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main, quoique fimple particulier, parut plus grand que le Prince. Quand la puiffance Romaine fe fut confidérablement aggrandie, les Rois, avec toute leur pompe, étoient petits devant un fimple Sénateur. Popilius étonna par fon air de hauteur & de fierté le puifAntio- fant Roi de Syrie qui fe préparoit chusEpiphane, à conquérir l'Egypte, en l'obligeant de lui rendre une réponse positive

avant que de fortir du cercle étroit. qu'il avoit tracé autour de lui. Qu'eft ce donc qui pouvoit les faire ainfi refpecter par ceux-là même devant qui tous les mortels ont coutume de trembler ? Ils étoient fans train & fans équipage, & plufieurs même d'entr'eux fefoient gloire de la pauvreté. Qui: mais leurs grandes actions, leur réputation perfonnelle, celle du Corps dont: ils fefoient partie, marchoient avant eux, & leur tenoient lieu de corége. Cette autorité, à laquelle

tout

tout ce qu'il y a de plus grand dans le monde rendoit hommage, étoit l'autorité de la vertu même & du mérite, inhérante à leur perfonne, & bien différente de celle qui naît feulement du pouvoir donné par : la République. Etant nés dans l'empire, & nourris dans les triomphes, tout ce qui partoit d'eux avoit un caractére de nobleffe, qui les distinguoit.

Et lorfque Rome, devenue plus puiffante, eut porté au loin fes armes victorieuses, aiant vû dès leur enfance traîner des Rois captifs par les rues, & d'autres Rois fupplians & folliciteurs venir en perfonne demander juftice, & attendre à la porte du Sénat leur bonne ou leur mauvaise fortune; de tels

spectacles leur avoient rehauffé infi

niment l'ame, en mettant fous leurs piés en quelque forte les couronnes des Souverains, & toute la majesté des trônes. Et ils foutenoient merveil

b 6

veilleufement un fi haut perfonnage par leur conduite & par leurs fentimens. Car leur grandeur n'étoit point appliquée fur leur fortune : elle avoit racine en eux, elle tenoit à leur efprit & à leur cœur.

Voila ce qu'étoit le Sénat. C'eft à lui que Rome devoit toute fa puiffance & toutes les conquêtes.. Outre que c'étoit de fon fein qu'on tiroit tous les Généraux & tous les Commandans, c'étoit là que fe formoient les grandes entreprises, que fe prenoient les généreufes réfolutions, que fe traitoient les impor tantes affaires de l'Etat avec un fecret & une fageffe qu'on a peine à Liv. lib. comprendre. Une délibération au 42. cap. fujet de Perfée dernier Roi de Macédoine, tenue dans une Compagnie de trois cens hommes, demeura fecrette pendant quatre ans entiers, & l'on ne fut ce qui s'y étoit paflé que lorsque la guerre fut achevée.

14.

Quelle

Quelle reffource pour une nation, fi l'on en connoiffoit l'avantage, qu'un Conseil toujours subfistant, où, par une tradition vivante, fe confervent fans altération & fans dépériffement les anciennes maximes & l'efprit, pour ainfi parler, de l'Etat ! C'eft la plus jufte idée qu'on fe puiffe former du Sénat de Rome. Quand a à la place des Rois, dont le pouvoir defpotique, fous le dernier Tarquin, étoit devenu infupportable, on eut créé des Magiftrats annuels, le Sénat fut regardé dès lors comme le Confeil public & perpétuel de la République, & comme devant être le

gar

dien

a Cüin regum ponis auctoritate uti ma→ teftatem non tuliffent giftratus, & quafi mini (majores noftri,) ita ftros graviffimi confi magiftratus annuos cre- lii effe voluerunt: Seaverunt, ut confiliuin natum autem ipfum Senatus reipublicæ proximorum ordinum proponerent fempiter- fplendore confirmari, num.... Senatum reip. plebis libertatem & cuftodem, præfidem, commoda tueri atque propugnatorem collo augere voluerunt, Cic. caverunt. Hujus ordi- pro Sext, n, 1:37.

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Maximes & coutu

mes lou

tablies

dès le

com

dien des Loix, l'ame des délibé rations, le défenfeur de la liberté & des intérêts du Peuple. L'autorité, à proprement parler, du moins celle qui vient de la prudence & de la fageffe, réfidoit dans cet augufte Corps. Elle paffoit de là, & étoit communiquée aux Magistrats,qui en étoient comme les miniftres; & les autres Ordres de la République contribuoient à relever le mérite & la gloire du Sénat. En un mot, étoit le fidéle dépofitaire des principes de politique de l'Etat.

il

ON VERRA dès les commen

cemens

,

comme je l'ai déja obserables évé, un plan de gouvernement formé fous les Rois mêmes, & fortifié enfuite fous les Confuls, dont jamais Rome ne s'écarta je parle des grands principes de politique.

mencement.

tion con.

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Atten- Lorfque le menu peuple fut détinuelle chargé de tout impôt, le Sénat, en

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