dans le Sacré Collège un confeil 1522, fage qui pût le guider fûrement. Le Cardinal de Médicis étoit feul dépofitaire du fil dont s'étoit fervi Léon X, mais ce Cardinal, ou mécontent d'avoir manqué la Papauté, ou inquiet fur les embarras que fes ennemis pourroient lui fufciter dans la nouvelle Cour, ou jaloux du rang que d'autres Miniftres alloient y tenir, s'étoit retiré à Florence & y vivoit en Souverain. Le Pape parut vouloir être gouverné par le Cardinal Soderin, Evêque de Volterre. Ce Cardinal gagna dabord fa confiance en affectant beaucoup d'impartialité, fur - tout un defir ardent de ménager la Paix entre les Puiffances Chrétiennes mais il étoit tout François dans le Belcar, liv, cœur. On furprit entre les mains d'un Banni de Sicile, qui fe difpofoit à paffer en France, des lettres du Cardinal Soderin adreffées à l'Evêque de Saintes fon neveu ; Soderin le chargeoit d'engager le Roi à envoyer une flotte contre la Sicile, en l'aflurant qu'il y trouveroit 17. n. 15, , plus d'amis qu'il ne penfoit; il ajoutoit qu'en divifant par cette diver- 1522. fion les forces Impériales, il lui seroit plus aifé de reconquérir le Milanès. Le Pape connoiffant par ces lettres qu'il avoit été dupe de la diffimulation du Cardinal Soderin, entra dans une colére qui fit bien connoître toute fon averfion pour la France, il fit enfermer Soderin au Château Saint-Ange & lui fit faire fon procès comme à un Cri→ minel d'Etat, fous prétexte qu'il avoit voulu livrer aux ennemis un Fief de l'Eglife. Soderin en fut quitte cependant pour la perte d'une grande partie de fes biens, mais Frédéric Padella, Comte de Camé rata, Jean de Saint Philippe, Intendant des Ports Jean-Vincent Lofanto, Tréforier de Sicile, tous complices du Cardinal, furent écartelés. Le Cardinal de Médicis voyant comme on traitoit à Rome les amis de la France, vint profiter de ces difpofitions, il gouverna fans concurrens l'efprit du Pape & le Pape ne tarda pas à fe décla HISTOIRE 172 1522. commença par fe réconcilier avec tous ces Feudataires du S. Siége, qui s'étoient mis fous la protection de François I, il fit avec le Duc de Ferrare & avec le Duc d'Urbin, une paix que Léon X n'eût pas faite aux mêmes conditions, il confentit de leur rendre leurs Etats, il crut gagner affez en les arrachant à l'al Belcar. liv. liance des François, il s'attacha prin17. n. 40. cipalement à liguer contre ceux-ci toute l'Italie, c'étoit peut-être encore ce que Léon X n'eût pas fait, du moins s'il eût été fidéle à fon projet, de ne fouffrir aucune Puiffance étrangere en Italie; car puifque les François étoient chaffés du Milanès, c'étoit contre les Impériaux qu'il falloit fe liguer pour les chaffer à leur tour du Royaume de Naples, mais peut-être Médicis jugeoit-il ce projet chimérique, & croyoit-il que pour affurer la paix de l'Italie, il fuffifoit d'en écarter les François. La défection des Ducs de Ferrare & d'Urbin ne laiffoit plus à la France d'autres Alliés en Italie que les Vénitiens; mais depuis que Crémone foumife n'oppofoit plus aucune barriere aux forces Impériales prêtes 1522. à fondre fur le Breffan & le Bergamafque, les Vénitiens commençoient à peser avec beaucoup d'attention les avantages & les inconvéniens de leur alliance avec les François ; cette grande affaire fut difcutée folemnellement dans leur Sénat; le Provéditeur, André Gritti, (1) qui, ën faifant la guerre avec les François, s'étoit attaché à eux, plaida leur cause, George Cornaro, Noble Vénitien, plaida celle de l'Empereur. Toute l'Europe avoit les yeux fixés fur le Sénat de Venife, & attendoit en filence l'oracle qu'il alloit rendre. Richard Pacé, Ambaffadeur du Roi d'Angleterre, Jérôme Adorne (2) Ambaffadeur de l'Empereur, follicitoient vivement une décifion favo (1) Il fut fait Doge quelque tems après. (2) Adorne, Miniftre d'un génie profond & dune expérience au-deffus de fon âge, mourut dans le cours de cette négociation, qu'il conduifoit avec beaucoup d'adreffe; il fut remplacé par Marin Caraccioli, Protonotaire Apoftolique, depuis Cardinal. rable. (1). La France fe bornoit à 1522. conjurer le Sénat, non de prononcer en fa faveur, mais de différer d'un mois fa décision; elle affuroit qu'avant ce tems François I. pafferoit les Alpes avec la plus formidable armée qu'on eût vûe en Italie. Louis de Canoffe, Evêque de Bayeux, autrefois Evêque de Tricarico & Nonce de Léon X. alors Ambaffadeur de France, redoubloit d'efforts pour obtenir ce délai; on envoyoit pour 1523. Paques le l'appuyer, le Prince de Bozzolo & le Maréchal de Montmorenci, qui dans fon premier féjour à Venife s'étoit rendu agréable à la République. Mais les Miniftres d'Angleterre & de l'Empire, voulant prévenir l'arrivée de Montmorenci qu'ils craignoient, firent tant d'inftance auprès du Sénat, qu'il fe déclara pour eux. Il importe peu d'étaler ici les raifons contradictoirement alléguées par 5 Avrile (1) L'Archiduc Ferdinand que l'Empereur (fon frere) avoit nommé fon Lieutenant Général en Allemagne, en lui abandonnant les Etats héréditaires d'Autriche, avoit auffi un Ambassadcur à Venife. |