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HISTOIRE

DE

FRANÇOIS IER

ROI DE FRANCE.

*****:********:********* SUITE DU LIVRE SECOND.

CHAPITRE PREMIER. Expédition du Milanès fous le Maré chal de Lautrec pendant les années .1521 & 1522.

FRANÇOIS I avoit cru devoir prendre la défense du Duc de Wir- 1521, temberg, contre ces Villes liguées de Souabe, dont les troupes, en fe vendant à Charles, & en s'approchant de Francfort, avoient déter-.. Guicciard, miné fon élection; cette tentative ne

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fut pas heureuse, elle ne fervit qu'à 1521. faire dépouiller plus pleinement le Duc de Wirtemberg de fes Etats; & afin qu'il perdît l'efpérance d'y rentrer, les Villes de Souabe les vendirent à l'Empereur. Cet incident, d'ailleurs peu important dans l'univerfalité des affaires, acquit cependant de la confidération à CharlesQuint en Allemagne & flatta les Allemands, parce que c'étoit un avantage remporté chez eux fur le rival, auquel ils venoient de le préférer.

L'Italie avoit éprouvé divers changemens depuis 1519. La mort de Laurent de Médicis avoit laiffé le Pape feul Adminiftrateur des Etats de Tofcane & d'Urbin; ce Pontife bien loin de reftituer Modene & Regge au Duc de Ferrare, avoit fait fur Ferrare même une entreprise, mais qui n'avoit pas réuffi; il eut voulu être le feul Souverain de l'Italie; il avoit fur-tout, comme fon Prédéceffeur, le projet d'en chaffer tous les Etrangers, projet yafte & noble, qui demandoit la conduite la plus prudente, la plus

active, & le talent le plus rare pour profiter des conjonctures. Les deux 1521. Puiffances qui poffédoient les deux grands Etats fitués aux extrémités de l'Italie, c'eft-à-dire, le Milanès & le Royaume de Naples, étoient très formidables, mais elles étoient effentiellement ennemies; c'étoit fur leurs difcordes que Léon X fondoit fes efpérances; il fe flattoit de les détruire l'une par l'autre. Telles étoient du moins fes vûes, felon Guichardin, qui les avoit apprifes de fon ami le Cardinal de Médicis, cousin & confeil du Pape, & depuis Pape lui-même fous le nom de Clément VII. Pour réuffir, il falloit s'allier fucceffivement avec l'une & l'autre

Puiffance, les appuyer, les quitter tour-à tour & toujours à propos, n'en fervir jamais aucune utilement, s'em parer de la balance pour y mettre des poids toujours funeftes au parti le plus heureux, conferver cepen→ dant les apparences de la fidélité en changeant toujours, de la justice en trahiffant tous fes engagemens, de l'amour de la paix, en irritant, en

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éternifant les haines, perfonnage dé 1521. licat, labyrinthe embarrassant, dans les détours duquel il étoit bien difficile de faifir avec précision la route tortueufe qui devoit mener au fuccès. Les Politiques jugeront fi Léon X s'eft égaré dans ses démarches, ou fi les variations que nous allons y remarquer étoient toujours celles que la prudence lui dictoit relativement à chaque conjoncture; obfervons feulement qu'à travers les grands intérêts éloignés & généraux, qui peuvent agir conftamment fur l'efprit des hommes, mais qui n'y agissent jamais puissamment, il se trouve toujours des intérêts particuliers, petits, mais préfens qui les entraînent; tels étoient, pour le Pape, celui de reprendre Parme & Plaifance, celui d'enlever au Duc de Ferrare fes Etats, celui d'obliger le Milanès de fe fournir de fel à Cervia, &c. petites vûes, fi on les compare au projet de chaffer de l'Italie tous les étrangers; il faut voir maintenant ce que le conflit des intérêts généraux & particu liers produifit dans la conduite de Léon X

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