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l'an 1669. La fageffe de fon gouvernement, la fainteté de fes mœurs, fa vie & fes travaux apoftoliques lui avoient acquis la vénération & la confiance des Catholiques & même le refpect des proteftans. Les affociés d'Oates ne manquerent pas d'envelopper ce digne prélat dans leurs accufations; & ils dépoferent qu'il travailloit à lever la prétendue armée de foixante-dix mille Irlandois qui devoient maffacrer tous les proteftans. Cette accufation ne pouvoit trouver aucune créance dans un pays où la conduite de l'archevêque étoit parfaitement connue. Auffi ceux qui dirigeoient -les opérations de cette cabale ne purent-ils point exécuter leurs deffeins fur lui en Irlande. Afin donc de réaliser davantage l'idée de la prétendue confpiration, dont la croyance diminuoit tous les jours dans l'esprit de tout le monde, ils le firent tranfporter [de la tour de Dublin, où on l'avoit enfermé,] en Angleterre, où, fan's lui accorder le tems néceffaire pour faire venir les témoins & les dépositions dont il -avoit befoin pour fa juftification, il fur condamné à mort, & exécuté le premier Juillet 1681. Ceux qui dépoferent contre lui, étoient trois fcélérats fententiés en Irlande; & quatre prêtres & religieux d'une vie scandaleuse, dont il s'étoit attiré la haine par fon zele à reprendre leurs défordres. Le comte d'Effex, chancelier d'Irlande, & tous les proteftans qui le connoiffoient, furent indignés de l'arrêt de mort prononcé contre un prélat, qui paffoit dans l'efprit des Catholiques pour un faint digne des premiers fiecles de l'Eglife.

LII. Les prote ftans coupa

réelle.

La nation ouvrit enfin les yeux fur la fauffeté d'une confpiration, dont tant de perfonnes innocentes avoient été les victimes. On commença à regarder avec horreur les fcélé- bles d'une rats, qui dans la vue de faire fortune, avoient foutenu avec conjuration ferment de fi noires impoftures. Milord Shaftsbury, qui avoit conduit tout ce myftere d'iniquité, voyant que cette prétendue confpiration ne pouvoit plus fervir à exclure le duc d'Yorck de la fucceffion à la couronne, prit le parti d'abandonner Oates & fes affociés. Quelque tems après, Oates fut mis en prifon & condamné à une amende très

LIII. Charles II. meurt après

avoir renoncé au fchifme &

à l'héréfie.

confidérable. Il fut dans la fuite convaincu de parjure, & condamné au pilori & à une prifon perpétuelle: mais la révolution qui arriva dans le même tems, le tira des mains de la juftice, & le délivra du fupplice que méritoient tant de

crimes.

Les ennemis du duc d'Yorck voyant le peu de fuccès qu'avoient eu leurs entreprises, formerent une véritable confpiration au lieu de l'imaginaire qu'ils avoient imputée aux Catholiques. Leur plan étoit d'ôter la vie au roi, & d'établir une feconde fois l'état républicain fur les ruines de la monarchie. Les principaux chefs de cette conjuration compofée de proteftans & de presbytériens, étoient le duc de Monmouth fils naturel du roi, les lords Shaftsbury Gray, Effex, Ruffel, &c. Le jour où l'on devoit prendre les armes, fut fixé au 19 de Novembre 1682; mais le bruit s'en étant répandu, le comte de Shaftsbury s'enfuit en Hollande, où il mourut fix femaines après. Le duc de Monmouth & les autres conjurés n'abandonnerent point le projet. Les mefures étoient prifes pour affaffiner le roi & le duc d'Yorck; mais ces deux princes furent délivrés par une protection particuliere de la providence. La conjuration fut découverte & tout le parti diffipé. Plufieurs des confédérés furent arrêtés & mis à mort, entre autres milord Ruffel, qui avoit fait répandre le fang de tant de Catholiques, & furtout celui de milord Stafford contre qui il avoit conçu la haine la plus injufte. Milord Effex prévint la juftice en fe tuant lui-même dans la tour de Londres où il étoit enfermé. Le duc de Monmouth vint déclarer toutes les circonstances de la confpiration, & trouva une ressource dans la clémence du roi.

