Imágenes de páginas
PDF
EPUB

l'air enfermé étant alors feul à porter ce poids, il fera au même degré de condensation que l'air exterieur, & representera le changement qui lui eft arrivé. Il eft bon de remarquer qu'afin que l'air enfermé foit au même degré de condenfation que l'air exterieur, il faut qu'il soit plus condenfé qu'il ne l'étoit dans le cas de la branche droite, & par confequent que dans le cas de la branche en zic-zac, il y doit paffer une plus grande quantité de liqueur qui reduife en un moindre espace l'air enfermé. En effet, il eft vifible qu'avec une même augmentation de force l'air exterieur doit faire paffer plus de liqueur dans la branche fcellée, quand cette liqueur ne s'éleve plus, & par confequent n'agit plus contre lui par fon poids.

On ne doit point avoir de fcrupule fur cette élevation infenfible qui eft negligée. Il faut 32 ou 33 pieds d'eau pour contrebalancer le poids de l'Atmosphere, & fur ce pied-là dans un zic-zac qui auroit un pouce de hauteur l'eau élevée à la plus grande hauteur poffible n'égaleroit qu'à peu prés la 400me partie du poids de l'Atmosphere, & on ne negligeroit que cette 400me partie, quand on negligeroit le plus qui fe puiffe negliger, ce qui arrive trésrarement. D'ailleurs comme on employe ordinairement l'Efprit de vin qui eft beaucoup plus leger que l'eau,

l'erreur fera encore moindre.

Le tuyau étant tel qu'il étoit d'abord, fi au lieu qu'on a fuppofé que le poids de l'Atmosphere étoit venu à augmenter, on fuppofe prefentement qu'il foit diminué, l'air enfermé plus fort que l'air exterieur fera defcendre la liqueur dans fa branche & la fera monter dans l'autre, & par confequent fe rarefiera auffi-bien que l'air exterieur, mais non pas autant, car outre la colonne de l'Atmof phere qui eft le feul poids que l'air exterieur porte, enfermé aura encore à foutenir le poids de la quantité de liqueur montée au deffus du niveau dans la branche ouverte. L'air enfermé fera donc d'autant plus éloigné du degré de rarefaction de l'air extérieur, que cette hauteur de la liqueur fera plus grande, & par confequent on ra

l'air

menera ces deux airs au même degré de rarefaction, fi l'on peut faire que cette hauteur devienne nulle, ou du moins infenfible. Or c'est ce qui est trés-aisé; il faut feulement que la branche ouverte devienne une groffe boule, dans laquelle une grande quantité de liqueur pourra paffer, prefque fans s'élever.

On voit affés qu'il eft indifferent pour cet effet que l'autre branche foit droite, ou repliée en zic-zac, & par confequent voilà la figure du tuyau de M. Varignon déterminée quant aux variations de la rarefaction de l'air caufées par le poids de l'Atmosphere. La branche fermée fera en zic-zac & de la moindre hauteur poffible, la branche ouverte se terminera en une groffe boule.

que

Il ne faut plus qu'appliquer de femblables raisonnements aux variations de la rarefaction de l'air caufées par l'inégalité de la chaleur. Suppofons encore le tuyau à deux branches droites. Si l'air enfermé le rarefie par l'augmentation de la chaleur, il prend cette nouvelle extenfion en s'appuyant fur le bout fermé du tuyau, & par confequent il fait defcendre dans cette branche & mon ter dans l'autre la liqueur qui auparavant étoit de niveau. Il est encore à remarquer que cette liqueur, fe rarefiant auffi par la chaleur,fe rarefiera toûjours & beaucoup moins, & moins promptement que l'air, quelle qu'elle puiffe être, d'ailleurs elle ne prendra fa nouvelle extenfion que du côté de la branche ouverte, parce qu'elle trouvera de ce côté-là moins de resistance, & que par confequent l'air enfermé se rarefiera autant que l'augmentation de la chaleur le demandera, c'est à dire autant que l'air exterieur. Mais la liqueur montée au deffus du niveau dans la branche ouverte feroit un nouveau poids que l'air enfermé auroit à foutenir outre celui de l'Atmosphere, & qui le recondenferoit jusqu'à un certain point, Il faut donc que la branche ouverte devienne une groffe boule, moyennant quoi l'air enfermé & l'air exterieur font au même degré de rarefaction. De même, fi l'air enfermé fe condense par la diminution de la chaleur, il ne peut à

caufe du bout fermé du tuyau fe refferrer, & fe retirer, pour ainsi dire, que de bas en haut. Au contraire l'air exterieur qui fe condense auffi en même temps fe refferre de haut en bas, parce qu'il s'appuye fur la terre, & par confequent la liqueur qui étoit de niveau defcend dans la branche ouverte, & monte dans l'autre. Mais sa hauteur au deffus du niveau dans la branche fcellée aideroit à l'air enferméjà foutenir le poids de l'Atmosphere, & il feroit un peu moins condenfé que l'air exterieur. Il faut donc pour l'amener au même degré de condensation que la branche fcellée foit en zic zac.

