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Votre tendreffe pour Mademoifelle de Rofoi, me rend,du moins je le crains, défagréable à vos yeux: elle m'y préfente peut-être comme un homme qui va vous enlever un bien qui vous eft fi précieux; mais, Madame, il dépendra de vous que je ne vous vole rien vous reglerez toujours mon fort, & celui de Mademoifelle de Rofoi; je vous promets, & je crois que cette charmante & tendre fille ne m'en dédira pas,de ne jamais la féparer de vous. Mon attachement pour vous, Madame, le defir de contribuer à votre tranquilité, & de mériter votre amitié, me donneront la force de m'arracher des bras de cette chere épouse, foit que le devoir ou la gloire me contraignent à m'éloigner. Raffurez-vous donc, Madame, & ne me refufez la douceur, pour moi fi fenfible,

pas

de voir difparoître une trifteffe qui m'accable de la plus vive douleur. Vous me feriez une injure extrême, me répondit Madame de Rofoi, fi vous penfiez que vous m'êtes un objet défagréable; il s'en faut bien. Soïez donc perfuadé que je defire, avec ardeur votre mariage; puifqu'il doit fe faire, je voudrois qu'il fût fait. J'ai prié Monfieur de Rofoi de le preffer; je l'en prie tous les jours : lui, ma fille & vous, exigez tous le facrifice que j'en fais; mais il coûte trop cher à mon cœur, pour être la maîtreffe de ne pas regreter ce que je perds. Enfin, le jour approche où vous épouferez ma fille; je l'attends, comme vous, avec impatience :> ce jour arrivé, tous les mouvemens qui m'agitent feront peutêtre vaincus, par la néceffité de me faire une raifon. Le Seigneur.

de Rofoi & mon pere parurent dans ce moment, & interrompirent cette conversation.

Tout le préparoit pour mon bonheur, lorfque le Seigneur de Rofoi fut frappé d'une attaque d'Apoplexie, qui lui ôta ďa bord toute connoiffance. Le quatriéme jour, mon pere le voïant fans aucune efpérance, obligea, Madame de Rofoi & Alix à quitter un féjour où elles auroient eu un trop douloureux fpectacle. elles fe retirerent à deux lieuës dans un Château dépendant de celui qu'elles quittoient. Madame de Rofoi laiffa le foin à mon pere, de rendre les derniers de voirs à ce digne & refpectable ami, qui expira le lendemain. Mon pere le fit porter au lieu de la fépulture de cette illuftre Maifon, & lui fit rendre tous les honneurs dûs à fa naissance.

Pendant que ces triftes foins nous occupoient, Madame de Rofoi envoia un Gentilhomme remercier mon pere,& nous prier de l'attendre: elle arriva le dixiéme jour de la mort de fon mari. J'étois dans ce moment à l'extrémité du Parc, enfeveli dans une rêverie d'autant plus profonde, que ma trifteffe étoit extrême. L'inquiétude où j'étois, connoiffant la tendreffe de Mademoiselle de Rofoi pour fon pere, & mon impatience de la voir de retour, ne me permettoient pas de m'éloigner long-tems du Châ teau. J'en reprenois le chemin, lorfque j'entendis un bruit de chevaux : je précipite le pas, j'avance, je trouve mon pere: Je vous cherchois, me dit-il; l'afpect de cette trifte demeure, & le tendre fouvenir d'un pere, viennent de porter un coup fi

fenfible au cœur de l'affligée Alix, qu'elle eft restée, prefque fans vie, entre les bras de fes femmes: allons, mon fils, allons la fecourir, tandis que l'on cache à Ma→ dame de Rofoi l'état de fa fille. Je volai dans l'appartement où l'on avoit porté Mademoiselle de Rofoi: je me jettai à fes genoux, je lui dis tout ce que la plus vive douleur & la plus forte paffion peuvent fuggérer; mais elle ne m'entendoit point. Allarmé de la voir en cet état, je m'écriai, en lui ferrant les mains: He! quoi, divine Alix, verrez-vous, fans pitié, la violente affliction que me caufe la vôtre? A ces mots, Alix ouvrit les yeux; elle me dit: Mon pere ne vit plus ; quelle perte! Cependant, montrez-moi moins de fenfibilité : Hélas! j'ai affez de ma douleur, fans avoir encore la vôtre à fou

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