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combattre le Baron de Beaufremont; le Sire de Couci, le Châtelain de Fajel; le Grand Sénéchal des Barres, le Noble de Vienne; & le Maréchal du Mez, le Preux de Vergi. On donna le fignal. Auffi-tôt les quatre Affaillans & les quatre Tenans, partirent au fon des Trompettes & autres Inftrumens de Guerre. Ils fe choquerent fi rudement dans le milieu de la Lice, que les Lances volerent en éclats. Ils en prirent de nouvelles des mains de leurs Ecuïers mais elles eurent le même fort. Dans l'inftant que chaque Parti prenoit une demi volte pour mettre l'épée à la main & fe charger de nouveau, le Hérault leur cria, de la part du Duc, de n'aller pas plus avant, & de venir recevoir fes ordres. Ils obéirent. Les Affail

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lans parurent en fa présence, en relevant, avec une inclination refpectueufe, la vifiere de leurs Cafques. Le Duc de Bourgogne leur donna des louanges très-flateuses, mais conçûës en termes bien ménagez, pour ne pas bleffer la délicateffe des Tenans, à peu près dignes des mêmes Eloges; après quoi Hugues, adreffant à tous la parole, leur dit: Que les fuites de ces Combats, où il n'entroit aucune animofité, devenoient quelquefois trop fâcheufes; que les Dames étoient encore effraïées du péril qu'ils avoient couru; qu'il falloit les raffurer & les divertir par des Jeux moins dangereux & plus agreables. L'on commença donc les exercices du Caroufel. Si dans les Tournois les Seigneurs François n'avoient pas eu un avantage fenfible fur les Seigneurs Bour

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guignons, dont la force & la fermeté avoient égalé la leur; dans le Caroufel, les François parurent avoir plus d'adreffe & de graces: fur tout le Sire de Couci y brilla, & remporta le prix de la courfe des Bagues, du Javelot, & du jeu de Cannes.

A cette journée de fpectacle, en fucceda une de repos. Le Duc de Bourgogne ordonna enfuite que les Troupes fortiroient du Camp tous les deux jours. C'étoit un coup d'œil digne de la curiofité des Etrangers, que de voir ces Compagnies d'Ordonnance, fe percer, & fe rallier, pour recharger de nouveau, tandis que les Archers faifoient voler une quantité prodigieuse de Traits. Enfin tous les exercices militaires, en usage dans ces tems reculez, fe firent avec autant d'adreffe que d'expérience; & les

Seigneurs François concurent que des Troupes fi bien exercées & d'une difcipline fi parfaite, étoient toutes difpofées à des combats plus férieux.

Le féjour du Comte de Rethel & du Sire de Couci à Dijon, avoit donné une haute idée de leur mérite; mais tout ce qui fe paffa dans le Camp y ajouta infiniment. Les plaifirs variez confacrez aux jours de repos, procuroient une aimable liberté; l'on partageoit ces intervalles, entre le foin de plaire au Duc, qui ne cherchoit lui-même qu'à plaire à tous ; & entre l'attention de faire fa cour aux Dames, pour leur paroître digne, au moins de leurs fuffrages. Le Comte de Rethel & le Sire de Couci s'attiroient l'attention générale. Cette prééminence étoit le fruit de leurs conversations, tantôt avec

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le Duc, tantôt avec les perfonnes les plus graves de fa Cour. On ne fçavoit en faveur de qui des deux, l'on devoit décider: la folidité de leur efprit, l'étenduë de leurs lumieres, l'ufage moderé qu'ils en faifoient, les rendoient égaux en mérite. Ils ne confervoient pas cette même égalité chez les Dames. Raoul de Couci y étoit toujours vif, léger, & galant; Roger de Rethel étoit plus fcricux & plus retenu. La joie animoit tous les difcours de l'un; un air réfervé, qui tenoit plus de la tristesse que de la timidité, rendoit ce que l'autre difoit, moins brillant. Les Dames joüiffoient de tout l'efprit de Raoul, & fe plaignoient de ne pas jouir de tout celui de Roger: dans le peu qu'il difoit, elles fentoient combien il en avoit, & elles étoient curieufes de pé

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