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Les plus grands malheurs, les per tes les plus defefpérantes, n'étoient point capables d'abbattre leur courage, ni de leur faire admettre aucune condition de paix baffe & deshonorante. C'étoit une loi fondamentale de la politique Romaine, dont jamais le Sénat ne s'est dépar ti, de ne rien accorder par force; & dans les conjonctures les plus triftes, les foibles confeils, loin de prévaloir, n'étoient pas même écou Dionyf. tés. Dès le tems de Coriolan, le Halicarn. Sénat déclara qu'on ne pouvoit faipag. 509 re d'accord avec les Volfques, tant qu'ils refteroient fur les terres des Romains. Il en ufa de même à l'égard de Pyrrhus. Après la fanglante bataille de Cannes, où plus de cinquante mille Romains demeurérent fur la place, il fut résolu qu'on ne préteroit l'oreille à aucune propofition de paix. Le Conful Varron qui avoit été caufe de la défaite, fut reçu à Rome comme s'il eût

lib. S.

Varro

peravit.

eût été victorieux, parce que dans Paulum un fi grand malheur il n'avoit point puduit, defefpéré des affaires de la Républi- non defque. C'est ainfi qu'au lieu de dé Flor. courager le Peuple par un exemple de févérité placé mal-à propos, ces généreux Sénateurs lui appre noient par leur exemple à fe roidir contre la mauvaise fortune, & à & à In adprendre dans les difgraces la fierté verfis qu'inspire aux autres la profpérité. fecundæ UNE feule chofe pouvoit, ce fortunæ femble, apporter obstacle aux con- Liv. quêtes du Peuple Romain: c'é- Incon toit a l'espace trop borné du Con- du ch nfulat, qui fouvent ne laiffoit pas à de Gené

vultum

gerere.

vénient

gement

un Général le tems d'achever une raux récompen guerre qu'il avoit commencée, une fe par bonne partie de l'année fe paffant d'autres quelquefois à en faire les prépa- ges. ratifs.

c 4

omnibus, fed domini

a Poft tempus ad bel- | folùm impedimentis la ierunt: ante tempus, comitiorum caufa, revocati funt: in ipfo

rerum temporumque,
trahunt confiliis cunc-

conatu rerum circum- ta, non fequuntur. Liv.
egit fe annus: At, her-lib. 9. cap. 18.
cule, Reges, non liberi

avanta

ratifs. Il faut l'avouer : c'étoit un grand inconvénient. Les Rois, en ce point, ont un avantage bien confidérable. Non feulement affranchis de tout obftacle, mais encore maîtres des affaires & des tems, ils entraînent tout par leurs projets, & ne font eux-mêmes af fujettis à rien. On remédioit à cet inconvénient comme on le pouvoit, en continuant quelquefois le commandement au Général fous le titre de Proconful, ou lui continuant le Confulat même ; de quoi il n'étoit jamais fûr, rien n'étant plus incertain que le fuccès des Affemblées : La crainte d'un plus grand danger rendoit néceffaire le changement de Généraux dans une République jaloufe à l'excès de fa liberté comme étoit celle de Rome: S'ils étoient lontems demeurés à la tête des armées, ils auroient pu envahir toute l'autorité, & fe rendre maîtres de l'Etat, comme cela

arriva fous Céfar dans les derniers tems de la République. Sa ruine vint de la prorogation du commandement des armées.

A cet inconvénient près du changement de Généraux, dont la République étoit dédommagée par une infinité d'avantages, tout la conduifoit à de grandes conquêtes, mais, par des progrès lents & mefurés : la conftitution de fon gouvernement, ses excellens principes de politique, la nature de ses troupes, l'habileté de fes Généraux, & fur tout la conftance du Sénat à se tenir inviolablement attaché aux anciennes maximes d'Etat.

teur des

le falut

HEUREUSEMENT les prof La lenpérités des Romains, comme je l'ai conquédéja observé, ne furent point rapi- tes a été des, ce a qui n'auroit pas manqué de l'Etat d'affoiblir les vainqueurs en les corrompant, & de les ruiner par leur

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Caufe de

Paltéra

mœurs anciennes.

propre grandeur. Elles leur laifférent le tems de fe fortifier dans les bons principes de probité, d'équité, de modération', de defintéreffement, d'amour du bien public; & de porter par des guerres qui fe fuccédoient l'une à l'autre, & par une continuelle habitude de vaincre, l'habileté dans la fcience militaire au plus haut point de perfection où elle pouvoit parvenir.

Mais enfin le poifon de la profzion des périté prévalut, & altéra les mœurs qui n'avoient pas moins contribué à l'aggrandiffement de Rome, que les grands talens de fes Généraux. Les concuffions & les violences lon-tems ignorées, commencérent à s'introduire parmi les Magiftrats Romains, dont la retenue avoit été l'admiration de toute la terre. La a

ruine

jorum mores, non paulatim ut antea, fed torrentis modo præcipita

a Difcordia & avari- | Ex quo tempore ma tia, atque ambitio, & cetera fecundis rebus oriri fuera mala, poft Carthaginis excidium ti, Salluft, in fragm. axume aucta funt,....

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