva à la tête d'une armée confidérable, pour se rendre maître de ce pays, après avoir déja fubjugué l'Ibérie. Il avoit vaincu & tué Geryon, à qui les Poétes ont donné trois corps, parce qu'il étoit maître de trois grands Roiaumes en Espagne. Il amena avec lui les beufs de ce Prince, qui étoient d'une beauté finguliére. Tout le monde connoit l'audace & la mort funefte de Cacus; avanture fi bien chantée par Virgile,

A 4

Virgile, & que Tite-Live n'a pas dédaigné d'inférer dans fon Hiftoire. Ce fameux brigand vola à Hercule une partie des beufs de Geryon, & fut affommé par ce Héros. Evandre commandoit alors en ces lieux, plutôt honoré comme un homme rare, qu'obéi comme un Souverain. L'art * d'écrire, prodige inouï pour des peuples à qui tous les arts étoient inconnus, le fefoit refpecter. Mais rien ne lui attiroit davantage la vénération de ces peuples groffiers, que la réputation de ** Carmenta fa mere, qui paffoit pour une. divinité. Elle avoit été l'oracle de ces nations, avant que la Sibylle arrivât en Italie. Evandre, qui prétendoit avoir entendu lontems auparavant de la bouche de Carmenta qu'il étoit dans les destinées, qu'un Hercule fils de Jupiter & d'Alcméne feroit mis au nombre des dieux, n'eut pas plutôt entendu le nom de celui qui venoit de tuer Cacus, qu'il voulut être le premier à lui rendre les honneurs divins, & à méri

*Il apprit à ces peuples l'ufage des lettres Grecques, qui font les premiers caractéres

dont fe fervirent les anciens Latins. **Les Grecs l'appelloient Thémis.

mériter par là fa protection. Il lui érigea un autel à la hate, & après lui avoir fait part des prédictions de l'Oracle, il immola à son honneur un jeune taureau.

Il fut arrété, fur la prière d'Hercule, & par le confentement de toute la nation, qu'on célébreroit à perpétuité tous les ans une pareille folennité felon les rits Grecs, qu'il prit foin luimême de leur apprendre, aiant choifi dans cette vûe deux des plus nobles familles, celle des Potitiens & celle des Pinariens, pour préfider à cette cérémonie. Nous verrons dans la fuite comment les Positiens périrent, pour avoir, dit-on, voulu fe décharger de ces cérémonies fur des efclaves publics. Les Pinariens fubfiftoient encore du tems de Cicéron. Hercule, en quittant l'Italie, y laiffa quelques-uns des peuples Grecs qu'il avoit amenés avec lui,qui s'unirent avec les Aborigénes,& vécurent avec eux dans la même ville en fi bonne intelligence, qu'on les eût pris pour une même nation.

2822.

Environ cinquante-cinq ans après AN. M. la retraite d'Hercule, Latinus, qui Av. J.C.. paffoit pour fils de Faunus quoiqu'il 1182.

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