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mis par la force des armes, eft de leur faire goûter notre gouvernement. Mais quelque réfolution que vous preniez, il faut qu'elle foit promte. Le Sénat n'hésita point, & fuivit le parti de la douceur que le difcours du Conful lui avoit insinué affez clairement. Rome en fut bien récompenfée par la fidélité conLiv. lib. ftante que les Latins lui gardérent 23. cap. dans tous les tems, & en particu lier après la bataille de Cannes, après laquelle prefque toute l'Italie ayant pris le parti du vainqueur, les Latins demeurérent inviolablement attachés aux Romains, & leur donnérent par là le moien de fe relever de leur perte.

12.

Quelques fois les Romains, pour jetter la fraieur parmi les peuples, affectoient de laiffer dans les villes prises des exemples terribles de févérité, & de paroitre impitoiables à qui attendoit la force pour se rendre mais, & par principe de :

po

litique,

fitique, & par leur panchant naturel, ils inclinoient beaucoup plus vers la clémence. Virgile a parfaitement représenté ce double caractére des Romains par ce beau vers connu de tout le monde :

Parcere fubjectis, & debellare fuperbos;

Epargner les Peuples qui fe foumettent, & brifer ceux qui réfiftent.

res du

de l'Hi

J E PASSE infenfiblement aux Qualités vertus guerriéres du Peuple Ro- guerriémain. Je ne les toucherai que lé- Peuple gérement, d'autant plus que j'en Romain, ai parlé ailleurs avec quelque éten-Tome XI. due. Tout confpiroit à leur infpi-toire anrer une ardeur martiale. Les guer-cienne. res continuelles qu'ils eurent à foutenir contre leurs voifins, leur rendirent le métier des armes néceffaire & familier. Le labour, qui fefoit leur occupation ordinaire, les préparoit merveilleufement aux

exercices militaires. Le a rude travail de la campagne endurcit & fortifie le foldat, au lieu que la ville n'eft propre qu'à l'amollir. Nulles fatigues ne rebutent des mains qui paffent de la charrue aux armes. Jeuneffe On a peine à croire ce que les AuRomai- teurs nous difent des foldats Ro

ne en

de bon

durcie mains. On les accoutumoit à faire ne heure en cinq heures vingt, & quelqueaux tra- fois vingt quatre milles de chemin, aux fati- c'est-à-dire au moins fix ou fept

vaux &

gues. Veget.

lib. I.

lieues. Pendant ces marches on

leur fefoit porter des poids de foixante livres. On les entretenoit dans l'habitude de courir & de fauter tout armés. Combien les jeunes Romains s'endurciffoient-ils par les excrcices du champ de Mars, où, après de longues courfes à pié & à cheval, ils fe jettoient pleins de fueur dans le Tibre, & le paffoient à la nage!

a Fortior miles ex confragofo venit: fe

Voila

recufant manus, quæ ad arma ab ara ro

gnis eft urbanus & ver- transferuntur. Senec, Nullum laborem | Epi. 51.

na.

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Voila dequoi ils fe piquoient, & voila ce qui formoit des foldats & des Officiers. La a Jeuneffe Romaine dit Sallufte, dès qu'elle étoit en état de porter les armes, apprenoit le métier de la guerre en s'exerçant dans le camp aux plus rudes travaux. Elle fe piquoit, non de donner des repas, ou de fe livrer aux plaisirs, mais d'avoir de belles armes & de beaux chevaux. Auffi nulles fatigues ne laffoient de tels hommes, nulles difficultés ne les rebutoient, nul ennemi ne leur infpiroit de la fraieur. Leur courage les rendoit fupérieurs à tout. Nul

tus,

a Jamprimum juven, armatus hoftis formifimul ac belli pa- dolofus: virtus omnia tiens erat,in caftris per domuerat. Sed gloriæ laborem ufu militiam maxumumcertamen indifcebat: magifque inter ipfos erat. Quifque decoris armis & mili- hoftem ferire, murum taribus equis, quàm afcendere, confpici in fcortis atque con- dum tale facinus face. viviis, lubidinem ha- ret, properabat. Eas bebat. Igitur talibus vi- divitias, eam bonam ris non labor infolitus, famam, magnamque non locus ullus afper nobilitatem putabant. aut arduus erat, non I Salluft. in beil. Catil.

Emulation jet

Nul combat plus vif & plus animé pour eux que celui de l'émulation qui les portoit à se disputer les uns aux autres le prix de la gloire. Fraper l'ennemi, efcalader une muraille, fe faire diftinguer par quelque action hardie, c'étoit-là toute leur ambition, c'est par où ils cherchoient à fe faire eftimer, c'est en quoi ils croioient que confiftoit la véritable nobleffe.

Les foldats endurcis de la forte jouiffoient ordinairement d'une fanté robufte. On ne remarque pas, dans les Auteurs, que les armées Romaines, qui fefoient la guerre en tant de climats, pérîffent beaucoup par les maladies : au lieu qu'il arrive fouvent aujourd'hui que des armées, fans avoir combattu, fe fondent, pour ainfi dire, dans une campagne.

On ne fe contentoit pas d'endurtée par cir les corps: on fongeoit encore

mi les

troupes plus à inspirer du courage. Les

actions

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