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rent de conftruire ses murailles, & convinrent d'une fomme d'argent pour leur récompenfe. Quoi qu'il en foit de ces circonftances, tous les poëtes fe réuniffent à dire que l'ouvrage fini, le Roi refusa aux Dieux le falaire dont il étoit convenu. Apollon fe vengea, défolant la ville par la pefte. Neptune, de fon côté, inonda les états de Laomedon; non content de ce fléau, il envoya un monftre furieux qui achevoit de tout défoler. L'Oracle confulté, répondit que, pour appaifer les Dieux, il falloit livrer à la voracité de ce monftre une fille du fang royal. Le fort tomba fur Héfione, fille du Roi, qui fut attachée à un rocher fur le rivage pour attendre que le monftre la dévorât. Hercule, qui fe trouva dans ces cantons, promit de la délivrer, moyennant un attelage de fix chevaux. Les chevaux, qui étoient l'objet de ce traité, étoient les mêmes que Tros avoit reçus de Jupiter, en échange pour Ganymède fon fils > que ce Dieu avoit enlevé au ciel. V. Chevaux, Ganymède. Hercule réuffit dans fon entreprise. V. Hercule. Mais le Roi , que rien ne corrigeoit de fa perfidie, refufa de s'acquitter de fa promeffe. Hercule faccagea la ville, fit mourir Laomédon, & donna fes états à Po

darces fon fils, qui s'appella depuis Priam, & donna Héfione en mariage à Télamon fon ami, qui l'avoit aidé dans cette expédition. Le tombeau de Laomédon fut placé au-deffus d'une des portes de Troye, & la durée de la ville fut attachée à celle de ce tombeau. Voyez Fatalités. Il fut aimé de la nymphe Strymo, fille du fleuve Scamandre, qui le rendit père de Tithon, mari de l'Aurore. Une des fatalités de Troye étoit qu'elle ne pouvoit être prife, tant que fubfifteroit le tombeau de Laomédon , que Priam fon fils avoit fait élever fur une des portes de la ville. Les Troyens levèrent eux-mêmes cet obstacle, lorfque, pour faire entrer le cheval de bois dans la place, ils firent une brêche à leurs murailles, & abattirent ce tombeau. Voyez Héfione.

LAONOMÉ, fille de Gunéus, fut mère d'Amphitrion, & eut foin des premières années de fon petit - fils Hercule, qu'elle retint auprès d'elle à Phênéon dans l'Arcadie. Voyez Amphitryon.

LAPHRIA, furnom que les Calydoniens donnèrent à Diane, lorfqu'ils crurent que la colère qu'elle avoit fait fentir á Œnée & à ses sujets, s'étoit appaifée avec le temps. L'Empereur Augufte, ayant dépeuplé Calydon & toute l'I

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talie, pour en transférer les habitans à Nicopolis fa nouvelle ville, donna à ceux de Patra en Achaie une partie des dépouilles de Calydon, & nommément la ftatue de Diane Laphria, que ces peuples gardèrent précieusement dans leur citadelle. Cette ftatue étoit d'or & d'ivoire, & représentoit la Déeffe en habit de chaffe. Les habitans de Patra après lui avoir élevé un temple, établirent une fête annuelle en fon honneur. Paufanias (a) nous décrit les cérémonies qu'ils y obfervoient. >> Ils arrangent en rond, dit-il, >> tout autour de l'autel, des » pièces de bois verd, de la >> longueur de feize coudées; » & au milieu de ce circuit, » ils mettent une quantité de » bois fec. La veille de la fête, >> ils apportent de la terre mol»le, dont ils font des gradins, » afin de pouvoir monter » l'autel. Enfuite la cérémonie » commence par une procef>> fion, où l'on porte la ftatue » de la Déeffe avec toute la » pompe imaginable; une vier. » ge qui exerce le facerdoce, » paroît la dernière, portée » fur un char attelé de deux » cerfs. Le lendemain on pré» pare le facrifice, & tous y >> affiftent avec autant de dé

»votion que d'allégreffe. En »tre la balustrade & l'autel il >> y a un grand efpace, où l'on » jette toutes fortes d'animaux >> tout en vie; premièrement, >> des oiseaux bons à manger; » en fecond lieu, des victimes >> plus confidérables, comme » des fangliers, des cerfs, des >> chevreuils, des louveteaux, >> des ourfeaux, même des >> loups & des ours; troisième» ment, des fruits de toute » espèce ; enfuite on met le feu >> au bucher. Alors ces ani>> maux qui fentent la chaleur » de la famme deviennent »> furieux, quelques-uns mê» me s'élancent par-deffus la » baluftrade & cherchent à » s'échapper; mais on les re>> prend, & on les ramène à » l'autel. Ce qu'il y a de par»ticulier; c'est qu'au rapport » de ces peuples, il n'en arrive >> point d'accident, & que ja» mais personne n'a été blessé >> en cette occafion «. Cette Diane Laphria eft auffi nommée Triclaria.

