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tres enfin ont dit que ce fut Néméfis qui pondit l'oeuf, & que Léda l'ayant trouvé, le couva, & en fit éclorre Caf tor, Pollux & Hélène. Voyez Hélène, où l'on expofe les différentes traditions, touchant cet œuf mystérieux.

LÉÉNA, fameufe courtifane d'Athènes, ayant été foupçonnée d'avoir eu part à la conjuration contre les fils du Tyran Pififtrate, parce qu'elle étoit amie d'un des meurtriers d'Hipparque, Hippias, frère d'Hipparque, fous ce prétexte, fit fouffrir à cette femme toutes fortes de cruautés, jusqu'à ce qu'elle expirât dans les tourmens. Les Athéniens, lorfqu'ils fe virent délivrés de la tyrannie des Pififtratides, érigèrent à cette courtifanne une ftatue fous la figure d'une lione fans langue, pour marquer que la force des tourmens n'avoit pû arracher une feule parole de la bouche de Lééna, qui même fe coupa la langue, dans la crainte de fuccomber à la douleur.

LEITUS, un des cinq chefs qui menèrent au fiége de Troye Farmée des Béotiens de Thèbes. Voyez Arcéfilas.

LÉLÁPE, c'eft le nom du chien que Procris donna à Céphale. Thémis, dit Ovide, piquée de la mort du Sphinx, & de voir l'obfcurité de fes oracles développée, envoya ce furieux

renard, qui caufa tant de défor dres, que toute la nobleffe des environs s'affembla pour le perdre ou pour le tuer. Céphale, excité par Amphitryon à fe trouver à cette chaffe, lâcha après le monftre fon chien qui n'avoit pas fon pareil à la courfe. A peine fut-il en liberté, qu'on le perdit de vûe ; on ne voyoit que les traces de fes pieds dans la poussière : il fit tous les efforts pour atteindre le renard, & le fuivit de fi près, qu'il ouvroit à tout moment la geule pour le faifir mais il ne mordoit que le vent. A la fin les deux animaux fu→ rent changés en deux figures de marbre, dont l'une étoit dans la posture d'un animal qui fuit ; l'autre, dans celle d'un chien qui aboie après lui. Les Dieux n'ayant pas voulu permettre qu'aucun de ces deux animaux fût vaincu, les avoient métamorphofés en pierres. Les poëtes ont fait l'hiftoire & la généalogie de ce chien. Vulcain, felon eux, l'avoit formé, & en avoit fait préfent à Jupiter, qui le donna à Europe. Procris, qui le reçut de Minos, le donna enfuite à Céphale. V. Amphitryon, Créon, Céphale, Sphinx."

LELEX, père de Poly caon. Voyez Meffène.

LEMNOS, ifle de la mer Egée, voifine de la Thrace & du mont Athos. Plufieurs au

teurs ont obfervé que l'ombre de cette montagne s'étend jufques fur l'ifle, lorfque le foleil étant prêt à fe coucher, rend les ombres infiniment plus grandes que les corps qui les occafionnent. Lemnos eft célèbre dans la mythologie. Elle tire fon nom de la grande Déeffe, qui s'appelloit Lemnos, & à qui l'on facrifioit des filles. Son labyrinthe fut l'un des quatre édifices de cette nature dont les anciens aient fait mention. (Voy. Labyrinthe). C'eft dans cette ifle que Vulcain tomba quand il fut précipité du ciel. (V. Vulcain). Sa chûte donna à l'endroit de la terre fur laquelle il tomba, de grandes vertus ; celle entr'autres de guérir toutes fortes de bleffures. Belon, qui voyageoit en Turquie en 1548, nous apprend qu'il n'y a aucun habitant de Lemnos qui ne parle de Vulcain: les uns difent qu'en tombant, lui & fon cheval fe rompirent les cuiffes, mais qu'il fut promptement guéri par la vertu même de la terre qui le reçut. Le même auteur dit que les anciens faifoient, en médecine, beaucoup ufage d'une certaine terre, qui eft encore aujourd'hui auffi recommandable qu'elle l'ait ja mais été. Les Latins la nomment Terra Lemnia, ou Terra figillata, & les François Terre fcellée. Les ambaffadeurs

