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» eût entendues : car il y a une certaine pudeur que la » nature nous a donnée pour » nos parens, que la malice >> même ne nous peut ôter.

,

» Ainfi ces baladins auroient » eux-mêmes eu honte de ré» pérer chez eux & devant » leurs mères, pour s'exercer, » toutes les paroles & les pof»tures lafcives qu'ils faifoient » en public devant la mère des » Dieux, à la vûe d'une mul»titude de perfonnes de l'un » & de l'autre fexe, qui ayant » été attirées à ce fpectacle par » leur curiofité, devoient au » moins s'en aller avec beau>>coup de confufion, d'y avoir » vú des chofes qui bleffoient » fi fort la pudeur «<. LAVERNA, Déeffe des larrons & des fourbes. » La» verne, dit Horace (a), don» nes-moi l'art de tromper, & » de paroître jufte, faint, in» nocent; répands les ténèbres » & l'obscurité sur mes crimes » & fur mes fourberies «. Les larrons étoient appellés Laverniones, à caufe de leur Déeffe. On lui avoit confacré un bois où les brigands s'affembloient dans le lieu le plus fombre & le plus caché : ils y apportoient leur proie, & en faifoient entr'eux le partage. Il y avoit-là une statue de la Déef

(a) Liv. 1. Ep. 16. (b) Eneid. liv. Z

fe, à laquelle ils rendoient leurs honneurs. Son image étoit une tête fans corps, les facrifices & les prières qu'on lui offroit, fe faifoient en grand filence. Une des portes de Rome s'appelloit de fon nom, Lavernale; parce qu'elle étoit voisine du bois facré de Laverna.

LAVINIE, fille unique de Latinus, Roi du Latiuin, & de la Reine Amate (b). Héritière du royaume de fon père, elle fe voyoit l'objet des vœux de plufieurs Princes de l'Italie; mais les Dieux, par d'effrayans prodiges, s'oppofoient à leur alliance. Un jour que la Princeffe, à côté de fon père, faifoit un facrifice & brûloit des parfums fur l'autel, le feu prit à fa belle chevelure. Toute fa coëffure, ornée de perles, fut en proie à la flamme, qui, bientôt s'attachant à fes habits, répandit autour d'elle une pâle lumière, & l'enveloppa de tourbillons de feu & de fumée, dont tout le palais fut rempli. Cet accident caufa un grand effroi. Les devins augurèrent de - là que la Princeffe auroit une brillante destinée; mais que gloire feroit fatale à fon peuple, qui auroit à foutenir pour elle une guerre funefte. Le Roi, pour s'éclaircir fur le

fa

fort de la Princeffe, alla confulter l'Oracle de Faune, qui lui fit entendre ces mots : » Gardes-toi, mon fils, de ma»rier ta fille à aucun Prince » du Latium: bientôt il arrive» ra des étrangers, dont le fang » mêlé avec le nôtre, élevera » jusqu'au ciel la gloire de no» tre nom «. C'étoit Enée & les Troyens qui vinrent aborder en ce temps-là fur les côtes du Latium. Turnus, Roi des Rutules, & neveu de la Reine, difputa à Enée fa conquête; mais la mort de ce rival affura au Prince Troyen la poffeffion de Lavinie & de fon royaume. Lavinie, devenue veuve d'Enée, & voyant fon trône occupé par Afcagne, fils d'Enée & de Creüfe, eut peur que Ice Prince n'attentât à fa vie, afin de s'affurer la couronne des Latins. Dans cette penfée elle s'alla cacher dans des forêts, où elle accoucha d'un fils qui prit, à caufe de cela, le nom de Sylvius. L'abfence de Lavinie fit murmurer le peuple contre Afcagne, qui fe vit obligé de faire chercher fa belle-mère, & de lui céder, à elle & à fon fils, la ville de Lavinium. Après la mort d'Afcagne, le fils de Lavinie monta fur le trône, & le tranfinit à fes fucceffeurs, tandis que les defcendans d'Afcagne n'eurent que la charge de fouverain Pontife.

LAVINIUM, ville ba tie par Enée, en l'honneur de Lavinie fon épouse, dans un lieu qui lui avoit été défigné par l'Oracle. LAURENTALES. Voy. Larentales.

