Imágenes de páginas
PDF
EPUB

<< Item le Statut touchant le De profundis avec la collecte » Fidelium.

« Nous avons auffi approuvé celui porté depuis long-tems » contre les fugitifs, lequel a été infcrit parmi les conftitu» tions dans quelques Maifons & non encore dans plufieurs » autres. Nous ordonnons qu'il le fera partout pour être observé » dans la fuite ; & nous l'avons inféré à cette fin dans le » présent A&te capitulaire.

« Tout fugitif qui voudra rentrer dans fon Abbaye, de» mandera miféricorde avec humilité à la porte, pendant qua➡rante jours, & plus, fi fon Abbé le juge à propos. Là il » vivra d'aumône & fe profternera toutes les fois que l'Abbé, » les Chanoines, ou des perfonnes religieufes entreront ou » fortiront. Après quoi ayant été reçu, qu'il entre au Chapitre, » nu & portant des verges avec lui, & qu'il reçoive la difcipline pour commencer ainfi à fubir la peine des fautes graves. « Un fugitif qui change d'habit ou qui retenant dans le » monde l'habit religieux, le déshonore par fa conduite, fera » condamné à la peine des fautes graves. Celui qui ayant emporté fes habits ne les a point rapportés, n'en vêtira que » de vieux pendant trois ans.

« Un fugitif ne peut rentrer dans l'Abbaye ou dans l'habita» tion d'où il eft forti, que par un commandement exprès » de l'Abbé, après avoir demandé & obtenu miféricorde. Que » s'il eft affez téméraire pour agir autrement avec connoif» fance, il fubira doublement la peine de l'apoftafie.

K

« Un fugitif doit manger à terre dans le réfectoire pendant » quarante jours, durant lequel tems il eft privé de voix au » Chapitre & dans l'administration des affaires. I obferve un continuel filence, eft fervi le dernier & cependant exerce fon » office felon la volonté de fon Abbé.

[ocr errors]

Qu'il fe profterne dans le cloître & demande humblement » miféricorde toutes les fois que la Communauté fortira de l'Églife ou y entrera proceffionnellement.

[ocr errors]
[ocr errors]

<< Pendant les quarante jours de fa pénitence, il recevra chaque jour la difcipline dans le Chapitre. Il jeûnera au pain » & à l'eau pendant la même quarantaine. S'il étoit dans les hauts ftalles, qu'il defcende; fi dans les inférieurs, qu'il ne puiffe monter qu'après trois ans.

[ocr errors]

« Au furplus, il fera envoyé dans une autre Maison de » l'Ordre pour y demeurer pendant un an ou jufqu'au prochain Chapitre général: car fi fon Abbé le veut bien & » que le Chapitre y confente, il poura retourner dans sa » propre Maison; mais qu'il ne foit jamais élevé à aucune dignité, ni promu à aucun ordre facré, finon du confente» ment du Chapitre général.

« Un Chanoine ou un Convers qui étant retourné dans le fiecle » une feule fois, fera revenu & aura été reçu de nouveau » dans sa Maison, poura, fi l'Abbé l'accorde, reprendre son » premier rang. Mais s'il eft tombé plusieurs fois dans la même » faute, & qu'il revienne & foit reçu, il fera le dernier de >> tous ceux qu'il trouvera dans le Monaftere. »

Ceci doit s'entendre de ceux qui fortoient pendant le tems de l'épreuve.

C'est dans cet acte que s'offre pour la premiere fois la maniere dont un Abbé devoit s'excufer d'affifter au Chapitre général. Loin d'obvier aux fréquentes abfences, ce règlement y donna lieu à caufe de la facilité qu'il y eut dans la fuite de fe faire représenter par des Procureurs: on vit des Abbés fe charger de la procuration de plufieurs autres, & par ce moyen leur nombre diminua peu à peu dans les Chapitres généraux. Cet abus contribua beaucoup au relâchement de la difcipline

& à la décadence de l'Ordre. D'ailleurs l'infubordination dont on vit alors de fréquents exemples, ne pouvoit qu'accélérer l'un & l'autre. L'Abbé d'Arrouaife, accompagné de ceux d'Hénin & de Phalempin, s'étant présenté trois semaines après la tenue du Chapitre général à l'Abbaye de Saint Jean de Valenciennes pour en faire la vifite, éprouverent de la part des Religieux les plus grandes contradictions. C'étoit probablement la premiere Maison que Bauduin vifitoit après le concordat paffé avec les Abbés de Saint Léger & de Saint Crépin de Soiffons. Cette vifite eut lieu le 21 Octobre 1264, tandis que Wautier Abbé de Saint Jean, étoit expirant. Il mourut quelques jours après, & fut remplacé par un nommé André. Celui-ci dès le 13 Novembre fuivant, écrivit une lettre circulaire, tant en fon nom qu'au nom de fa Communauté, à tous les Abbés de l'Ordre afin de les engager dans fa querelle: (c) « la troisieme » ferie après la fête de Saint Luc, eft-il dit dans cette lettre, » les vénérables, & plût à Dieu que l'on pût dire aimables » Peres! les Abbés d'Arrouaife, d'Hénin & de Phalempin, » profitant du moment où notre Prélat étoit attaqué d'une ma» ladie dangereuse, dont même il eft mort, & voyant que » nous étions fans Chef, privés de confeil & de tout fecours, » vinrent à l'improviste & comme à main armée envahir notre >> Maison & voulurent en faire la vifite de l'autorité, à ce » qu'ils difoient, du Souverain Pontife, fans aucun égard pour » les libertés & les ufages de l'Ordre. Sans doute ils ont com» mencé par nous, afin qu'après nous avoir foumis, ils puffent » avec plus de facilité appesantir leur joug fur les autres. » Le reste de cette lettre eft écrit dans le même style. On y voit comment le Général & les Définiteurs piqués de la résistance

