AVANTURES OU MEMOIRES DE LA VIE D'HENRIETTE-SYLVIE DE MOLIERE. PREMIERE PARTIE. A AMSTERDAM, Gendre d'Antoine Marteau. MDCCXXXII I. f'amene avec moi une belle Dame que vous connoissez, qui me menace de me faire aller bien plus loin : Elle a une étrange démangeaifon de se revoir à Paris ; mais je doute qu'elle puisse obtenir fur moi de me faire faire ce pas-là, outre que mes affaires me rapellesont bien-tôl à Toulouse. Je ne vais pas ainsi dans une ville oià j'ai eu la folie de consentir qu'on me fit imprimer. Comme vous avez plus de prudence que moi, je vous laisse l'arbitre de tout ce qu'il faudra encore retrancher. Mais parlons d'autre ehose. Que votre Libraire m'embarasse avec ce qu'il me demande. Est-ce qu'il ne peut rien faire sans cela ? Et puis de quoi veut-il que je lui compose une Preface , je n'ai plus rien à dire aux Lecteurs, j'ai tout dit en leur abandonnant la belle Histoire que vous faites imprimer : D'ailleurs je ne vois pas que son Li vre exige une grande justification ; et si je n'ai pû me dispenfer d'y parler de quelques perSannes vivantes , je croi qu'il n'y en a pas une , qui en un besoin ne me pardonnât volontiers la liberté que j'ai prise , o à tout évenement je ferai le garant de l'Ouvrage de ce côté-là. Je suis bien - aise de ce que vous me mandez qu'on le doit faire corriger par d'habiles gens i prenez garde seulement que ces habiles gens - là ne soient pas trop serieux ; car cela leur aideroit à y trouver beaucoup plus de fautes ; O on dit qu'il faut être un peu badın pour lire les badineries , on du moins qu'il les faut lire en badinant pour y avoir plus de plaisir. Je finis , car on m'attend pour achever de déjeûner: Adieu, Monsieur , vous êtes le plus obligeant du monde , ca si |