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Le Maréchal de Foix voyant ung

1521 guerre ouverte fuccéder dans le Milanès aux entreprises secrettes, écri voit d'un côté au Roi qu'il avoit pourvu à tout, qu'il rioit des projets de l'ennemi, qu'il étoit difpofé à le bien recevoir, qu'il avoit plus de Suiffes qu'il n'en vouloit d'un autre côté il appelloit à grands cris le Maréchal de Lautrec fon frere pour lui remettre fon Gouvernement orageux & fe décharger fur lui du poids des événemens; mais le Maréchal de Lautrec ne fe preffoit point de se rendre à fes invitations; il fentoit, il difoit, il repétoit fans ceffe que fans argent, on ne pourroit conferver le Milanès, parce que les Suiffes mal payés déferteroient & le laifferoient fans défense au moment où leurs fecours feroient le plus néceffaires. Lautrec connoissoit dailleurs les difpofitions de la Ducheffe d'Angoulême à fon égard, il la croyoit capable de traverfer fes travaux dans le Milanès pour fe ménager le plaifir perfide de lui attribuer les difgraces des Armes

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Françoises; il s'obstinoit à ne vouloir quitter la Cour que quand il 1521. auroit reçu tout l'argent dont il croyoit avoir besoin; il ne partit enfin que fur les affurances réiterées du Roi, de la Ducheffe d'Angoulême, de la Comteffe de ChâteauBriant, du Chancelier Duprat & du Sur-Intendant Semblançai, que peu de jours après fon arrivée à Milan, il y recevroit quatre cens mille écus qu'il demandoit.

Du Bellay,

Lautrec (1) arrivé à Milan, loin Mém. de de blâmer les rigueurs de fon frere, liv. 1. voulut encore y ajouter, il commença par donner à cette Ville un fpectacle douloureux & terrible, il fit traîner à l'échaffaud & décapiter un Vieillard de foixante & quinze ans, d'une naiffance illuftre, allié aux plus grandes Maifons d'Italie & particuliérement à celle de Médicis. C'étoit ce Criftophe Pallavi

(1) Ce Général étoit d'une févérité inflexible, laimoit à punir. On voit dans une de fes lettres qu'il s'oppofe de tout fon pouvoir à la grace que le Roi vouloit accorder aux Bannis & aux Rebelles dir Milanès.

dicin, qui avoit fi légerement im1521. molé Cardin à fes foupçons ; il Belcar. liv. avoit eu le malheur de tomber en

16. n. 42.

tre les mains des François dès les premieres hoftilités; fon fupplice révolta ceux même qui n'avoient point été frappés du fupplice plus cruel de Mainfroy Pallavicin fon parent; c'eft que Mainfroy n'étoit qu'un Avanturier, & qu'il avoit été pris les armes à la main dans une entreprife qu'on pouvoit taxer de trahison, au lieu que Criftophe avoit eru punir un complot formé contre lui & n'avoit été cruel que par crédulité. Ce qui mit le comble à l'in dignation publique, fut le motif odieux de cette violence fur lequel il ne fut plus poffible de fe méprendre, lorfqu'on vit la riche confifcation des Pallavicin donnée par le Maréchal de Lautrec au Maréchal de Foix fon frere. Tous les François modérés & bien intentionnés vouloient qu'on fe contentât d'envoyer Pallavicin en France pour y fervir d'ôtage, la plûpart des Senateurs de Milan refufe

rent de figner fa fentence, comme les Juges de Buffeto avoient refufé 1521. de figner celle de Cardin.

Mém. de

liv, 2.

Les Confédérés pour venger les Pallavicins, pour fervir le Pape & Du Bellay, pour ne point laiffer derriere eux de Place ennemie, fe déterminerent à faire le fiége de Parme; ce ne fut Belcar. liv. qu'après bien des incertitudes & des 16. n°. 43. longueurs, les Chefs s'étant partagés fur le plan des opérations, les uns ayant opiné pour le fiége de Parme, les autres pour qu'on s'avançat vers le Pô, qu'on furprit Plaifance, Place moins forte & moins défendue que Parme, qu'on y paffât le Pô, & qu'on marchât directement vers Milan, fans s'arrêter à faire des fiéges. Ce dernier avis, qui étoit celui de Colonne, avoit même prévalu; mais lorsqu'on voulut fe mettre er marche, il s'éleva entre Colonne & Pefcaire une conteftation femblable à celle qui s'étoit élevée entre le Connétable de Bourbon & le Duc d'Alençon au paffage de FEscaut. Colonne en qualité de Général, prétendit être à la tête de l'A-

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vant-garde, Pescaire foutint que 1521. lui feul avoit droit de commander I'Infanterie Espagnole dont cette Avant-garde étoit compofée ; la querelle fut vive, Brantôme & Va rillas pour embellir cette Hiftoire, difent que le fougueux Pefcaire s'emporta jufqu'à tirer l'épée contre Colonne, quoique ce Général fût fon oncle (r); l'effet de cette divifron fut de réunir tous les efprits en faveur du fiége de Parme, où il n'y avoit point d'Avant-garde à conduire; mais Profper qui n'avoit ni cru ni voulu faire une guerre de fiéges, n'étoit point muni de l'ArtilleMém. de rie néceffaire, il fallut en faire venir Du Bellay, de Bologne.

Fv. 2.

1

Ces lenteurs donnerent le tems aux François de mettre, la Place en état de défense; plufieurs braves Capi taines tels que Pontdormy, le Prince de Bozzolo (2), le Maréchal

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(1) Il étoit l'oncle de fa femme, à la mode de Bretagne; Pefcaire avoit époufé Victoire Colonne, fille de Fabrice Colonne, coufin-germain de Prof per.

(2) Seigneur Milanois

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