Imágenes de páginas
PDF
EPUB

noircir le Roi, lui déclarer que les fecours de la République. Helvéti- 1521. que étant dûs à la Juftice & non au menfonge, ils feroient accordés au Roi & refufés au Pape ; qu'on ne verroit jamais les Suiffes réunis fous les mêmes Drapeaux avec les Lanfquenets qui étoient en grand nombre dans l'armée de la Ligue (1), qu'ils alloient ordonner au Cardinal de Sion de fortir de la Suiffe pour tou jours.

Cependant cette décifion n'avoit point été unanime, les intrigues du Cardinal de Sion avoient prévalu dans plufieurs Cantons. Il avoit gagné celui de Zurich, qui avoit déclaré (dès le 25 Mai) qu'il n'entreroit point dans l'alliance que le Roi pourroit renouveller avec les treize Cantons (2). D'ailleurs le Maréchal de Foix dans les levées qu'il fit faire en Suiffe témoigna pour certains Cantons une

(1) Lettre de M. Des Réaux à M. Robertet du 3 Août rs2r, Bibliotheque du Roi, Manuscrits de Béthune, n. 8469, fol. 199.

(2) Lettre de la Ville de Zurich à François I. Manufcrits de Béthune, vols cotré 8489 fol. 21.

prédilection dont les autres fe ver 1521. gerent en acceptant l'argent du Cardinal de Sion, & en fourniffant des fecours à la Ligue; de ce nombre furent Lucerne, Ury, Schwitz & & Underwald; de-là vient que dans cette guerre on voit les Suiffes fervir prefque également dans les deux armées ennemies.

Guicciard.

My. 14.

Les Vénitiens encore fidéles à leur alliance avec les François, fur le bruit de toutes les entreprifes qui fe formoient contre le Milanès, envoyerent Théodore Trivulce avec quatre cent lances & un corps confidérable de Cavalerie-legere qui joignirent le Maréchal de Foix; mais ils ne purent, ou peut-être de peur d'attirer la guerre fur les terres de la Seigneurie, ils ne voulurent pas empêcher les Lanfquenets arrivés à Trente, d'aller joindre l'armée des Confédérés qui s'afsembloient dans la Romagne.

Ainfi donc les François appuyés par les Vénitiens, par une partie des Suiffes, & chargés de la défense du Duc d'Urbin & du Duc de Fer

rare, avoient à combattre en Italie
les Espagnols, le Pape, les Floren- 1521.
tins, François Sforce, le Marquis de
Mantoue, & une autre partie des
Suiffes.

Le commandement général de
l'armée de la Ligue Papale fut con-
fié à l'expérience éprouvée de Prof-
per Colonne, à qui la furprife de
Villefranche avoit fait moins de
tort qu'elle n'avoit fait d'honneur
aux François ; les Espagnols étoient
commandés fous lui par Dom Fer-
dinand d'Avalos, Marquis de Pef-
caire, déja fon égal pour le moins
dans l'art de la Guerre, le Marquis
de Mantode étoit Gonfalonnier
comme il avoit été en France Ca-
pitaine de cent Hommes d'armes ;
quoiqu'il fût cenfé avoir le com-
mandement particulier des Troupes
de l'Eglife, il étoit fubordonné nom
feulement à Profper Colonne & au
Marquis de Pefcaire, mais encore
à Guichardin, Commiffaire général
de l'Armée. Jerôme Adorne com-
mandoit les deux mille Efpagnols
qu'il avoit ramenés de fa ftérile na-

[ocr errors]

1

vigation fur les côtes de Gênes ; 1521. Antoine de Leve, foldat de fortune, qu'un mérite éminent élevoit aux honneurs militaires, & qui en r503. avoit vaincu d'Aubigny à la feconde bataille de Seminare, commandoit quatre cens Lances qu'il avoit amenées du Royaume de Naples; Jean de Médicis (1) qui avoit fait fes premieres armes dans la guerre d'Urbin en 1517. & qui dé-ployoit alors le courage & les talens d'un Héros, commandoit la Cavalerie - Legére du Pape; le Comte Guy Rangon étoit Capitaine géné ral de l'Infanterie de l'Eglife, Vitelli avoit la conduite des Troupes Florentines. La multiplicité de ces Chefs particuliers pouvoit être indif férente, leur mérite pouvoit être utile; mais le partage du pouvoir entre les deux Généraux Colonne & Pefcaire, fit naître parmi eux une

(1) Il étoit d'une Branche cadette de la Maifon de Médicis, qui s'affit encore plus folidement que Painée fur le Trône de Florence, il fut pere de Cofme fecond, qui porta le premier le titre de Grand Duc de Toftants

méfintelligence qui éclata fouvent

& dont les François pouvoient pro- 1521,
fiter. Ces deux hommes étoient d'un
caractére oppofé. Colonne prudent,
mefuré, temporifeur comme Fa-
bius, & comme lui taxé de timi-
dité; Pefcaire vif, ardent, préfomp-
rueux, capable de témérité, joi-
gnant dailleurs la rufe Italienne à
la fierté Efpagnole. Colonne étoit
particuliérement attaché au Pape,
Pefcaire à l'Empereur ; les vues de
ces deux Puiffances, quoique réu-
nies dans cet inftant, n'étoient pas
exactement les mêmes.

Cette armée étoit d'environ dixhuit mille hommes d'Infanterie & de douze cens hommes d'Armes, fans compter les Bannis, qui avoient des intelligences dans toutes les Places du Milanès, & dont le cou rage enflammé par la fureur, fembloit propre à produire de grandes chofes. Moron étoit dans l'Armée. Tous les Corps particuliers fe réunirent à Bologne, où les Chefs déli bérerent fur les opérations de la Campagne

[ocr errors]

.

« AnteriorContinuar »