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1705.

6. May.

SUR LA CONDENSATION

ET DILATATION DE L'AIR,

M

PAR M. DE LA HIRE le fils.

Onfieur Mariotte a fondé la Regle generale qu'il a donnée pour trouver les differentes condenfations de l'air par des poids donnés fur une experience qu'il rapporte d'abord, laquelle eft confirmée par trois autres qui font enfuite, & qu'il a faites dans un tuyau de verre récourbé, dont une des branches qui avoit un pied étoit fcelée hermetiquement, & l'autre étoit auffi grande qu'on vouloit. Il mettoit enfuite du mercure dans ce tuyau, & continuoit l'experience comme on la peut voir aux pages 140 & fuivantes de fon Traité du Mouvement des Éaux, & ses experiences lui ont donné lieu d'établir une Regle generale, & d'avancer que la condenfation de l'air fuivoit la proportion des poids,

Mon Pere a donné auffi à l'Academie, il y a plufieurs années, une Regle generale pour la condenfation & dilatation de l'air, qu'il avoit tirée de la feule fuppofition commune, que l'air eft pefant & capable de reffort.

Il fit plufieurs experiences pour connoître dans quelle proportion un reffort, pris dans un état moyen d'extenfion, s'étendoit étant chargé de differens poids, &iltrouva que fes extensions étoient en raifon directe des poids; mais ayant voulu voir auffi comment un reffort fe refferroit, il trouva que fes condensations n'étoient plus en raifon directe, mais en raison réciproque de ces mêmes poids; ce qui paroît affez aifé à comprendre, fi l'on confidere que dans l'extenfion à proportion que les poids augmentent, les refforts augmentent auffi de volume, & au contraire dans la condensation ils en diminuënt. Ce fut donc fur ces experiences qu'il établit sa Regle generale, qui se

trouve entierement conforme à celle de M. Mariotte, & aux experiences qu'en a fait dernierement M. Amontons en prefence de l'Academie, comme on le peut voir dans la petite Table fuivante où font fes experiences, & vis-àvis ce que donne le calcul pår la Regle.

TABL E.

Elevation du mercure | Condensation de l'air | Condensation de l'air

dans le tuyau.

par l'experience.

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par le calcul.
9 parties & +133

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108

67

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OBSERVATION

Sur les reins d'un Fœtus humain de neuf mois.

C

PAR M. LITTRE.

E fœtus étoit

gros & gras; toutes les parties étoient 1705. faines & avoient leur conformation ordinaire, ex- 27. May. cepté les reins. Il étoit mort dans le ventre de fa mere pendant le travail de l'accouchement, qui fut fort long & fort laborieux.

Les deux reins étoient plus grands qu'à l'ordinaire, & leur membrane commune étant levée ils reffembloient à une grape de raifin,c'eft à dire, qu'ils étoient tout compofés 4. F16. de vehicules membraneufes de differente groffeur, de figure ronde ou ovale, ferrées les unes contre les autres par

D. E.

N. O.

5. FIC,

C.

la membrane propre de ces vifceres, & pleines d'une liqueur femblable à de l'eau un peu épaiffe & d'une odeur urineuse.

Les veines & les arteres émulgentes au dedans & au dehors des reins, étoient plus groffes que de coûtume. Les ureteres, depuis la veffie jufqu'à un pouce prés des reins, étoient creux à l'ordinaire, & avoient une ligne & demie de diametre. Le pouce reftant étoit tout à fait folide, & n'avoit qu'un quart de ligne de groffeur. Les parois du baffinet dans les deux reins, à l'endroit du centre, étoient fortement colées ensemble de la largeur de quatre lignes: le reste des deux baffinets étoit creux, & rempli de la même liqueur que les veficules.

Je féparai enfuite la membrane propre de chaque rein, pour en découvrir la veritable structure.

Les veficules, qui compofoient ces vifceres, étoient attachées les unes aux autres par plufieurs fortes de vaiffeaux. Il fe portoit à chacune au moins un rameau de veine, d'artere & de nerf, qui s'y divifoit en d'autres plus petits, & ceux-cy en quantité de capillaires, qui embraffoient la veficule de toutes parts, & quelques-uns communiquoient entr'eux en plufieurs endroits,

Le diametre de ces veficules étoit depuis une demiligne jufqu'à fix. Les petites étoient opaques & rougeatres, & plus à proportion qu'elles étoient plus petites. Les groffes étoient diaphanes & blanches, & plus à proportion qu'elles étoient plus groffes. Les unes & les autres avoient leurs parois plus minces felon qu'elles étoient plus groffes.