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LAPHYRE, furnom de Minerve, pris d'un (b) mot qui fignifie dépouilles, butin; parce qu'elle étoit la Déeffe de la guerre, & que elle qui faifoit faire du butin, remporter les dépouilles des ennemis.

(a) Dans fon voyage de l'Attique. (5) λάφυρα, butin a dépouiller,

c'étoit

LAPHYSTIUS,

LAPHYSTIUS, furnom de Jupiter, à qui Phryxus inmola le bélier qui l'avoit porté à Colchos. Les Orchoméniens lui donnèrent ce nom (a) en mémoire de la fuite de Phryxus; & depuis ce temps - là, Jupiter Laphyftius fut regardé comme le Dieu tutélaire des fugitifs.

LAPIDATION, c'eft le nom d'un jour de fête que les Eginétes célébroient en mémoire de deux filles de Créte qu'ils avoient malheureufement tuées à coups de pierres dans une fédition. V. Auxéfie & Lamie.

LAPIS. On donne ce nom à Jupiter, en mémoire de la pierre que Saturne avoit dévorée à la place de fon fils ; & fous cette dénomination il étoit confondu ordinairement avec le Dieu Terme. Le ferment que l'on faifoit par ce nom mystérieux, étoit très - refpectable, comme nous l'apprend Apulée. C'eft ce que Cicéron appelle Jovem lapidem jurare (b).

LAPITHES, peuples de Theffalie, qui prirent leur nom de Lapithus, fils d'Apollon & de Stibia, fille de Pénée. Ils s'étoient établis aux environs du fleuve Pénée. Les nôces de Piritous, leur Roi, occasionnèrent une guerre fan

glante entre ces peuples & les Centaures, où ceux-ci furent exterminés, ou du moins entiérement diffipés par la valeur d'Hercule & de Théfée, les chefs des Lapithes. Voyez Centaures, Pirithous.

LARA, fille du fleuve Almon, ayant eu l'indifcrétion de faire confidence à Junon des galanteries de Jupiter, ce Dieu, dit Ovide, luï fit couper la langue, & ordonna à Mercure de la conduire aux enfers. Le triste état où elle étoit, n'avoit pas éteint tous fes charmes; fon conducteur en devint amoureux, & la rendit mère de deux jumeaux appellés Lares. On l'appel→ loit auffi Laranda & Larunda.

LARES; c'étoient les Dieux domestiques, les génies de chaque maison, comme les gardiens des familles. Apulée dit que les Lares n'étoient autre chofe que les ames de ceux qui avoient bien vécu & bien rempli leur carrière. Au con traire, ceux qui avoient ma vécu, erroient vagabonds, & épouvantoient les hommes. Selon Servius,l e culte des Dieux; Lares eft venu de ce que l'on avoit coutume autrefois d'en◄ terrer les corps dans les maifons ; ce qui donna occafion

(a) apvoor, fe hâter, s'enfuir.

(b) Ep. à Trébatius Septimus, parmi les Epitres familières. Tome IL

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au peuple crédule de s'imaginer que leurs ames y demeuroient auffi comme des génies fecourables & propices, & de les honorer en cette qualité. On peut ajouter que la coutume s'étant enfuite introduite d'enterrer les morts fur les grands chemins, ce pourroit bien être de-là qu'on prit occafion de les regarder auffi comme les Dieux des chemins. C'étoit le fentiment des Platoniciens, qui des ames des bons faifoient les Lares, & les Lémures des ames des méchans.

