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tout d'un Pere outragé & affligé, qui 1521. punit en gémiffant un fils coupable. Pendant que ce levain d'aigreur fermentoit & avant que le Pape fe fût entiérement ou du moins publiquement détaché de l'alliance des François, il fe préfenta diverfes conjonctures qui pouvoient l'autorifer à éclater. Le Maréchal de Mém. de Lautrec gouvernoit depuis longDu Bellay, tems le Milanès avec une rigueur

liv. I.

bien contraire à la clémence de fon Maître ; les profcriptions avoient dépeuplé Milan, les Bannis étoient en fi grand nombre, qu'on les voit jouer un rolle dans l'Hiftoire, fe raffembler, former des entreprises, & fufciter beaucoup d'affaires aux François. On remarqua que la plû-part de ces Bannis étoient les plus riches Citoyens du Milanès; on fe fouvenoit encore avec horreur de la mort malheureufe du Maréchal de Trivulce, dont Lautrec avoit été la caufe, & dont Lefcun, frere de Lautrec, avoit profité. Le Maréchal de Lautrec étant allé à la Cour pour époufer la fille du Comte

d'Albret d'Orval, Teligny (1)
Teligny (1)
avoit d'abord commandé à fa pla- 1521.
ce. Sous fon administration fage &
douce on n'avoit point entendu
parler de ces révoltes, qui fous le
Maréchal de Lautrec avoient fi
fouvent fervi de prétexte à des ban-
niffemens & à des fupplices; mais
Teligny ne commandoit qu'en at-
tendant que Lefcun (qu'on nom-
moit alors le Maréchal de Foix)
vînt remplacer Lautrec fon frere.
A l'arrivée du Maréchal de Foix,
les troubles, les banniffemens, les
confifcations recommencerent, le
nombre des Mécontens s'accrut,
il s'éleva des révoltes plus réelles
peut-être que toutes celles qu'on
avoit punies jufqu'alors. Le Maré-
chal de Foix en craignit les fuites,
mais au lieu de les prévenir par
douceur , voye prefqu'infaillible
quand elle ne reffemble pas trop
la foibleffe, il crut devoir redoubler
de févérité & pouffer à bout les Mé-
contens; il fçut que quelques Bannis

la

à

Guicciard. liv. 140

(1) Sénéchal du Rouergue,

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du Milanès s'étoient attroupés à 1521. Buffeto, petite Place appartenante à un Seigneur d'une des plus puiffantes Maifons du Parmefan, nommé Cristophe Pallavicin, il lui dépêcha un Crémonois, nommé Cardin, pour l'avertir que c'étoit manMém. de quer effentiellement au Roi, que Du Bellay, d'acorder une retraite à fes Sujets

liv. I.

rebelles. Cette commiffion qui ne fembloit pas devoir être périlleuse,

coûta la vie à Cardin. Les Bannis perfuaderent à Pallavicin que cet homme étoit venu pour le furprendre, Pallavicin fur ce foupçon, le fit arrêter & appliquer à la queftion, la violence des tourmens lui arracha un aveu faux ou fincère du projet dont on l'accufoit; fur cet aveu, Pallavicin, comme s'il eût craint de ne point affez braver le Maréchal de Foix, voulut que Cardin fût condamné fur le champ à la mort. Ses Juges plus prudens ou plus équitables, refuferent leur miniftère à cette violence. Pallavicin e jugea lui-même, le condamna à être pendu & le fit exécuter. II

fallut fuir après ce coup hardi, Buffeto n'étoit point une Place qui pût 1521. dérober les Rebelles à la vengeance du Maréchal de Foix; ils fe fauverent à Regge, où fe rendit Jerôme Moron, ce célebre Chancelier du Milanès, mécontent du Gouvernement des De Foix & irrité du refus qu'on lui avoit fait d'une charge de Maître des Requêtes après la lui avoir promife. Il ne ceffoit de cabaler auprès du Pape, de l'Empereur & de tous les Souverains d'Italie en faveur de ce François Sforce, que le Cardinal de Sion avoit emmené en Allemagne, lorfque les François avoient fait le fiége de Milan. Ce jeune Prince que la rénonciation de Maximilien fon frere rendoit héritier des droits de fa Maison fur le Milanès, étoit refté à Trente, où il attendoit les évé

nemens.

C'étoit Guichardin, Auteur de la célébre Hiftoire des guerres d'Italie, qui étoit alors Gouverneur de Regge & de Modéne; Regge étoit fans défenfe & le Maréchal de Foix crut qu'en

fe préfentant à main armée devant 1521. cette Place, il intimideroit le Gouverneur, qu'il ne croyoit rien moins

16. n. 39.

que guerrier, & l'obligeroit à lui Belcar. liv. remettre les Bannis; il ne confidéra peut-être pas affez combien cette démarche reffembloit à une hoftilité marquée. Guichardin qui l'avoit prévue, avoit mandé Guy-Rangon avec un Corps de Troupes qu'il commandoit dans le Modenois, & Moron avoit fait à la hâte quelques levées aux portes de Regge. Le Maréchal de Foix s'avance vers Regge du côté de Parme, il envoye demander une entrevue au Gouverneur, & craignant que les Bannis ne fe fauvaffent par la porte dite de Modéne, qui étoit du côté oppofé, il fit paffer un Corps de Troupes vers cette porte; le Gouverneur indiqua pour le lieu du rendez-vous la poterne du Ravelin de la porte Mém. de dite de Parme. Le Maréchal fur la Du Bellay, foi de l'alliance qui étoit entre le Pape & le Roi, ofa s'y engager; fuivi de quelques. Gentilshommes. Tandis qu'il fe plaint de ce qu'on

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