Les petites veficules étoient rougeatres, & les groffes, blanches; parceque les rameaux des vaiffeaux fanguins étoient plus gros & plus prés les uns des autres dans les premieres que dans les fecondes.

Les petites étoient opaques, & les groffes transparentes; parceque les parois des petites étant épaifles & les parois des groffes étant minces, la direction des pores était droite dans celles-cy, & ne l'étoit pas dans celles-là.

Enfin les petites veficules avoient leurs parois plus épaifLes que les groffes; parce qu'ayant été peu dilatées, elles avoient peu perdu de leur premiere épaiffeur : au lieu que les groffes contenant beaucoup de liqueur dans leur cavité, leurs parois étoient devenuës fort minces à force de s'étendre.

Il partoit de chaque veficule de ces reins du côté du baffinet, un vaiffeau plus gros que les autres, qui avoit une demi-ligne de diametre dans les plus groffes, & à proportion dans les plus petites. Ce vaiffeau fe portoit vers le baffinet, il fe joignoit, aprés une à deux lignes de chemin,à quelques-uns de ceux qui venoient des veficules voisines, & formoit avec eux un tuyau commun, qui fe terminoit immediatement dans la cavité du baffinet. C'est fans doute à cause de la communication de ces conduits urinaires. qu'en foufflant dans la cavité d'une veficule, j'en faifois enfler plufieurs autres des voifines: car les parois du baffinet dans ce foetus étant colées enfemble à l'endroit de fon centre, comme j'ay dit, une partie de l'air pouffé par le fouffle ne pouvant paffer dans l'uretere, étoit obligé de refluer dans les autres veficules voifines, dont le conduit particulier concouroit à la formation d'un conduit urinai

re commun.

La fuperficie exterieure de ces vesicules étoit un peu inégale, & l'interieure tres-unie & percée d'un grand nombre de petits trous, dont plufieurs étoient fenfibles fans le fecours des loupes. Il fuintoit par ces trous une liqueur aqueufe, lorfque je preffois les parois des veficules.

Chaque veficule étoit compofée de deux membranes. L'exterieure étoit plus mince, & d'un tiffu moins ferré que l'interieure. Je remarquay entre ces deux membranes des 7. FIG. fibres charnues, difpofées en maniere de rezeau: les intervalles des mailles étoient remplis de petits facs rouges, pleins de fang, de figure ovale, où fe terminoient plufieurs fortes de vaiffeaux capillaires. On obfervoit par le moyen d'une loupe, qu'il fortoit un conduit fort petit de chacun de ces facs; que quatre ou cinq de ces conduits fe

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P

6. FIC.

joignant ensemble vers leur fin, en formoient un commun qui aboutiffoit à un des trous, dont la membrane interieu re des veficules étoit percée, & qui par confequent n'étoient autre chofe que fon embouchure. La jonction des conduits particuliers de plufieurs facs étoit caufe qu'on appercevoit fans loupe les trous de la membrane interieure des veficules.

Voilà la description des reins du fœtus dont il s'agit. Voici quelques confequences qu'on peut tirer, ce me semble, de cette description.

La premiere confequence eft, que les reins ne font naturellement autre chofe qu'un amas de veficules garnies de petits facs glanduleux, qui féparent la matiere de l'u rine, du fang qui leur eft fans ceffe porté par les arteres émulgentes, parceque les veficules, qui compofoient les reins de ce foetus, avoient féparé de fon fang lurine qu'elles contenoient, qui eft l'unique ufage des reins; & que d'ailleurs elles n'avoient rien d'extraordinaire que leur groffeur, qui étoit devenue exceffive par la grande quantité d'urine, qui faute d'une iffuë libre, s'étoit amaffée dans leur cavité, & en avoit extrêmement dilaté les parois.

La feconde confequence eft, que les reins des foetus humains féparent du fang une affez grande quantité d'urine, pour foupçonner avec raifon que ces foetus piffent dans la cavité de l'amnios, ou que leur urine paffe de la veffie par l'ouraque dans une espece d'allantoïde, où elle est en réferve jufqu'au temps de l'accouchement.

La troifiéme confequence eft, que les veficules des reins de ce fœtus avoient trois fortes de conduits urinaires. Les premiers, qui étoient tres-petits & en fort grand nombre, appartenoient aux petits facs contenus entre les membra nes des veficules, & s'ouvroient dans leur cavité. Les feconds, incomparablement plus gros que les premiers, fembloient n'être autre chofe, qu'une production des veficules; plufieurs de ceux-cy s'uniffant entr'eux, aprés une à deux lignes de chemin, compofoient les troisièmes con

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