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Les Lares, dit Plaute étoient représentés anciennement fous la figure d'un chien, fans doute parce que les chiens font la même fonction que les Lares, qui eft de garder la maifon; & on étoit perfuadé que ces Dieux en éloignoient tout ce qui auroit pu nuire. Leur place la plus ordinaire dans les maisons, étoit derrière la porte, ou autour des foyers. Quand les jeunes garçons étoient devenus affez grands pour quitter les bulles, qu'on ne portoit qu'en la première jeuneffe, ils les pendoient au

col des Dieux Lares. » Trois

» garçons, revêtus de tuniques » blanches, entrèrent, dit Pétrone, deux defquels mirent fur la table les Lares ornés » de bulles, l'autre, tournant » avec une coupe pleine de vin, crioit que ces Dieux

foient propices «. Les escla ves y pendoient auffi leurs chaînes, lorfqu'ils recevoient la liberté.

La victime qu'on offroit aux Lares étoit un porc, quand on leur facrifioit en public. Mais en particulier on leur offroit prefque tous les jours du vin, de l'encens, une couronne de laine, & un peu de ce que l'on fervoit à table. On les couronnoit de fleurs, & fur-tout de violette, de myrte & de romarin. On leur faifoit de fréquentes libations; on alloit même jufqu'aux facrifices. Les ftatues de ces Dieux étoient en petit; on les tenoit dans un oratoire particulier; on avoit un foin extrême de les tenir proprement: il y avoit même, du moins dans les grandes maisons, un domeftique uniquement occupé au fervice de ces Dieux ; c'étoit -la charge d'un affranchi chez les Empereurs. Cependant il arrivoit bien quelquefois qu'on perdoit le refpect à leur égard, dans certaines occafions, comme à la mort de quelques perfonnes chères; parce qu'alors on accufoit les Lares de n'avoir pas bien veillé à leur confervation, & de s'être laiffés furprendre par les génies malfaifans. Un jour Caligula fit jetter les fiens par la fenêtre, parce que, difoit-il, il étoit mécontent de leur service,

On diftinguoit plufieurs for tes de Lares, outre ceux des maifons, qu'on appelloit aufli familiers, familiares; les Lares publics, qui préfidoient aux bâ timens publics, publici; les Lares de ville, urbani; ceux des carrefours, compitales; les Lares des chemins, viales; les Lares de la campagne, rurales; les Lares ennemis, hoftilii ou hoftiles; ceux qui avoient foin d'éloigner l'ennemi, les Lares de la mer, permarini: les douze grands Dieux étoient mis même au nombre des Lares. Afconius-Pedianus, expliquant le Diis Magnis de Virgile, prétend que les grands Dieux font les Lares de la ville de Rome. Janus, au rapport de Macrobe, étoit un des Dieux Lares, parce qu'il préfidoit aux chemins. Apollon, Diane, Mercure, étoient auffi réputés Lares, parce que leurs ftatues fe trouvoient au coin des rues ou fur les grands chemins. En général, tous les Dieux qui étoient choifis pour patrons & tutélaires des lieux & des particuliers; tous les Dieux dont on éprouvoit la protection, en quelque genre que ce fût, étoient appellés Lares. Properce nous dit que ce furent les Lares qui chaffèfent Annibal de devant Rome, parce que ce furent quelques phantômes nocturnes qui lui donnèrent de la frayeur. On

donnoit aux Lares le nom gé néral de præftites, du latin præftare opem.

Les Lares avoient un temple à Rome dans le champ de Mars. On les y honoroit fous le nom de Grondiles, c'està-dire grognans, comme font les porcs : c'eft Romulus qui leur donna ce nom, en mé moire de la truie qui avoit mis bas trente petits cochons en une feule fois. Ils avoient auffi une fête particulière, qui arrivoit le onze avant les ca lendes de Janvier. Macrobe l'appelle la folemnité des petites ftatues, celebritas figillariorum. On honoroit ces Dieux chaque jour dans les maisons particulières où il y avoit une espèce d'oratoire qu'on appelloit Laraire. Ce que dit Lampride du laraire d'Alexandre Sévère, mérite d'avoir place ici. Lorfque cet Empereur fe trouvoit dans les difpofitions néceffaires, il facrifioit le matin dans fon laraire, où il avoit placé les grands hommes que leur fainteté avoit fait mettre au rang des Dieux, à Apollonius de Tyane, à Abraham, à Orphée, à Alexandre-le-Grand, au Christ.

Il eft fingulier de trouver ce dernier nom parmi les di→ vinités d'un Prince païen. Outre ce laraire, il en avoit un autre où il mettoit les grands hommes qu'il n'avoit pas déf

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