d'une épaiffeur double; l'autre partie existe à Grenoble dans le cabinet de M. le Chevalier de Sayve.

Variété B. Idem de 3 pieds de longueur fur 2 pieds 3 pouces de largeur. Cette table est telle qu'elle a été tirée de la carrière. Ses deux faces font fi unies, qu'il ne s'agiroit que d'en polir une pour en faire une table précieuse, car le bafalte en eft du plus beau noir, d'une pâte homogêne, dure & fonore. Cet échantillon pèfe environ 180 livres tel qu'il eft, il a été tiré des environs d'Aubignac en Vivarais; c'est un des plus grands morceaux qu'on puiffe fe procurer, car il faut apporter les laves à dos de mulet, par des chemins rapides: fi les voitures pouvoient s'y rendre, il feroit facile d'en avoir de trois fois plus grands encore.

Variété C. Idem de 2 pieds 5 pouces de longucur fur 2 pieds de largeur & 2 pouces d'épaiffeur, du bafalte le plus noir & le plus compacte. Je ne fais connoître ce bafalte analogue aux précédens, que parce qu'il renferme un noyau de feld-fpath blanchâtre de 16 lignes de longueur fur 9 lignes de largeur.

Des environs d'Aubignac.

Variété D. Bafalte en feuillet d'un pied z pouces 6 lignes de longueur fur 10 pouces de largeur, & 6 lignes d'épaiffeur, parfaitement égal dans toute son épaiffeur. Cé basalte, sonore lorfqu'on le frappe avec un corps dur, eft de couleur grife, & contient une multi tude de petites lames brillantes de feld-fpath. Il en fera fait mention plus particulièrement au Chapitre des Laves décomposées. Cette variété fe trouve fur la partie la plus élevée du mont Mèzin.

Variété E. Idem de 10 pouces de longueur fur 5 pouces 6 lignes de largeur & 6 lignes d'épaiffeur, d'un gris foncé, composé d'une multitude de petites lames brillantes, recouvert auffi par des taches rondes d'environ 6 lignes de diamètre, d'un blanc mat & terne. Ces taches, qui font toutes à-peu-près de la même grandeur, paroiffent avoir été produites par des parties bafaltiques, remaniées par les eaux, qui ont fouffert un plus grand degré d'altération, & dont la couleur foncée a difparu. Ce bafalte, que j'aurai encore occafion de rappeler, eft un de ceux que je regarde comme ayant éprouvé des modifications dans le fluide aqueux. Cette variété du mont Mèzin eft de la plus grande rareté.

· Variété F. Bafalte en table de 6 pouces de longueur fur 5 pouces 6 lignes de largeur, & I pouce d'épaiffeur, dur, fonore comme le métal, d'un gris foncé tirant un peu fur le verd, renfermant divers cryftaux de feldfpath, dont un eft remarquable par fon brillant & fa cryftallisation en parallélipipède. Ce crystal a 6 lignes de longueur fur 3 largeur.

Du mont Mezin.

de

Variété G. Idem de 3 pouces en quarré, poli fur une de fes faces, compofé d'un basalte très-noir & vitreux, mais bariolé par une multitude de petites marbrures blanches qui pénètrent dans toute l'épaiffeur de la lave, de manière que ce basalte tacheté, paroît au premier aspect être une espèce de porphyre noir à taches blanches, auffi pourroit-il êtie appelé en rigueur bafalte porphyre, puifque tous les petits points blancs dont il eft femé, font de la nature du feld fpath, ainfi que dans le porphyre, & n'en diffèrent que par la configuration, car le feld-spath du porphyre eft en cryftaux parallélipipèdes, tandis que le feld-fpath eft ici en filets, en linéamens irréguliers, & comme jettés au hafard. Cette variété se trouve fur un des pics les plus éle

vés du mont Mèzin où elle est très-rare. Je la regarde comme une lave que les eaux ont remaniée.

CHAPITRE XI

BASALTES

ΑΙ

EN BOULE.

J'AI fait mention du basalte en boule aux pages 154, 155 & 156, des Recherches fur les volcans éteints du Vivarais & du Velai; j'ai fait depuis ce tems-là les obfervations fuivantes.

Il existe différentes espèces de boules bafaltiques; celles qui ont été arrondies par les flots de la mer, & celles qui ont naturellement affecté la forme fphérique.

Les premières quelquefois d'un volume énorme, & cntaffées les unes fur les autres, de manière à former des monticules entièrement compofés de ces boules, font faites pour furprendre & embarraffer l'obfervateur le plus exercé. J'ai long-tems médité fur cet objet, mais le fait que je vais rapporter eft propre, par fa belle analogic, à nous apprendre que cette première

espèce de bafalte en boule, doit fa forme au balancement des eaux de la mer. Il exifte à Cète, dans la partie maritime du Languedoc, une grande & forte digue, construite fous la direction de M. de Vauban. Ce môle en fe prolongeant dans la mer, a formé un port factice très-utile. La digue en fut conftruite par encaiffement avec des maffes de pierres tirées d'un rocher voifin, liées & réunies avec un bon ciment de pouzzolane.

Les blocs de pierre de cette digue font calcaires, à grain fin & ferré, coupés en divers fens par des bandes de spath de la même nature, très-étroitement aglutinées, de manière que cette roche, qui peut être rangée dans la claffe des marbres, eft une des plus folides & des plus convenables pour oppofer un rempart à l'eau.

L'ouvrage porté à sa perfection, tant par la manière dont il fut dirigé, que la bonne qualité des matériaux, fembloit ne rien laiffer à défirer; l'on reconnut cependant bientôt, que cette jetée expofée à l'action conftante d'une mer orageufe, devoit être défendue par un revêtement en pierre sèche; des blocs énormes & anguleux de la même roche, artistement arrangés opposèrent bientôt au choc des vagues une espèce de