Charles II. tomba malade au commencement de Février 1685. Le duc d'Yorck fon frere le voyant en danger, lui propofa de déclarer ouvertement les difpofitions où il étoit depuis long-tems à l'égard de la religion catholique, & d'avoir recours au miniftere de l'Eglife. Le roi reçut la propofition avec joie, mais en même-tems il fit fentir à quel danger fon frere s'expofoit. Le duc le raffura, & lui dit que

quand il lui en couteroit la vie, il lui procureroit le miniftere d'un prêtre. Etant forti auffi-tôt, la providence permit qu'il rencontra le P. Huddleston bénédictin, le même qui avoit contribué à fauver la vie du roi après la bataille de Vorceftre, lorfque ce prince demeura caché toute une nuit dans le creux d'un arbre. Ce bénédictin fut introduit chez le roi, & il lui procura, autant que les circonftances le purent permettre, tous les fecours que l'Eglife peut donner à fes enfans. Le roi reçut les facremens avec de grands fentimens de pénitence. Le duc d'Yorck voulut que le comte de Bath, premier gentilhomme de la chambre, & le comte de Fevershaam, capitaine des gardes, tous deux proteftans, affiftaffent à toute la cérémonie, pour rendre témoignage dans la fuite des véritables fentimens du roi. Charles II. mourut le lendemain 16 Février 1685. Après fa mort on trouva dans fon cabinet deux papiers écrits de fa main, dans lesquels il prouve que l'église catholique eft la feule véritable.

LIV.

Religion.

Le duc d'Yorck fon frere fut auffi-tôt proclamé roi fous le nom de Jacques II. Son avénement à la couronne répandit, Regne de Jacques II. la joie parmi les Catholiques & parmi ceux des proteftans Imprudences qui étoient attachés à la maison royale. Dès fes premieres de ce prince années, ce prince s'étoit vu enveloppé dans les malheurs de funettes à la Charles I. fon pere. Etant tombé entre les mains des rebelles, il avoit trouvé moyen, après deux ans de captivité, de paffer en France auprès de la reine fa mere, qui étoit fœur de Louis XIII. Il y demeura jufqu'au rétablissement de fon frere Charles II. Él fit plufieurs campagnes fous le maréchal de Turenne, & montra toujours beaucoup de valeur. Etant retourné en Angleterré après le rétablissement inefpéré de fon frere, il fe fit aimer & refpecter de tout le monde. Le roi lui confia le commandement de la flote en qualité de grand amiral, & le duc remporta fur les Hollandois deux vi&toires fignalées. Mais il perdit bien-tôt l'affection des Anglois, qui s'apperçurent qu'il penfoit à changer de religion. Son féjour en France & l'éducation que lui avoit donnée la reine fa mere, avoient jetté d'heureufes femences dans fon cœur.

La converfion de la ducheffe d'Yorck fa premiere femme, augmenta beaucoup les foupçons qu'on avoit conçus contre lui. Dès-lors on commença à chercher les moyens de l'empêcher de parvenir à la couronne. Les plaintes que l'on faifoit contre lui, ne l'empêcherent pas d'époufer en fecondes-nôces (en 1673) une princeffe catholique, Marie d'Est de Modene. Le roi fon frere s'étant cru obligé de céder aux menaces des factieux, & de l'éloigner de la cour, le fit paffer à Bruxelles & enfuite en Ecoffe. Mais quand il vit fon autorité affez affermie, il le rappella à Londres, & lui fit rendre tous les honneurs dûs à l'héritier de la couronne.