LAURENTINS, anciens peuples d'Italie, fujets du Roi Latinus. Il y avoit, dans le palais du Roi, dit Virgile, un laurier qu'un refpect religieux confervoit depuis longtemps. Le Roi l'ayant trouvé planté dans le lieu qu'il avoit choifi pour bâtir fon palais, l'avoit confacré à Apollon ; & c'est de ce laurier célèbre que les Laurentins ont emprunté leur nom.

LAURIER, arbre confacré à Apollon depuis l'avanture de Daphné. V. Daphné. Mais une autre raison plus vraisemblable, pour laquelle on le croyoit confacré à Apol lon, c'est qu'on étoit perfuadé que ceux qui dormoient, ayant fous la tête quelques branches de cet arbre, recevoient des vapeurs qui les mettoient en état de prophétifer. Ceux qui alloient confulter l'Oracle de Delphes, fe couronnoient de laurier au retour, s'ils avoient

reçu

du Dieu une réponse favorable: c'eft ainfi que, dans. Sophocle, dipe , voyant Orefte revenir de Delphes, la tête ornée d'une couronne de laurier, conjecture qu'il rap

porte une bonne nouvelle. Les anciens annonçoient les chofes futures fur le bruit que faifoit le laurier quand il brûloit ; ce qui étoit un bon augure. Mais auffi s'il brûloit fans aucun pétillement, c'étoit un mauvais figne. On mettoit à la porte des malades des branches de Jaurier, comme pour fe rendre favorable à Apollon, Dieu de la médecine. La couronne de laurier fe donnoit aux excellens poëtes comme favoris d'Apollon. On dit que, fur la coupole du maufolée de Virgile, qui eft près de Pouzols, il est né des lauriers qui femblent couronner l'édifice ; & quoiqu'on en ait coupé deux à la racine, qui étoient les plus grands de tous, ils renaiffent & pouffent des branches de tous côtés, comme fi la nature eût voulu elle-même célé brer la gloire de ce grand poëte. La couronne de laurier étoit particulière aux jeux Pythiques, à caufe d'Apollon, à qui ces jeux étoient confacrés. Enfin, on couronnoit de laurier les victorieux, & on en plantoit des branches aux portes du palais des Empereurs, le premier jour de l'année; & en d'autres temps, lorfqu'ils avoient remporté quelque victoire: auffi Pline appelle le laurier, le portier des Céfars, le fidéle gardien de leurs palais.

LEENA, courtisane de Démétrius Poliorcètes, à la quelle les Athéniens bâtirent un temple, & élevèrent des autels. Voyez Lamie.

LÉANDRE, jeune homme de la ville d'Abydos, fur la côte de l'Hellefpont, du côté de l'Afie, amoureux de la jeune Héro. Voyez Héro.

LÉARQUE, fils d'Ino & d'Athamas, fut la victime de la haine que Junon avoit conçue contre toute la race de Cadmus. Il fut tué par fon propre père, que la Déesse avoit rendu furieux. Voyez Athamas.

LÉCHES, fils de Neptune & de Piréne, fille d'Achelous, donna fon nom à un des ports de Corinthe appellé Léchée.

LÉCORIS; c'est le nom qu'on donne à une des Graces, dans un ancien monument: les deux autres font Gélafie & Comafie. Voyez Gelafie.

LECTISTERNE, cérémonie religieuse pratiquée à Rome, dans des temps de calamités publiques, dont l'objet étoit d'appaifer les Dieux. C'étoit un feftin que, pendant plufieurs jours, on donnoit au nom & aux dépens de la République, aux principales divinités & dans un de leurs temples, s'imaginant qu'elles y prendroient part effectivement, parce qu'on y avoit in

vité leurs ftatues, & qu'on le leur avoit préfenté. Mais les miniftres de la religion, s'ils n'avoient pas l'honneur du feftin, en avoient tout le profit, & fe régaloient entr'eux aux dépens de ces imbécilles fuperftitieux. On dreffoit, dans un temple, une table avec des lits autour, couverts de beaux tapis & de riches couffins, & parfemés de fleurs & d'herbes de fenteur, fur lesquels on mettoit les ftatues des Dieux invités au feftin; pour les Déeffes, elles n'avoient que des fièges. Chaque jour que duroit la fête, on fervoit fur la table un repas magnifique que les prêtres avoient foin de deffervir le foir. Le premier Lectifterne parut à Rome vers l'an 356 de fa fondation; un mauvais hiver ayant été fuivi d'un été encore plus fàcheux, où la pefte fit périr un grand nombre d'animaux de toutes fortes: comme le mal étoit fans reméde, & qu'on n'en pouvoit trouver, ni la caufe, ni la fin, par un dé-cret du Sénat, on alla confulter les livres des Sibylles; les Duum-Virs Sibyllins rapportèrent que, pour faire ceffer ce fléau, il falloit faire une fête avec des feftins à fept divinités qu'ils nommèrent; fçavoir, Apollon, Diane, Her

