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toit à fa foeur l'accueil que ce Prince avoit fait à Roger, lorf-que le Grand Sénéchal entra.. Cet accueil, dit ce dernier, fi à flatter la vanité de Roger, ne le confolera pas d'être éloigné de Paris. Le Maréchal demanda au Comte des Barres, fi le Comte de Rethel étoit épris de quelque Beauté de la Cour.. Oui; il eft amoureux, répondit: le Sénéchal; & de plus, il eft: aimé. Cependant, ajouta-t'il en examinant Mademoiselle du Mez, il eft malheureux. Aimé & malheureux, reprit le Maréchal; le cas n'eft pas impoffible mais je le crois rare. Je pense auffi qu'on n'a point à remercier: l'Amour, lorfque des chagrins. réels font le fruit du plaifir d'être : aimé. Roger l'eft fi tendrement repliqua le Sénéchal, il est épris. d'une fi forte paffion, que mal-

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gré les obftacles qui s'opposent à fon bonheur, fon fort eft encore bien digne d'envie. Mon frere, dit alors Mademoiselle du Mez, eft discret : je lis dans fes yeux le defir qu'il a de fçavoir quel eft le choix du Comte de Rethel, & le genre de fes peines; mais il ne veut pas vous demander un fecret qui vous eft fans doute confié. Pour moi je fuis moins fcrupuleufe que lui, ajouta-t'elle avec un fouris qui parut forcé au Sénéchal; je vais prêter mon fecours à mon frere, en ufant du droit des femmes : je vais vous prier de fatisfaire fa curiofité, &. peut-être la mienne. Peutêtre auffi rendrez-vous à mon frere un fervice: ne peut-il pas fe laiffer toucher du même Objet qui a fçû charmer le Comte de Rethel? Sauvez-les du danger de devenir Rivaux: donnez à mon

frere des armes contre cet Objet,. prévenu en faveur d'un autre.. Vous me fuppofez, ma sœur, reprit le Maréchal, un mouve-ment de curiofité que je n'ai point. Vous voulez faire parler des Barres il eft le maître de vous fatisfaire, fi ce n'eft pas un fecret; mais fi c'en eft un, je le connois, il le gardera. En ache-vant ces mots, le Maréchal for-tit.

Mademoiselle du Mez fe fervit du pouvoir qu'elle croioit avoir fur le Sénéchal, pour l'en-gager à lui nommer la perfonne que Roger aimoit; mais fes inftances furent inutiles, & ne fervirent qu'à affermir le Comte des Barres dans fes idées. Il la quitta, perfuadé du tendre intérêt qu'elle prenoit à Roger, & la laiffa incertaine fi véritablement Roger aimoit, ou s'il étoit aussi

indifférent qu'il le lui avoit pa-ru jufqu'alors..

que

Mademoiselle du Mez peu con-tente de n'avoir pu faire parler le Grand Sénéchal, fe rappella les foupçons qu'il avoit voulu lui laiffer appercevoir. Elle penfá que le Comte de Rethel pouvoit être l'objet de fes foupçons; que fur cette idée, le Sénéchal avoit ofé dire qu'il étoit amou reux; mais fon intérêt particulier ne lui avoit pas permis de nommer l'Objet de fon attachement : elle crut que le Séné-chal lui avoit tendu un piége pour la pénétrer. Ce qui arriva peu de tems après, la défabufa,&: fit connoître au Grand Sénéchal, la maniere dont Mademoifelle du Mez penfoit pour le Comte de Rethel.

La paffion du Comte des Barres étoit trop violente, pour que,

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ni-les peines dont elle étoit fui-vie, ni les obftacles, puffènt en triompher il étoit toujours le : même pour Mademoiselle du Mez. Mêmes foins, mêmes empreffemens, mêmes refpects lui apprenoient qu'elle poffedoit toujours un cœur, dont elle auroit bien voulu n'avoir jamais fait : la conquête. Cet Amant ne lui: avoit d'abord été qu'indifférent; mais il lui étoit devenu un ob-jet incommode,depuis qu'il avoit ofé lui laiffer voir fes foupçons ;; il lui falloit même toute l'eftime qu'elle ne pouvoit lui refufer pour ne pas lui faire d'impolites-fes. Elle l'évitoit par tout elle n'alloit prefque plus chez les Reines, & les momens où il pouvoit ou la voir chez elle, ou là fuivre à la Cour, le rendoient le témoin d'une langueur & d'un abbatte-ment qui la faifoient méconnoî-

tre..

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