Dès que ce prince fut monté fur le trône, on vit de nouveaux troubles dans tout le royaume. Le comte d'Argile fit une defcente en Ecoffe au mois de Mai 1685, & peu après, le duc de Monmouth arriva en Angleterre, où il eut la hardieffe de mettre à prix la tête du roi, & de le déclarer rébelle à l'état. Ces deux chefs ayant été pris, furent condamnés à perdre la tête, ce qui fut exécuté. Ainfi périt le duc de Monmouth, qui à caufe de fa rare beauté & de fes fréquentes révoltes, s'étoit fait donner le nom d'Abfalom d'Angleterre. Le roi croyant fon autorité bien affermie, voulut faire éclater fon zele pour la religion catholique. Mais il donna malheureusement toute fa confiance aux jéfuites, & à quelques traîtres, qui pour le perdre plus sûrement, faifoient femblant d'avoir abandonne la religion anglicane. L'imprudence de Jacques II. le précipita bien-tôt lui-même & tout royaume, dans des malheurs dont les fuites fubfiftent encore aujourd'hui. On ne voyoit dans le palais que des prêtres & des religieux. Les jéfuites établirent un collège à Londres, dans un palais que le roi leur avoit cédé. Ce prince donna féance dans fon confeil au P. Petre jéfuite, fon confeffeur. Il se hâta d'envoyer avec beaucoup d'appareil, un ambassadeur à Rome, qui entre autres chofes, étoit chargé de folliciter un chapeau de cardinal, &, comme on l'affuroit, l'archevêché d'Yorck pour le P. Petre. Le pape Innocent XI. fut choqué de ces demandes, & avertit ce prince, que s'il ne modéroit fon zele, il renverferoit la religion ca

le

tholique

tholique en Angleterre. Voulant même montrer combien il approuvoit peu les imprudences du roi, il perfifta toujours à refufer une audience publique à fon ambassadeur. Ce trait fait affurément beaucoup d'honneur à Innocent XI. Les rois de France & d'Espagne, & les chefs du clergé catholique d'Angleterre, fe joignirent à ce pape pour engager le roi Jacques à fe conduire avec plus de fageffe & de prudence: mais il n'écoutoit que les jéfuites dont il étoit environné, & fur-tout fon confeffeur, qui ne ceffoit de l'obséder & de l'exciter aux partis les plus violens. Il y étoit encore pouffé par le comte de Sunderland qu'il avoit établi préfident du confeil privé. Ce fourbe, après avoir fait abjuration des erreurs des proteftans, affectoit un grand zele la religion catholique. Il alloit fouvent à confeffe au P. Pepour tre, & abufoit de la confiance du roi pour accélérer fa perte. Les ennemis fecrets de ce prince profitoient de tout pour alarmer le peuple par la crainte de voir bien-tôt le maître de l'églife d'Angleterre. Ils étoient d'intelligence avec le prince d'Orange, qui ayant épousé une fille du roi Jacques II. (par fa premiere femme) méditoit depuis longtems les moyens de faire paffer fur fa tête la couronne d'Angleterre.

pape

Cependant la reine devint enceinte de fon cinquieme enfant: les quatre premiers étoient morts peu après leur naiffance. Le 20 Juin 1688, naquit le prince de Galles. Comme lesfactieux vouloient obfcurcir cet événement, & publioient que c'étoit un enfant fuppofé, le roi conftata juridiquement la naiffancé de ce prince par le témoignage de quarante témoins des plus dignes de foi qui y avoient affifté. Le roi Jacques récevoit de tous côtés des avis fur le deffein que méditoit le prince d'Orange. Louis XIV. l'en inftruifit dans un grand détail : mais le comte de Sunderland trouvoit toujours moyen de le raffurer. Enfin il n'y eut plus lieu de douter, lorfque le 10 Octobre 1688, le prince d'Orange publia à la Haie une déclaration qui renfermoit en vingt-fix articles, tous les griefs de la nation Angloise contre le roi. Il ajoutoit que c'étoit dans le deffein d'y remédier par la teTome XIII.

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