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ajoute-t-il, qui reviennent de Turquie, en apportent ordinairement pour en faire préfent aux grands feigneurs ; car elle eft entr'autres propre contre la pefte & contre toutes fortes de fluxions. Il fe vend beaucoup de terre fcellée, continue Belon ; mais elle est prefque toujours contrefaite, parce qu'il ne s'en trouve que dans l'ifle de Lemnos, où il faut l'aller prendre en perfonne, & la recevoir de la main du fousbachi, qui la tient à ferme du Grand-Seigneur. Il fe fit conduire à l'endroit d'où l'on tire cette terre & n'y vit autre chofe, finon un pertuis oblique, qui étoit fermé, & qu'il lui fut impoffible de faire ouvrir, parce qu'on ne l'ouvre, qu'une fois l'an, le 6 d'Août, avec beaucoup d'appareil & de grandes cérémonies. Le même auteur ajoute que, du temps de Diofcoride, on mêloit du fang de bouc avec la terre, pour en faire des efpèces de pains: mais on ne tuoit pas les boucs fans beaucoup de cérémonies; la prêtreffe fcelloit enfuite les pains d'un fceau qui représen toit une chèvre, d'où on les appelloit Sphragida agos, qui, en Grec, fignifie fceau d'une chèvre. Cette cérémonie d'im moler des boucs & de mêler leur fang avec la terre, étoit en mémoire de la colère de Venus, dont on va parler, qui

punit les femmes de Lemnos, en leur imprimant à toutes une odeur violente de bouquin. Ces cérémonies n'avoient plus lieu du temps de Gallien : une prêtreffe fe contentoit de femer du froment & de l'orge fur la terre avec certaines cérémonies; enfuite elle en empliffoit un chariot, qu'elle faifoit mener avec elle à Epheftia, l'une ́ des villes de l'ifle. Il eft bon de remarquer, à cette occafion, qu'il y a des auteurs qui difent que ce ne fut pas une flèche d'Hercule qui bleffa Philoctete, mais la morfure d'un ferpent, & qu'il en fut guéri par la vertu de cette

terre.

L'ifle de Lemnos eft encore fameufe par le maffacre dont on a parlé à l'article d'Hypfipyle. Ce maffacre auroit fait de cette ifle un défert, fi les Argonautes n'y euffent remédié. Les femmes avoient tué tous les hommes, & n'étoient pas dans le deffein de recevoir les premiers venus; car ayant appris qu'un vaiffeau abordoit dans leur ifle, elles accoururent en armes fur le rivage, dans la difpofition de s'oppofer à l'invafion. Mais quand elles eurent fçu que ce n'étoient point les Thraces, leurs ennemis, qui venoient les attaquer, & que c'étoit le vaiffeau des Argonautes, elles les reçurent avec beaucoup de

courtoifie; mais elles ne leur permirent de defcendre qu'après avoir fait ferment de leur fervir de maris. Les Argonautes, inftruits de la caufe qui avoit dégoûté les Lesbiens de leurs femmes, & du massacre qu'elles avoient fait de leurs époux, de leurs pères & de leurs frères, eurent de la peine à promettre. Il y a même des auteurs qui difent qu'ils fe battirent mais enfin ils promirent, & tinrent fi bien leur parole, qu'ils ne fongeoient plus à l'expédition de Colchos; ils y reftèrent deux ans. Enfin Hercule, qui étoit toujours refté dans le vaiffeau, fans vouloir prendre part aux plaifirs de fes compagnons, les obligea de fe rembarquer ; & c'eft ainfi que l'ifle fut repeuplée. On a dit, à l'article Hypfipyle, qu'elle devint amoureufe de Jafon, & qu'ils vécurent, pendant ces deux ans très-bien ensemble.

Cette ifle étoit fort incommodée des fauterelles ; & c'est pour cela que chaque habitant étoit taxé à en tuer un certain nombre, & qu'on y adoroit les oifeaux qui les détruifoient. Bacchus y étoit auffi en grande vénération; fon culte y avoit été établi par Thoas, fils de ce Dieu & d'Ariadne. Le pays étoit bien récompenfé de ce culte par l'abondance des yins. Le culte de Diane y étoit

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auffi en grande vénération. Pour Venus, elle n'y étoit point aimée ; & c'étoit pour fe venger de ce mépris, qu'elle avoit rendu les Lesbiennes fi puantes: d'ailleurs cette Déeffe le fouvenoit toujours avec chagrin, que c'étoit dans cette ife que Vulcain la furprit avec le Dieu Mars, & la donna en fpectacle à tous les Dieux. Homère place cependant cette aventure dans le ciel. Voyez Cyclopes, Hypfipyle, Philoctète, Venus, Vulcain. LÉMURALIA, fêtes des

