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Fornie de 95.degrez, fuivant la na- G. Drvigation de Gualle. Sur la Carte de L IS LEA Sanfon elle est éloignée de 35. degrez feulement; c'eft une erreur de 60. degrez de longitude; & c'est-là celle que j'avois reprochée dans le Mémoire fur les Ouvrages de GuilLaume Delifle, & que je m'étois contenté d'indiquer. Eft-ce répondre à cette obfervation, que de dire, comme font les Auteurs du Mémoire, que les fils de Nicolas Sanfon ont raproché la terre d'reço de Afie fur leurs Cartes? Ce qu'ils devoient faire étoit; 1o. de ne pas féparer la terre d'reço du continent de l'Afie & de ne la pas joindre à l'Amerique; 2°. d'éloigner l'Afie & l'Amerique, & d'ajouter une distance de plus de 45. degrez ou plus de 740. lieües marines, à celle qu'ils mettoient fur leurs Cartes entre ces deux parties du monde.

A l'égard de la Californie, dont les fils de Nicolas Sanfon fe font obftinez à faire une Ile, j'aurois pu imputer cette faute à Nicolas Sanfon lui-même Car l'opinion qui fépare ce grand Païs du continent n'a ja

G. DE- mais été adoptée par aucun bon GeoLISLE. graphe, fi l'on excepte Meffieurs Sanfon. Ortelius, Bertius, Blaeu, & Mercator, ont toûjours reprefenté la Californie comme une, prefque Ifle, & le fçavant Laet dans la Carte, qui eft à la tête de fon excellente defcription de l'Amerique, lui donna encore cette figure en 1640. M. Delifle ne s'eft jamais donné pour l'Auteur de cette opinion; ila feulement prétendu fe conformer en cela aux meilleures Cartes, & aux meilleures Relations.

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Il n'eft plus poffible maintenant de douter que la Californie ne foit attachée au continent de l'Amerique, dont elle n'eft féparée que par un grand fleuve nommé Rio-Colorado ou la Riviere rouge par les Efpagnols. Le P. Kino, Jefuite paffa en 1700. de la terre ferme dans la Californie en traverfant ce fleuve, & il a donné une Carte détaillée de ce golphe, qui a été publiée en 1705. (a) il y a plus de 25. ans. Seroit-il poffible que les Auteurs de l'Eloge fuffent affez peu inftruits des nou(a) Lettres Edif. tom. {·

velles Geographiques, pour ignorer G. DEce fait? Il le femble, à voir la façon LIS LE. dont ils parlent de la Californie, & la promeffe qu'ils nous font par un paffage d'Horace du retour de l'ancienne opinion, qui féparoit ce Païs du continent de l'Amerique par un détroit.

Dès le temps de Nicolas Sanfon la chofe ne devoit pas être problématique. L'opinion, qui fait une Ifle de la Californie, n'a jamais eu d'autre fondement que quelques Cartes marines Efpagnoles (a) copiées par les Pilotes Hollandois dans la penfée qu'elles étoient faites des par gens aufquels le Païs devoit être connu. Ils auroient dû penfer cependant, que l'on ne connoît aucun Voyageur, qui fe foit jamais vanté d'avoir fait le tour de la Californie, & d'avoir vû cette prétendue communication du Golphe de la Californie avec la mer, qui eft au Nord du Cap blanc vers le 45. degré de latitude. Cette réflexion pouvoit fuffire pour defabufer Nicolas Sanfon; mais on avoit de fon (a) Laet Amerique VI. ch. 17. f. 221.

240.

G. DE-temps des preuves pofitives, qui LISLE. nous difpenfent d'appuyer fur cette preuve négative.

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Nous trouvons dans les Hiftoriens Efpagnols de l'Amerique, Herrera, &c. (a) le détail des navigations de Fr. d'Oulloa, & de Fernand de Alarçon dans le Golphe de Californie, & ces navigations donnent la preuve que c'eft un veritable Golphe, & non un détroit. Fr. d'Oulloa envoyé en 15.39. par Cortés pour découvrir la côte Occidentale de l'Amerique entra dans le Golphe de Californie, & s'étant avancé jufqu'au 30o. degré, il trouva que les deux rivages s'approchoient fi fort, qu'on les pouvoit appercevoir tous deux du milieu du canal. Ayant continué fa route au Nord-Ouest l'espace de 54. lieües, il s'apperçut que la mer commençoit à changer de couleur & à blanchir preuve que le fond diminuoit. Ayant continué de naviger encore huit lieües, il trouva que le fond dimi

nuoit

(a) Voyez en l'extrait dans l'Amerique de Laet imprimé en 1640. VI. ch. 12.

muoit de plus en plus, en forte que G. DE la mer n'avoit plus que cinq braffes L.IS.L.E. de profondeur, & il ne crut pas devoir s'engager dans ces bas fonds. Il obferva que la marée couroit avec beaucoup de rapidité au Nord-Oueft pendant fix heures, & qu'elle revenoit au bout de ce temps avec la même rapidité. Cette obfervation lui ayant fait foupçonner qu'il ne devoit pas être loin de l'extrêmité du Golphe, il monta au haut du mât avec le Pilote, & reconnut la verité de fa conjecture. Il découvroit de-là la terre de tous côtez, & voyoit diftinctement le fond du Golphe terminé par une côte platte, & fi baffe que Fon ne pouvoit s'appercevoir que l'on n'en fut extrêmement proche.. Cette obfervation jointe au danger des bas fonds le détermina à s'en

retourner:

L'année fuivante 1540. Fernand de Alarçon fut envoyé dans ce même Golphe avec ordre de pénétrer enco re plus avant que n'avoit fait Oulloa.. Etant arrivé jufqu'aux baffes, où ce dernier s'étoit arrêté, il avança jufqu'au fond du Golphe, rifquant plus Tome X.. Part. II.

D

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