Les deux caufes differentes de la variation des rarefac tions de l'air s'accordent donc à demander la même figure dans le Manometre. En vertu de cette figure, l'air qu'on y aura enfermé dans le temps de fa conftruction fera toûjours rarefié ou condenfé au même degré que celui du lieu où il fera, & les differens efpaces qu'on verra occuper à l'air du Manometre feront la mefure de tous les changements qui arriveront à la rarefaction de cet air exterieur. Il est évident que l'efpace qu'occupoit l'air du Manometre au temps de fa conftruction a dû être marqué fur l'Inftrument, & que c'eft à ce premier efpace que l'on doit enfuite comparer tous les autres.

Si ce même Manometre eft tranfporté dans un autre lieu que celui où il a été conftruit, il marquera de combien l'air du second lieu fera plus ou moins rarefié que l'air du premier, lorsqu'il y étoit.

Mais fi l'on veut comparer les differents degrés de rarefaction où est en même-temps l'air de differents lieux, il faut qu'il y ait un Manometre dans chacun, & que les deux Manometres ayent été conftruits dans l'un de ces deux lieux. Il feroit plus commode qu'ils l'euffent été auffi en même-temps, mais il n'y a pas de neceffité, parce que deux Manometres étant conftruits dans un même lieu en differents temps, il fera aifé de trouver le rapport des deux differents états de l'air. Ce moyen que le Manometre de M. Varignon fournit de comparer l'air de diffe

rents lieux dans un même temps, eft la plus utile confequence de fa découverte. Si on veut repeter à Paris, par exemple, certaines expériences délicates qui auront été faites à Londres & qui auront rapport à la rarefaction de l'air, il fera fort avantageux de favoir quel fera dans le temps des experiences le rapport des denfités de l'air de ces deux Villes. Sans cela, on auroit peut-être été fort étonné de voir que ce qui auroit reüffi à Londres ne reüffiroit pas à Paris, & avec cette connoiffance, on pourra fuppléer à la difference de la densité d'air,

Sans avoir à Paris & à Londres deux Manometres, qui ayent été conftruits tous deux à Paris, par exemple, on peut arriver à la même connoiffance avec deux Manometres dont l'un aura été conftruit à Paris, l'autre à Londres, , pourveu feulement que l'on tranfporte l'un des deux dans l'autre lieu. M. Varignon donne le calcul qu'il faut faire en ce cas-là, mais parce que ce tranfport n'est guere pratiquable, nous renvoyons cela au Memoire de P'Auteur, comme une curiofité, & un exemple d'un calcul affés fin. Nous y renvoyons auffi quelques obfervations, & quelques délicateffes qui regardent la construction de l'Inftrument,

SUR LES DIFFERENTES HAUTEURS DE LA SEINE EN

Toe

DIFFERENTS TEMPS,

'OUT eft à observer, & l'obscurité de la Phifique ne vient peut-être pas plus de ce que les caufes font cachées, que de ce que les effets même font encore inconnus. M. Amontons avoit commencé à faire observer les hauteurs de la Seine en differents temps par un de fes amis, à qui la fituation de fa maison en donnoit la commodité. Cet ami, obfervateur exact & habile, ayoit

pris un point fixe fur le Maffif du Pont-neuf qui porte la tatue equeftre de Henri IV. De là, il contoit jour par jour les élevations ou les abaiffements de la Seine fur une graduation immobile qu'il y avoit pofée, & qu'il voyoit avec une Lunette. M. Amontons ayant le Journal de ces obfervations depuis le 14 Septembre 1703. jufqu'au dernier Decembre 1704, les reduifit de la maniere fuivante. Il partagea tout en élevations & en defcentes de l'eau, marquant d'abord, par exemple, combien de jours l'eau s'étoit élevée depuis le commencement des obfervations, & de combien elle s'étoit élevée, enfuite combien de jours elle avoit baiffé,& de combien; aprés cela combien de jours elle avoit recommencé à monter, & toûjours ainfi de fuite.

Par le fimple Journal des obfervations on voyoit en quel temps de l'année l'eau avoit été la plus haute, ou la plus baffe, de combien elle l'avoit été une année plus que l'autre &c. & par ce partage des obfervations en élevations & en defcentes de l'eau, on voyoit le nombre des élevations & des defcentes de chaque année, leur durée, leur grandeur, & tous leurs rapports felon ces differens égards.

Par exemple, M. Amontons trouvoit que depuis le 14 Septembre 1703 jufqu'au 10 Février 1704, il y avoit eu 8 elevations qui toutes ensemble faifoient 223 pouces,& avoient duré 77 jours, que depuis le 10. Février 1704 jus qu'au 18 Septembre fuivant il y avoit eu 8 autres élevations qui n'avoient fait que 163 pouces, & avoient duré 70 jours, d'où il concluoit que les pluyes qui contribuent à groffir la Seine avoient été beaucoup plus précipitées & s'étoient fuivies de plus prés depuis l'Equinoxe d'Autonne 1703 jufqu'à celui du Printemps 1704, que depuis ce dernier Equinoxe jufqu'à celui d'Autonne fuivant, puifque la fomme des premieres élevations étoit prefque double de celle des autres, & que cependant les temps étoient presque égaux.

Pour les differentes defcentes de l'eau dans ces mêmes temps, il fe trouvoit que leur grandeur ou quanti

« AnteriorContinuar »