(c) No. XXVI.

des

des Religieux de Saint Jean, finirent par les frapper d'anathême. Ceux-ci appellerent, comme d'usage, au Saint Siége, & ce fut pour foutenir leur caufe en commun, qu'ils envoyerent dans tout l'Ordre le détail de ce qui s'étoit paffé chez eux. Quiconque de vous, écriventils, voudra maintenir avec » nous les libertés de l'Ordre, & partager les frais d'une dé» fense auffi juste, qu'il joigne à notre fceau qui pend à ces >> lettres fon propre sceau, en témoignage de notre confé» dération. »

K

Ce manifeste qui n'est encore scellé que du fceau de Saint Jean de Valenciennes, n'eut apparemment point de suite. Mais des difficultés pareilles s'étant élevées dans quelques autres Maifons, les Vifiteurs nommés par les Chapitres généraux commencerent à fe rebuter & à ne plus vouloir accompagner le Général dans cette befogne trop souvent désagréable. Bauduin convaincu que le maintien de la discipline dépendoit beaucoup de ces fortes de vifites, eut recours au Pape Clement IV. Il lui représenta que le règlement du Cardinal de Sainte Sabine ne lui permettant de faire la vifite des Monafteres de fon Ordre qu'autant qu'il feroit accompagné de deux autres Vifiteurs nommés par le Définitoire, il arrivoit fouvent qu'il ne pouvoit faire aucune vifite, attendu que ces deux Vifiteurs refufoient de fe joindre à lui, ce qui portoit un notable préjudice au temporel & au fpirituel des Maifons de l'Ordre. II demandoit en conféquence que dans le cas où l'un ou l'autre ne confentiroit point à le suivře après en avoir été requis, il pût faire sa visite avec l'un des deux, & que fi tous deux refusoient, il lui fût permis de la faire feul. Le Pape lui accorda sa demande par une Bulle datée de Viterbe 2 Décembre 1266, 1626. qu'il confirma par une feconde auffi datée de Viterbe 5 Juin 1268. Mais fi le règlement du Cardinal de Sainte Sabine avoit

D d

1276.

caufé des troubles dans l'Ordre par la nouveauté, cette Bulle ne fit qu'empirer le mal. A peine le Général voulut la mettre à exécution, qu'il trouva des oppofitions de toutes parts. Les Chefs même de l'Ordre après lui, les Abbés d'Hénin, de Ruiffeauville & de Sainte Marie de Boulogne leverent l'étendart de la révolte. Ceux de Maroeul, de Saint Mard de Tournai, de Saint Barthélémi de Bruges, de Soetendael, Zunebeck, Warnêton, Choques, Beaulieu, Saint Vulmer, Clairfaï, avec prefque tous les Officiers & les fimples Religieux de leurs Maisons, se joignirent aux trois premiers, & refuferent d'admettre une pareille vifite. Bauduin lança fur eux les foudres de T'Eglife & plufieurs aimerent mieux mourir dans l'excommunication que de se foumettre. Tel fut Jacques Abbé de Warnêton. B... fon Succeffeur penfa mieux & demanda l'abfolution des cenfures à l'Abbé d'Arrouaife, ad Cautelam ; il n'avoit point été du nombre des rebelles ;) il l'obtint, & paffa le 5 Juillet 1276, (d) un acte, dans lequel entr'autres chofes, il promet qu'il fera fon poffible pour tamener à l'obéissance ceux de fes Chanoines qui tiennent encore le parti contraire. L'exemple de l'Abbé de Warnêton fut fuivi par plufieurs Abbés & Obedienciers de l'Ordre, (e) & comme quelques-uns étoient tombés dans l'irrégularité & que pour la faire lever & obtenir l'absolution, ils étoient dans le cas de recourir directement à Rome, l'Abbé Bauduin demanda les pouvoirs néceffaires

(d) No. XXX.

[ocr errors]

(e) J'ai fous les yeux un Vidimus donné par trois Définiteurs au Chap. gén. de 1277, des Statuts rédigés à Aire dans le fiecle précédent fur les délits & les peines; c'étoient Bauduin Abbé de Sainte Marie de Boulogne, Jean Abbé de Maroul & R. . . . Abbé de Clairfaï. Le même Acte eft figné des Abbés d'Arrouaife, de Ruiffeauville, de Choques, de Saint Vulmer, de Beaulieu, de Zunebec, d'Eckout & de Doudeauville.

« AnteriorContinuar »