ou été dénoncés par eux comme leurs complices. Le Maré- 1521. chal de Foix fe raffafia de vengeances cruelles & combla le défefpoir des malheureux Milanois, le fupplice fut le partage de tous ceux qui avoient eu les moindres relations avec Moron, l'ame de toutes ces intrigues & le véritable Chef des Mécontens. Les autres entreprifes formées fur les principales Places du Milanès, ou ne furent point tentées, ou furent découvertes, prévenues & punies.

Lorfque le Pape crut les efprits des Milanois difpofés par ces rigueurs à une révolution générale, lorfque l'affaire de Regge eut fourni les prétextes dont il croyoit avoir be foin, enfin lorfqu'il eut vu le mauvais fuccès de l'artifice & des tentatives fecrettes, il leva le mafque, entra en guerre ouverte avec les François & rendit public le traité qu'il avoit fait avec l'Empereur.

Sleidati

L'objet principal de ce Traité, commentar. étoit de chaffer les François du Mi- liv. 3 lanès & d'y rétablir François Sforce

Tome II.

B

fous la protection de l'Empire & 1521, fous la condition que Parme & Plaifance feroient réunies au domaine Eccléfiaftique & que l'Etat de Milan & de Gènes fe fourniroit de fel aux Salines de Cervia; Charles-Quint prit envers & contre tous la défenfe de la Maifon de Médicis & de la République de Florence, il promit de feconder le Pape contre fes Vaffaux rebelles, (on a déja dit ce que fignifioit ce terme) & nommément contre le Duc de Ferrare de donner dix mille ducats de penfion au Cardinal de Médicis fur l'Archevêché de Toléde (1), & des Terres du même revenu dans le Royaume de Naples au Bâtard (2) qu'avoit laiffé Laurent de Médicis, neveu du Pape, L'Empereur confentit auffi à augmenter le Cens

(1) Il venoit de vaquer par la mort du Cardinal de Crouy, neveu de Chiévres,

(2) 11 fe nommoit Alexandre. Ces deux articles ne font past exprimés dans le Traité; c'étoient fans donte des articles fecrets. On pourroit les regarder comme indiqués par l'article 14 de ce Traité. (Voir dans le Corps Diplomatique, Tome ce Traité qui eft du 8 Mai 1521,

qu'il devoit au Pape pour le Royaume de Naples. Le Pape reçut 1521 la Haquenée blanche en figne de Vaffelage, & releva l'Empereur de l'incompatibilité tant alleguée du Royaume de Naples avec l'Empire.

Charles-Quint tiroit deux avantages de ce Traité, le premier d'être reconnu à la fois par le Pape pour Empereur & pour Roi de Naples, le fecond de rendre prefqu'impoffible aux François toute irruption dans le Royaume de Naples, en les chaffant entiérement de l'Italie; François Sforce paroiffoit y gagner une Couronne, il n'y gagnoit en effet qu'une protection auffi dure & auffi onéreufe que l'avoit été celle des Suiffes pour Maximilien fon frere, le Pape y gagnoit tout, le recouvrement de Parme & de Plaifance, la facilité d'ufurper l'Etat de Ferrare, l'augmentation du Cens de Naples, l'aggrandiffement de fa Maison, l'expulfion des François remplacés dans le Milamès par un petit Souverain qu'il fe

roit aifé de dépouiller un jour, 1521. L'Empereur étoit à la Diète de Wormes lorfque ce Traité fut figné, Chiévres y étoit avec lui. Ce fage Miniftre qui de concert avec fon ami Boify, n'avoit ceffé de travailler à la Paix, & qui mettoit sa gloire à écarter de l'Europe les orages que la méfintelligence de fes deux plus grands Monarques lui préparoit, ne fut point confulté fur cette fatale alliance, il ne l'apprit qu'après la conclufion, il vit bien que fon indocile Eléve s'affranchiffoit de fes foibles liens, que les maximes de fon administration étoient changées, que Charles - Quint & François I. alloient fe livrer à toute leur haine & que leurs Flatteurs ne cefferoient de la nourrir. Il pleura fon crédit tombé, il pleura plus amérement encore la tranquillité de l'Europe détruite, il pleura fur tant de fang que l'ambition de deux hommes alloit verfer. Ce chagrin vivement fenti, joint à la douleur de la mort encore récente de fon neveu (le Cardinal de Croy), le précipita en peu

de jours au tombeau. On dit qu'au —-—----milieu de l'agonie, l'efprit toujours 1521. frappé des calamités qu'il prévoyoit, il s'écrioit: Ah! que de maux! & qu'il expira en prononçant ces triftes & prophétiques paroles.

ennemies

Les deux Puiffances ne tarderent pas à les juftifier, & bientôt on vit éclater en Champa→ gne, en Picardie, en Navarre, en Allemagne toutes les hoftilités dont on a parlé.

La Bourgogne, à caufe des prétentions que la Maifon d'Autriche avoit au Duché & la France au Comté, refte des querelles qu'avoit produites la fucceffion de Bourgogne, fembloit devoir être un des théatres de la guerre, elle eut pourtant le privilége de vivre en paix ; elle l'obtint en confidération du Corps Helvétique, que le voisinage intéreffoit au fort de ces Provinces. Il y eut à leur égard un Traité de Neutralité conclu entre François I. (1) & Marguerite d'Autriche,

que

(1) A Saint Jean de Laune le 8. Juillet 15226