Lémures,

LÉMURES ou LARVES; c'étoient, dans le fyftême des Païens, des génies malfaifans, ou les ames des morts inquiets qui revenoient tourmenter les vivans. On inftitua à Rome des fêtes appellées Lémuries ou Lémurales, pour appaiser les Lémures ou pour les chaffer. On croyoit que le meilleur moyen de les écarter des maifons, étoit de leur jetter des fèves, ou d'en brûler, parce que la fumée de ce legume rôti leur étoit infupportable. Apulée, dans fon démon de Socrate, dit que, dans l'ancienne langue latine, Lemure fignifioit l'ame de l'homme féparée du corps après la mort. Les Lémuries fe célébroient au mois de Mai: tous les tem

(a) Anès, prefsoir, Tome II.

ples étoient fermés à Rome, & il n'étoit pas permis de fe marier pendant ces fêtes: elles fe célébroient la nuit ; car Ovide les appelle fêtes nocturnes: c'eft auffi le temps des lutins. Enfin elles furent inftituées par Romulus, qui voulut appaiser les mânes de fon frère Rémus, qu'il avoit tué. C'eft pourquoi on croit que le mot Lémures eft pris pour Rémures, ou fêtes en l'honneur de Rémus.

LÉNÉEN: Bacchus eft souvent appellé de ce nom, qui eft pris du preffoir (a). On cé

lébroit tous les ans dans l'At

tique, fur la fin de l'automne, des fêtes en l'honneur de Bacchus Lénéen, d'où le mois Lénéon a pris fon nom. Dans cette fête, appellée auffi la fête des preffoirs, les poëtes s'exerçoient, à l'envi, à faire des vers & des tragédies.

LÉONIDÉES, fêtes inftituées en l'honneur de Léonidas, Roi de Lacédémone qui fe fit tuer, avec toute fa troupe, en défendant vaillamment le paffage des Thermopyles.

LÉONTE, père d'Ixion. Voyez Ixion.

LÉONTIQUES, fêtes de Perfe. Voyez Mithriaques.

LÉOS, un des héros Eponymes de la Grèce; il acquit ce titre, dit Paufanias, pour

C

avoir dévoué fes filles à la mort pour le falut de l'état, par le confeil de l'Oracle. LÉPRÉAS ou LÉPRÉUS, fils de Glaucon & d'Aftydamie, & petit-fils de Neptune, avoit comploté avec Augias de lier Hercule, lorfqu'il demandoit la récompenfe de fon tra vail, felon la promeffe faite par Augias. Depuis ce tempsHercule cherchoit l'occafion de fe venger; mais Aftydamie reconcilia Lépréas avec le héros. Après cela, Lépréas difputa avec Hercule à qui joueroit mieux au difque, à qui puiferoit plus d'eau en un certain temps, à qui auroit plutôt mangé un taureau d'égal poids, & à qui boiroit davantage: dignes exercices d'un héros! Hercule remporta partout la victoire. Enfin Lépréas, plein de vin & de colère, ayant de nouveau défié Hercule, fut tué dans le combat (a).

LERNE, c'eft l'ancien nom d'un lac dans le territoire d'Argos, dont le circuit n'a guères plus d'un tiers de ftade (b), dit Paufanias. Ce lac eft renommé dans les anciens poëtes, à caufe de l'hydre de Lerne. Cette hidre étoit un monftre à plusieurs têtes; les uns

(a) Dans Athénée, liv. 10.

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lui en donnent fept, d'autres neuf, & d'autres cinquante. Quand on en coupoit une, on en voyoit autant renaître qu'il en reftoit après celle-là, à moins qu'on n'appliquât le feu à la plaie. Le venin de ce monftre étoit fi fubtil, qu'une fiéche qui en étoit frotée, donnoit infailliblement la mort. Cette hidre faifoit un ravage incroyable dans les campagnes & dans les troupeaux. Hercule reçut ordre d'Euryfthée d'aller combattre ce monftre: il monta fur un char; Iolas lui fervit de cocher. Junon voyant Hercule prêt à triompher de l'hidre, avoit envoyé à fon fecours un cancre marin, qui le piqua au pied. Hercule l'ayant auffi-tôt écrasé la Déeffe le plaça parmi les aftres, où il forme le figne de l'écreviffe ou du cancer. L'hidre fut tué enfuite fans obftacle. Ce fut un des travaux d'Hercule. On dit qu'Euryfthée ayant fçu qu'Iolas avoit accompagné Hercule dans le combat, ne voulut pas admettre celui-ci pour un des douze travaux auxquels le destin avoit affujetti le héros. Quelques mythologues avoient die que les têtes de l'hidre étoient d'or, fymbole de la fertilité qu'Her

(b) Le stade eft environ la vingt-quatrième partie d'une de nos liques.

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