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vinité difpofe de tout dans le gouvernement de l'Univers; que c'est elle qui diftribue aux hommes, felon fon bon plaifir, l'efprit, la raifon, la prudence, la fermeté d'ame, le cou& toutes les autres qualités d'où dépend le fuccès des entreprifes, il étoit convenable qu'ils imploraffent la Puiffance Célefte d'où émanent tous ces dons avantageux, & que par des confultations religieuses ils tâchaffent d'en découvrir les arrangemens & les volontés, pour en mériter la protection. Heureux, fi avec de telles difpofitions, ils avoient connu le vrai Dieu!.

On ne peut croire combien cette conviction de la Divinité, qu'ils croioient être présente & présider à tout, gravée profondément dans l'ame encore tendre des enfans par l'éducation, par l'inftruction, par les difcours des parens, & fur tout par la vûe des cérémonies publiques feloit dans la fuite une vive impref. fion

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fion fur leurs efprits. La fainteté des fermens, qui fe font comme fous les yeux de la Divinité, ne fut nulle part refpectée comme à Rome. Les foldats, quelque mécontens & emportés qu'ils fuffent, n'ofoient quitter leur Généraux, parce qu'ils s'étoient liés à eux par le ferment. Dans une longue fuite de fiécles, perfonne ne donna jamais au Cenfeur une fauffe déclaration de fes.. biens. La religion arrétoit la fougue des grandes paffions. Elle rendoit les hommes plus dociles & plus. foumis à l'autorité légitime. C'étoit un lien qui uniffoit étroitement les titoiens d'une même ville, les fujets d'un même Etat. En un mot, c'étoit le plus puiffant motif qu'on pût emploier pour infpirer du courage dans les combats & dans les dan gers.

Cicéron rend fur ce sujet un témoignage glorieux à fa nation. » Nous

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a Nous avons beau nous Aater, », dit-il, nous ne nous perfuaderons › jamais à nous-mêmes que nous ›› l'emportions, ni par le nombre fur les Efpagnols, ni par la for», ce du corps fur les Gaulois, ni » par l'habileté & la fineffe fur les Carthaginois, ni par les arts & les. sciences fur les Grecs.. Mais l'en,, droit par lequel nous avons incon-.. ,, testablement furpaffé tous les peuples & toutes les nations, c'eft la » pieté, c'est la religion, c'est l'in,, time persuasion où nous avons » toujours été qu'il y a des dieux » qui conduifent & gouvernent l'U›› nivers.

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APRES LES DIEUX, ce que Amourde la par les Romains avoient de plus cher,tries

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a Quàm volumus li- una fapientia, quòd cet ipfi nos amemus: ta- deorum immortalium men nec numero Hif-numine omnia regi gupanos, nec robore Gal-bernarique perfpexilos, nec calliditate Pa- mus, omnes gentes nanos, nec artibus Græ- tionefque fuperavi-cos,.... fed pietate, ac mus. De Harufp, refp. religione, atque hacin. 19.

étoit la patrie. L'affection pour le lieu qui a donné la naiffance, ek naturelle à tous les hommes: mais il femble que ce fentiment avoit quelque chofe de plus animé & de plus vif dans les Romains, que dans aucune autre nation. Ils a étoient toujous prêts à tout entreprendre & à tout fouffrir pour fon falut. Biens, repos, vie, gloire même, amis, parens, enfans, ils fe croioient obligés de lui tout facrifier. Et il ne faut pas s'en étonner, ni juger des dif pofitions du Peuple Romain par celles des autres peuples. A Rome chaque particulier avoit part au gouvernement: il avoit un intérêt perfonnel à la profpérité de l'Etat, d'où dépendoient fa fureté & fon bonheur. Les fuccès publics étoient fon ouvrage, parce qu'il y avoit

a Pro qua (patria) mori, & cui nos totos dedere,& in qua noftra omnia ponere & quafi confeerare debemus. a. de Leg.n.5.

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Cari funt parentes, cari liberi, propinqui, familiares: fed omnes omnium caritates patria una complexa est, 1. Offic. n. 57.

contribué par différentes voies: par la fageffe de fes confeils dans les dé libérations, par la fermeté de fon courage dans les combats, par le choix des Généraux d'armée & des Magiftrats dans les Affemblées. Or il eft naturel d'aimer fon ouvrage, de s'applaudir avec complaifance fur le fuccès de fes entreprises, & de s'intéreffer vivement à la conferva tion de tout ce qui nous appartient, & de tout ce que nous poffedons Les Romains trouvoient tout cela dans le falut de leur patrie; & c'est pour conferver tous ces avantages qu'ils facrifioient tout pour elle.

Aucun mauvais traitement ne pouvoit étoufer dans leur cœur cet amour que la nature y avoit imprimé dès leur naiffance, & que l'éducation avoit bien fortifié. On leur inculquoit dès les premières années de l'enfance, qu'un fils ne peut jamais s'acquitter de ce qu'il doit à une mére, quand même elle oublie

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