cule, Latone, Mercure & Neptune. On célébra pendant huit jours cette nouvelle fête, dont le foin & l'ordonnance fut confiée aux Duum-Virs; &, dans la fuite, on leur substitua les Epulons. Les citoyens, en leur particulier, pour prendre part à cette folemnité, laiffoient leurs maisons ouvertes, avec la liberté à chacun de fe fervir de ce qui étoit dedans: on exerçoit l'hofpitalité envers toutes fortes de gens, connus, inconnus, étrangers: on vit en même temps difparoître toute animofité : ceux qui avoient des ennemis converfèrent & mangèrent avec eux, de même que s'ils euffent toujours été en bonne intelligence: on mit fin à toutes fortes de procès & de diffentions: on ôta les liens aux prifonniers, & par principe de religion, on ne remit point dans les fers ceux que les Dieux en avoient délivrés. Tite-Live, qui rapporte tout ce détail (a), ne nous dit pas fi ce premier Lectifterne produifit l'effet qu'on en attendoit; du moins étoit-ce toujours un moyen de fe diftraire pendant ce temps-là des fâcheufes idées qu'offre à l'efprit la vûe des calamités publiques. Mais le même hiftorien nous apprend que la troifième fois qu'on

(a) Au cinquième liy, de fon Hiftoire, ch, 13.

tint le Lectifterne, pour obtenir encore la ceffation d'une peste, cette cérémonie fut fi peu efficace, qu'on eut recours à un autre genre de dévotion, qui fut l'inftitution des jeux Scéniques, dans l'efpérance que, n'ayant point encore paru à Rome, ils feroient plus agréables aux Dieux.

Valère-Maxime fait mention d'un Lectifterne célébré en l'honneur de trois divinités feulement, Jupiter, Mercure & Junon. Encore n'y avoit-il que la ftatue de Junon qui fût couchée fur le lit, pendant que celles de Jupiter & de Mercure étoient fur des fièges. Arnobe fait auffi mention d'un Lectifterne préparé à Cérès feulement.

Le Lectifterne n'eft pas d'inftitution Romaine, comme on l'a cru jufqu'au temps de Cafaubon; ce fçavant critique a fait voir qu'il étoit auffi en ufage dans la Grèce. En effet, Paufanias parle en plufieurs endroits de ces fortes de couffins, pulvinaria, qu'on mettoit fous les ftatues des Dieux & des héros. M. Spon, dans fon voyage de Grèce, dit qu'on voyoit encore à Athènes le Lectifterne d'Ifis & de Sérapis: c'étoit un petit lit de marbre de deux pieds de long fur un de hauteur, fur lequel

ces deux divinités étoient repréfentées aflifes. Nous pouvons juger par-là de la forme des anciens Lectifternes. Le nom de la cérémonie eft pris de l'action de préparer des lits, de les étendre (a).

:

LEDA, fille de Theftius, époufa Tyndare, Roi de Sparte. Jupiter, l'ayant trouvée fur les bords de l'Eurotas, fleuve de Laconie, où elle se baignoit, en devint amoureux; &, pour pouvoir l'approcher fans aucun foupçon, il commanda à Venus de fe métamorphofer en aigle pour lui il prit la figure d'un cygne, qui, étant pourfuivi par cet aigle, alla fe jetter entre les bras de Léda, & fe repofa fur fon fein. Au bout de neuf mois, la Reine de Sparte accoucha d'un œuf, d'où fortirent Pollux & Hélène. Dautres content qu'elle accoucha de deux œufs, & que de l'un d'eux fortirent Caftor & Pollux: & de l'autre Hélène & Clytemneftre. Plufieurs des anciens ont confondu Léda avec Néméfis. Paufanias dit. que Léda n'étoit point la mère d'Hélène, mais feulement fa nourrice. Phidias, fe conformant à cette tradition, repréfenta Léda de telle forte fur la bafe de la ftatue de Néméfis, qu'elle fembloit amener Hélène cette Déeffe. D'au

(a) De lectus lit, & fternere, dreffer, préparet, étendre,

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